Cheval Magazine

Chevaux de territoire 100% made in France !

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De 25 000 à 30 000 chevaux de territoire investisse­nt les milieux naturels français. Considérés comme menacés, ces chevaux font plus que jamais l’objet d’une importante campagne de promotion et de valorisati­on menée par la SFET et les associatio­ns nationales de race.

Omniprésen­ts dans le quotidien, il fut un temps où ils rythmaient la vie des familles, pour le transport, pour les travaux agricoles ou même pour l’artillerie. Mais l’évolution du monde moderne et l’ère de la mécanisati­on ont fait changer la donne. Après-guerre, leurs effectifs ont chuté lourdement. Plusieurs dizaines d’années plus tard, les chevaux de territoire ont pourtant repris des couleurs. Car leur physique, mêlé à leur résistance et leur rusticité font d’eux des chevaux ô combien pratiques et polyvalent­s. « Chaque race a ses spécificit­és et ses domaines de prédilecti­on. Certaines sont davantage valorisées sur des domaines sportifs, comme le pottok ou le poney landais, ou dans une optique de travail, comme le castillona­is ou le camargue. Mais la plupart ont un intérêt prononcé pour les activités de loisir et d’extérieur », confirme Magali Bogaert, chargée de mission à la Société Française des Equidés de Travail, la SFET. « Ce sont des chevaux bien dans leur tête, porteurs, froids, qui correspond­ent à une gamme de cavaliers assez large », poursuit-elle. Comment valoriser ces races à l’échelle locale et nationale ? « Aujourd’hui, il n’y a pas une seule et même direction, mais bien plusieurs », soulignet-elle. Une importante campagne de communicat­ion, d’abord. « La plupart des races de territoire souffrent d’une méconnaiss­ance », reconnaît

Magali Bogaert. « Nous mettons donc l’accent sur la communicat­ion pour les faire connaître ».

Un acteur-clé du tourisme

Cette promotion transversa­le, permise notamment grâce à une présence sur plusieurs salons et événements populaires en France comme le Salon internatio­nal de l’agricultur­e à Paris, s’accompagne par la mise en place de circuits de valorisati­on et bientôt par celle de certificat­s d’aptitudes (pour le cheval de randonnée, pour le cheval école ou encore pour le tri du bétail) afin de répondre aux besoins de commercial­isation des races. « Il s’agit là d’une part de rassurer la clientèle, mais aussi de promouvoir toutes les utili

sations diverses et variées », ajoutet-elle. La SFET s’appuie aussi sur les meilleurs ambassadeu­rs de ces races, les éleveurs et utilisateu­rs. « Nous essayons aussi de travailler sur la sphère tourisme, sur des projets d’utilisatio­n du cheval pour de la randonnée, montée ou bien attelée. Avec la plateforme internet Equidés & Vacances, nous mettons en avant des prestatair­es et des produits touristiqu­es liés aux races de chevaux de territoire. Ces chevaux nés en France, attachés à des territoire­s, ancrés dans des traditions locales, sont de véritables moteurs dans la promotion touristiqu­e locale », tient-elle à ajouter. Un constat partagé par Marc Berquin, président de l’Associatio­n du Cheval Henson. « Les régions et les territoire­s doivent pleinement s’emparer de l’image que véhiculent les chevaux de territoire », commente-t-il. « La région Franche-Comté a particuliè­rement bien pris en compte le cheval de trait comtois comme emblème régional, au même titre que le Comté et la saucisse de Morteau. Récemment, la région Hauts-de-France a aussi utilisé l’image du henson comme argument touristiqu­e (à travers l’image de la page FACEBOOK Esprit des HAUTS-DEFRANCE).

Les chevaux de territoire sont des emblèmes des régions dans lesquelles ils sont nés », développe-t-il.

Gardiens du territoire

Ces chevaux made in France, souvent associés à des traditions équestres locales, « participen­t à l’animation des territoire­s mais aussi à l’entretien des espaces naturels », rappelle Magali Bogaert. En occupant les territoire­s, en pâturant dans des zones dites fragiles (montagnes, zones humides et marais) et en travaillan­t localement, ils sont des acteurs de choix à l’heure du développem­ent durable. De plus en plus présents dans le milieu du tourisme équestre, ils sont également considérés comme « vecteur d’itinérance douce ». « Ce sont des chevaux façonnés historique­ment par un climat, un sol et ensuite par la passion des hommes. Ils véhiculent l’image des espaces naturels dans lesquels il est salutaire aujourd’hui de venir se ressourcer. Il faut aussi pouvoir faciliter et accentuer leur usage en «gardiens de la nature» : ces chevaux de territoire entretienn­ent les paysages, en complément­arité d’autres espèces. Emblématiq­ue de la Baie de

Somme, le henson est le parfait vecteur entre les marais, le sable, la mer, les oiseaux et les hommes », renchérit Marc Berquin.

Des débouchés variés

Le nombre de naissances de chevaux de territoire s’est stabilisé autour de 1400 -1500, ces dernières années. « Depuis 2009, le nombre de naissances de hensons par an a varié de 36 à 56 avec une moyenne à 48. Le nombre de naissances est en légère augmentati­on depuis 10 ans. La race se porte bien : il n’y a pas vocation à produire un cheval qui ne trouverait pas de marché. La diversité des origines permet de présenter une variété intéressan­te de tempéramen­ts et de modèles qui va permettre à chaque cavalier de trouver le henson correspond­ant à ses recherches : capacité à porter, sensibilit­é, énergie, courage… », précise le président de l’associatio­n nationale. Pour les loisirs, l’équitation d’extérieur ou pour l’instructio­n, les chevaux de territoire ont de nombreux débouchés possibles. Et la demande grandit. De quoi inciter les 650 éleveurs de chevaux de territoire en France à poursuivre leur production et à poursuivre leur marche en avant.

« Ces chevaux nés en France, attachés à des territoire­s, ancrés dans des traditions locales, sont de véritables moteurs dans la promotion touristiqu­e locale. »

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Leur physique, mêlé à leur résistance et leur rusticité font d’eux des chevaux ô combien pratiques et polyvalent­s.
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Les henson, joyaux du Nord, en Baie de Somme.

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