Et si c’était le cheval qui murmurait à nos oreilles ?

… nos sens sont incapables ni de l’entendre, encore moins de l’écouter et sûrement pas de le comprendre !

Et si vous commenciez par les regarder :

au box quand le loquet s’anime, vient-il vers vous où se réfugie-t-il près de l’abreuvoir (en panne depuis 24 h),

le pansage provoque-t-il des réactions diverses et douloureuses au lieu du doux massage qu’il est présumé être ?

prendre les pieds nécessite-t-il la musculature d’Arnold Schwarzenegger ?

au montoir faut-il s’appeler Mario Luraschi pour s’asseoir sur un animal fébrile et impatient d’en découdre ?

Une fois en selle, l’absence de l’allure du pas remplacée par un trottinement ou mieux un « tölt » fébrile ne devrait-il pas éveiller en vous une certaine interrogation ?

Et si un trot diagonalisé survient par hasard ou par miracle le fait se retrouver toujours sur le même diagonal n’est-il pas signe d’une évidente dissymétrie ? Un galop raide, piqué et désuni, vous a convaincu d’appeler au secours le véto, le maréchal, l’ostéo, le rebouteux et un marabout angolais réputé. Assis devant votre box en attendant l’arrivée de l’équipe soignante, vous avez revu une image fugace, celle de votre premier prof, celui qui disait parfois un peu trop fort : « Assis ! Agis, résiste et surtout cède ! Ton corps, pas ta main ! Ton cheval sur la main pas sur tes mains ! Déverrouille et laisse descendre le capot ! » Alors, annulant tous vos rendez-vous, vous avez décidé de regarder votre cheval pour mieux le comprendre, d’améliorer votre assiette pour mieux le sentir et de cesser de le bloquer avec vos mains pour qu’il se serve, enfin, de son dos donc de tout son corps. Transformé morphologiquement et se sentant bien dans sa tête, votre cheval devenu beau s’est approché de vous puis, câlin et apaisé, vous a murmuré à l’oreille sa fierté de vous avoir comme ... cavalier(e).