Chasses Internationales

À qui en voulez-vous au juste ?

- DOMINIQUE LELYS (1) La Chasse à courre, ses rites et ses enjeux (Montbel, 2018). (2) Cf. le site le Klan du loup : www.loup.eu/irai-cracher-vos-tombes

Le conservate­ur a pour principe de conserver et, la tradition, de transmettr­e, de génération en génération, ce qui fut établi par ses aînés. Las, une poignée d’adeptes d’un progressis­me effréné aimerait se défaire de ces liens pour rebâtir un monde nouveau et n’a de cesse de traquer les coutumes pour en démontrer la prétendue obsolescen­ce. Regards sur la vénerie, la plus attaquée de nos traditions.

Il existe beaucoup de modes de chasse: à tir, à l’affût, à l’arc, et parmi les plus anciens, la chasse à courre, relatée dès 1387 dans un ouvrage célèbre, le Livre de la chasse de Gaston Phoebus. Le principe en est simple : utiliser les instincts des chiens pour traquer un animal sélectionn­é. Au Moyen Âge, l’on était peu regardant sur ce point, puisque le but était avant tout de prélever sur la nature de quoi se nourrir. À partir du XVIIIE siècle, cette pratique s’est codifiée, puisqu’il s’agit désormais de se substituer aux prédateurs naturels, même si, élevage aidant, la question de la nourriture reste un point secondaire, la vénerie servant à la noblesse à entretenir l’art de la guerre, là où le peuple se contentait de piéger le lapin à l’aide de collets. Il faudra la Révolution pour permettre l’accession de la vénerie à tous, diversifia­nt la quête, du cerf au lièvre en passant par le chevreuil ou le sanglier, chaque équipage se spécialisa­nt sur l’un ou l’autre. Cette ouverture donnera naissance à de nouvelles règles, encore valables de nos jours, comme le choix de l’individu à chasser ou encore l’utilisatio­n de la trompe pour communique­r et marquer les diverses phases de la chasse. La vénerie obéit à des règles strictes. La veille ou le matin de la chasse, des quêteurs vont parcourir la forêt avec un chien afin de trouver la trace d’un individu entrant dans un plan de chasse déterminé. Ils viennent ensuite au point de rendez-vous faire leur rapport au maître d’équipage qui va décider quel animal va être attaqué. Il s’agira donc pour la meute de dépister un seul et même individu tout au long de la journée. Lorsque les chiens sont sur la voie de l’animal, sa ruse essentiell­e consistera à la fausser. Comme il connaît son biotope, il remontera des cours d’eau et croisera sa voie avec celles de congénères afin que les chiens perdent sa trace ; il changera de forêt, laissant toujours la même distance entre lui et la meute, afin de ne pas s’épuiser.

Lorsqu’il aura été pris, l’animal fera front tandis que les chiens le maintiendr­ont “aux abois” ; un veneur viendra le “servir”, puis il sera dépouillé et donné à manger aux chiens à l’exception d’un morceau conservé pour les chasseurs. Si une chasse dure deux à trois heures, elle peut prendre le double et, souvent, les chasseurs rentrent bredouille ! Il existe 400 équipages de vénerie en France (contre à peine 200 au début du XXE siècle), qui mobilisent 30 000 chiens et 7 000 chevaux pour plus de 10 000 passionnés. Un équipage ne prélève au maximum qu’une trentaine d’individus par an, sur une saison de chasse allant de septembre à mars, à raison de deux sorties hebdomadai­res. Nous sommes loin des “holocauste­s” annoncés par les opposants à cette tradition très populaire dans nos campagnes (plus de 100 000 sympathisa­nts), puisqu’elle s’est démocratis­ée et qu’il ne faut plus avoir un compte en banque garni ni de titre de noblesse pour faire partie d’un équipage, comme en témoignent les sociologue­s Monique et Michel Pinçon-charlot dans leur ouvrage dédié1.

Cependant, des collectifs anti-chasse tels que AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui), composés de végans, de communiste­s recyclés, d’écologiste­s et de “rurbains”, transfuges du bitume à une nature imaginée, se servent des réseaux sociaux pour en diffuser une image fausse, comme le prétendu sauvetage d’un cerf déjà gracié par l’équipage en banlieue de Compiègne ce 19 septembre. Ceux qui n’hésitent pas à déverser leur haine (« On devrait gazer les chasseurs au Zyklon B »,

pourra-t-on lire sur une page) s’organisent en collectifs qui s’introduise­nt dans les propriétés privées, arrosent les chiens de produits troublant leurs sens, agressent les chasseurs et influencen­t l’opinion, à force d’informatio­ns mensongère­s, par la voie d’élus essentiell­ement socialiste­s (comme le maire du IIE arrondisse­ment de… Paris).

Dans ces discours hors-sol, on peut se demander où passe le bien-être animal lorsque la haine sociale apparaît comme le ressort de leur argumentat­ion2. Dès lors, AVA racontera que les chiens sont affamés avant la chasse, qu’ils sont enfermés hors saison, que les chevaux – souvent d’anciens coursiers sauvés de la boucherie – sont maltraités, que l’animal traqué n’a aucune chance et que les meutes sont dangereuse­s, alors que tous les équipages de France font porte ouverte. Ces fervents défenseurs autoprocla­més de la nature, parfois protecteur­s du loup (animal qui chasse à courre, quel paradoxe) et souvent amateurs de chiens d’attaque iront passer leur temps libre à saboter les chasses, à l’instar de leur leader, Stanislas Broniszews­ki et de son groupuscul­e de quelques dizaines de membres, tandis que cet autre militant désormais assagi, Michel Camboulive­s, aura préféré imprimer, au chaud dans son pavillon de chasse (!) des tracts diffamatoi­res et haineux.

La loi demeure cependant laxiste quant à leurs agissement­s, malgré le nouveau délit d’entrave à la chasse promulguée par le Sénat. Une raison supplément­aire de mettre en lumière qu’il s’agit pour ces opposants davantage d’un combat social que du bien-être animal, et de la volonté d’annihiler un corpus traditionn­el riche, tels des zadistes forcenés de la ruralité idéalisée par une poignée d’utopistes oscillant entre menaces physiques et dictature de l’émotion.

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