PORTRAIT DE CHEVAL
Monty de Will Z - Poulain solidaire et future crack de saut d’obstacles
Dès qu’il est né, je l’ai trouvé mignon, avec beaucoup de charme, il dégageait déjà quelque chose », affirme la propriétaire de l’élevage de Will. Monty de Will Z est né le 11 avril d’un croisement entre Marlou des Etisses, l’étalon de l’élevage, un selle français, et Carla de Will, une jument holsteiner de 4 ans, par Casall. L’éleveuse, qui préfère rester anonyme, croise régulièrement son étalon avec de l’holsteiner et espère tirer les atouts de chaque parent. La puissance, la force et le bon tempérament de Marlou des Etisses couplés à une jument respectueuse et sanguine font, selon elle, de bons chevaux de sport. L’holsteiner apporte l’esthétisme. « Monty a pris la petite tête de l’holsteiner, il est adorable mais aussi gentil, curieux, sociable », notet-elle. Il cherche le contact, ce qui n’est pas le cas de tous les poulains. Le cheval est le premier poulain de Carla de Will et son éleveuse le destinait, comme les dix-huit autres chevaux nés à Clairmarais dans le Pasde-Calais cette année, à une carrière de cheval de sport. Mais avant de devenir – qui sait – un as des terrains de concours, Monty de Will a contribué à soutenir les centres équestres après le confinement et la crise de la Covid-19. Alors que le petit n’a que quelques jours, sa propriétaire réfléchit à un moyen d’aider les chevaux de club. « Tout passionné de chevaux a débuté sur un gentil cheval qui lui a tout pardonné, souvent c’était un cheval de club », raconte-t-elle. Elle a l’idée de vendre un poulain au profit de la cagnotte « Cavalier solidaire » lancée par la FFE. C’est ainsi qu’elle la contacte fin avril pour lui soumettre l’idée, « qu’on a adorée ! », ajoute la fédération. L’éleveuse nordiste se met également en relation avec les Fences, l’agence de ventes aux enchères, pour organiser la vente en ligne. Pour communiquer, elle choisit deux parrains de marque pour le futur poulain solidaire : Simon Delestre, cavalier d’obstacles anciennement numéro 1 mondial, et Kamel Boudra, journaliste spécialisé sur le monde équestre. Les deux hommes doivent alors choisir entre deux poulains – dont Monty – sur photos, sans connaitre les origines des équidés. « Le choix des deux poulains s’est vite imposé », raconte
Pré-sélectionné par l’élevage de Will, Monty a été choisi par deux parrains de renom, le champion de CSO Simon Delestre et l’animateur Kamel Boudra, pour être vendu au profit des centres équestres, suite à la crise sanitaire et économique. Portrait d’un futur cheval d’obstacles.
l’éleveuse qui laisse ensuite le soin aux deux parrains de trancher. « On a reçu des photos et vidéos des deux poulains, j’ai trouvé ça généreux que l’élevage nous laisse choisir », note Kamel Boudra. Après réflexion et discussions, leur choix s’arrête sur Monty de Will.
8 000 euros pour les centres équestres
Le poulain, dont le prix de départ était de zéro euro, est finalement vendu pour 8 000 € mi-juin. « C’est une très belle somme », note la FFE qui a, dans les semaines suivantes, redistribué l’argent aux clubs dans le besoin. Son acquéreur s’appelle Bruno Rivière et élève des selles français en Charente-Maritime depuis 15 ans. L’homme de 63 ans pense à la bonne action, bien sûr, mais souhaitait aussi acheter un fils de Marlou des Etisses, pour son fils Alexis, 25 ans, cavalier professionnel de saut d’obstacles. « L’action solidaire c’était bien, confie l’éleveur, et on est content que ce soit un fils de Marlou car c’est un cheval qui a de la taille et de la puissance, c’est tout ce qu’on recherche » avant d’ajouter, « on espère qu’il suide vra le même chemin que son père ». La propriétaire de l’élevage de Will souligne, elle, son charisme et sa volonté de bien faire. Sans compter qu’en grandissant, il montre des choses prometteuses. « Il est encore jeune, note l’éleveuse, mais il a de très jolies allures, un bel équilibre quand il galope et une belle énergie. »
Graine de champion
Cette énergie, il l’a héritée de sa mère, Carla de Will, « une boule d’énergie avec beaucoup de respect, une bonne élève, régulière sur les barres ». La propriétaire de l’élevage de Will - qui existe depuis 2003 - s’intéresse à l’holsteiner dès 2014, après avoir assisté à la performance de Casall au Global Champion Tour de Chantilly. Accompagnée de l’allemande Silvia Nilsson, elle visite des élevages en Allemagne. Elle tombe sur Carla de Will, « un coup coeur », qu’elle décide d’acheter. Plus tard, elle se rend compte que « Marlou croise bien avec de l’étranger ». À l’âge de deux ans et demi, Carla de Will montre de belles choses et l’année suivante, elle tente un croisement entre ses deux chevaux. Monty satisfait ses espérances, et plus encore ! « Quand je le vois, ça me donne envie de refaire ce croisement », confie-t-elle. S’il est encore trop tôt pour savoir si Monty suivra les traces de son père, la propriétaire de l’élevage de Will sait déjà que le poulain a pris son bon caractère, comme une bonne partie de ses frères et soeurs. « Les retours que j’ai de ces chevaux c’est qu’ils sont sympas, ne sont pas récalcitrants et ont le caractère qu’il faut pour sauter » L’étalon, aujourd’hui âgé de 20 ans, a produit près de 212 poulains entre 2006 et 2019, d’après les chiffres de l’IFCE. Parmi eux notamment, Uccello de Will, 12 ans, qui évolue sous la selle du parrain de Monty, Simon Delestre, depuis 2018. Le couple s’est classé premier à Grimaud en août 2020 sur l’épreuve CSI4* à 1,45 m et troisième sur celle à 1,50 m.
Parcours à suivre
Autre indice qui ne trompe pas, le Z qui suit le nom de Monty de Will indique son inscription au studbook Zangersheide. Cette lettre est déjà un gage de qualité puisque le studbook est dédié aux chevaux de saut d’obstacles. « L’idéal serait que ce soit un crack, admet Alexis Rivière, on fera en sorte d’en tirer le meilleur. » Alors que Monty prend 6 mois en octobre, il devrait bientôt être sevré et rejoindre sa nouvelle famille en Charente-Maritime.
Il y rejoindra les deux poulains de l’élevage nés cette année avec lesquels il pourra s’amuser avant le débourrage, « dans trois ans environ », estime Bruno Rivière. Le père et son fils sont des habitués du débourrage dont ils s’occupent pour les chevaux qui naissent à l’élevage mais aussi pour ceux qu’ils achètent, vers l’âge de 3 ans. Les chevaux avec lesquels Alexis Rivière tournent en compétition - à 1,45 m - ont d’ailleurs été débourrés par leurs soins. « J’espère qu’il m’emmènera encore plus haut que là où je suis actuellement », déclare l’homme de 25 ans. « Tous les espoirs sont permis ! », conclut l’éleveuse. Une chose est sûre, sa naisseuse et ses parrains suivront ses aventures de près. Kamel Boudra se projette déjà. « Peut-être qu’un jour Simon le montera et que moi je le commenterai », sourit le journaliste. Grâce au geste de solidarité de son éleveuse, l’histoire de Monty de Will est de toute façon déjà belle. Et mérite d’être suivie !
Le poulain, dont le prix de départ était de zéro euro, est finalement vendu pour 8 000 euros.