Sophie Dubourg « Aujourd’hui la place des femmes est faite »
DEPUIS 2013, ELLE OCCUPE LE POSTE DE DIRECTRICE TECHNIQUE NATIONALE DE LA FFE, CE QUI FAIT D’ELLE UNE OBSERVATRICE PRIVILÉGIÉE DU HAUT NIVEAU DANS TOUTES LES DISCIPLINES.
Cheval Magazine : Que faut-il entendre par haut niveau ? Et quelle place aujourd’hui y tiennent les femmes ? SD :
Le haut niveau, pour moi, désigne les équipes de toutes catégories d’âge (de 11 à 64 ans, ndlr) et toutes disciplines que l’on prépare pour un championnat international, c’est-à-dire de dimension européenne ou mondiale. En équitation, nous avons 13 disciplines ayant un championnat européen, dont 11 ont également un championnat mondial. Le nombre de femmes athlètes me semble être le même qu’auparavant, l’augmentation est plus sensible parmi les jeunes c’est sûr. Maintenant on sait mieux identifier pourquoi les jeunes athlètes ne franchissent pas le monde des seniors. Un séminaire est prévu mi-novembre sur l’accompagnement des cavalières vers le haut niveau. Du côté de l’encadrement, on observe une féminisation importante
sans que cela soit encore la parité absolue. En deux olympiades, soit huit ans, on voit de plus en plus de femmes, cheffes d’équipe, vétérinaires, maréchales.
CM : Pour quelles raisons les jeunes cavalières de haut niveau en juniors, jeunes cav, disparaissent chez les seniors ?
SD
: En arrivant comme première DTN femme au sein d’une fédération olympique, j’ai pensé naïvement que c’était dû à un manque de confiance des partenaires, de la structure professionnelle qui les entoure, à un manque de confiance d’ellesmêmes. Pour avoir observé, accompagné, interrogé, et organisé des séminaires sur la façon d’accompagner nos jeunes, je m’aperçois que ce phénomène est dû à des choix de vie mûris et réfléchis. Nous avons quelques jeunes filles et femmes talentueuses que l’on a bien accompagnées puisqu’il y a un championnat d’Europe tous les ans, ce qui rythme le cycle sportif, mais qui, en fin d’années de poneys, de Juniors, voire en première année de jeunes cav, décident d’arrêter. Celles-ci nous expliquent droit dans les yeux qu’elles vont privilégier un cycle universitaire et qu’elles reviendront peut-être à l’équitation. Elles aspirent à un autre parcours de vie. Il y a moins de femmes mais elles sont très bien organisées et très présentes.
CM : Dans la féminisation du haut niveau observe-t-on des disparités selon les disciplines ?
SD
: Oui en CSO le plateau international compte peu de femmes, elles sont plus nombreuses en complet, davantage en dressage et en endurance. En revanche, en attelage, pour des questions culturelles essentiellement, leur présence est symbolique. On a cru que cela était imputable à la force physique requise par cette discipline or, lorsque l’on observe le n°1 français Benjamin Aillaud, celui-ci déploie une technique de menage davantage artistique que basée sur le physique et la puissance.
CM : Les cavalières, appréhendentelles différemment leur relation au cheval dans la performance ? SD :
Pour ce qui est de la relation avec le cheval et le staff sincèrement non. Femme, homme, c’est égal. Pour réussir à très haut niveau, il faut une véritable force intérieure. En revanche, on observe une différence dans la façon de s’entourer et de s’organiser. Les femmes développent une dimension plus affective que les hommes quant à leur entourage proche, familial ou amical, y compris avec le groom ou le vétérinaire.
CM : Finalement en équitation la femme et le haut niveau, est-ce un sujet ? SD :
Absolument pas ! Il n’y a ni stigmatisation, ni inquiétude, aujourd’hui la place des femmes est faite. Il n’y a pas de frustration ! Il faut que les motivations intrinsèques soient là, et c’est ce à quoi on est le plus confronté.
« Du côté de l’encadrement, on observe une féminisation importante sans que cela soit encore la parité absolue. En deux olympiades, soit huit ans, on voit de plus en plus de femmes, cheffes d’équipe, vétérinaires, maréchales. »