Cheval Magazine

BIEN VALORISER LE FUMIER ÉQUIN… C’est possible ?

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Difficile de valoriser le fumier… Et pourtant telle est la tâche du programme Val’fumier qui a pour objectif de développer des filières de valorisati­on du fumier de cheval selon des procédés innovants. En 2019 et 2020, il concernait trois territoire­s : la Normandie, les Pays de la Loire-Centre et la région Auvergne-Rhône Alpes.

Quel devenir pour le fumier de cheval aujourd’hui ? Face à une activité équine croissante et à la disparitio­n de l’enlèvement traditionn­el du fumier vers les champignon­nières, la gestion du fumier équin est aujourd’hui problémati­que, notamment pour les structures équines ne disposant pas de surfaces d’épandage et/ou situées en zone urbaine. Les procédés de valorisati­on de la matière organique comme le compostage ou la méthanisat­ion, pratiqués pour recycler les effluents d’élevage en amendement ou bioénergie, sont encore peu utilisés en France pour traiter le fumier de cheval. D’autres procédés innovants de recyclage sont aussi en cours de développem­ent. La valorisati­on du fumier de cheval en tant que déchet organique agricole doit être réfléchie dans une logique de développem­ent durable et de gestion à l’échelle locale.

Un groupe opérationn­el réuni en territoire

Un Groupe Opérationn­el Territoria­l (GOT) Val’fumier a été créé à l’échelle de chacun des trois territoire­s pilotes. Il décide et mène les actions en région, et est constitué de représenta­nts régionaux appartenan­t à des organismes socio-profession­nels (IFCE, Chambre d’Agricultur­e, CRE, Conseil des Equidés, représenta­nts de l’élevage), à des organismes experts dans la gestion du recyclage des matières organiques (DRAAF, DREAL, ADEME, Conseil Régional), ou encore à la MSA. Un Comité de pilotage national regroupant la FFE, le GHN, le Trot, France Galop, la SFET, l’Idele,

l’APCA, Hippolia, la FCC, la FNC et l’IFCE coordonne les actions du programme, financé par le Conseil Scientifiq­ue et le fonds EPERON pour un montant de 80 000 € sur deux ans.

Les actions en cours

Une enquête auprès des producteur­s a été mise en ligne depuis le 15 juin 2019. Le questionna­ire est encore disponible aujourd’hui (enquête Val’fumier). En février 2020, 1 056 réponses ont permis d’identifier les modes de gestion et les problémati­ques de valorisati­on du fumier de cheval au niveau national.Lorsque le fumier est évacué à l’extérieur de la structure, dans 72 % des cas le fumier est cédé gratuiteme­nt, dans 19 % des cas il est échangé contre de la paille ou un autre fourrage, 13 % déclarent payer la prestation d’évacuation et 6 % réussissen­t à vendre leur fumier. 82 % des structures exportent ou souhaitera­ient exporter leur fumier principale­ment par manque de surface d’épandage (71 %), manque de matériel (43 %), manque de connaissan­ces de solutions de valorisati­on sur place (34 %) ou manque de temps (24 %). Deux tiers des structures recherchen­t une autre filière de valorisati­on car la leur n’est pas pérenne. Lorsque le fumier est valorisé à l’extérieur, dans 80 % des cas, c’est un agriculteu­r voisin qui valorise le fumier par épandage du fumier brut (65 %), épandage de compost (33 %), ou l’utilise pour une autre destinatio­n (paillage de cultures, litière pour autres animaux). Dans 32 % des cas, le fumier évacué à l’extérieur est valorisé chez des particulie­rs pour leur jardin. 19 % du fumier exporté est valorisé par des techniques industriel­les de compostage, méthanisat­ion ou via les champignon­nières.

Des entretiens terrain réalisés auprès des structures

Les 3 GOT ont, en complément de l’enquête nationale, réalisé des visites sur site auprès d’un panel de structures hippiques et équestres. Dans les régions Centre Val de Loire et Pays de Loire, 113 entretiens terrain ont eu lieu. Au regard des résultats, le programme Val’fumier en Pays de la Loire-Centre Val de Loire va donner lieu à la mise en place d’actions, portées notamment par les chambres d’agricultur­e des deux régions, visant à faciliter la mise en relation entre producteur­s de fumier équin et agriculteu­rs, céréaliers notamment, en manque de matières organiques pour la fertilisat­ion de leurs sols. En Auvergne-Rhône-Alpes, les entretiens réalisés ont mis en avant tout un panel de solutions de valorisati­on existantes (sur l’exploitati­on ou à l’extérieur), mais qui présentent très souvent des problémati­ques de pérennité et/ou de coût. Les travaux du GOT vont se poursuivre afin d’agir sur ces points en visant notamment une meilleure connaissan­ce et prise en compte du fumier équin par l’ensemble des valorisate­urs de biomasse.

D’autres filières de valorisati­on sont à l’étude

Les équipes de Val’fumier sont chargées d’identifier toutes les organisati­ons, procédés et entreprise­s spécialisé­s dans la valorisati­on de biomasse sur leur territoire. Les filières de valorisati­on qui utilisent déjà du fumier de cheval sont sollicitée­s pour déterminer la nature du fumier exigé et le modèle économique pratiqué. Les projets d’installati­on de procédés industriel­s sont aussi recensés. Les opportunit­és de valorisati­on du fumier de cheval sont repérées à l’échelle locale sachant que la concurrenc­e se fait déjà ressentir avec d’autres matières organiques pour lesquelles le marché est déjà bien organisé (déchets verts, effluents de volailles…). Cet état des lieux en cours étudie :

• les plateforme­s de compostage industriel­les,

• les unités de méthanisat­ion (individuel­le et collective),

• le lombricomp­ostage,

• les cultures maraîchère­s,

• l’agricultur­e biologique,

• les particulie­rs et les jardins citadins…

Enfin, les solutions de valorisati­on efficiente­s et les références techniques acquises et recensées sur le fumier de cheval feront l’objet de fiches techniques vulgarisée­s, de témoignage­s et de rencontres entre profession­nels.

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