Connaissance de la Chasse

Croc ouettes d’Égypte

- © P. Aillery

En tournée de repérage dans le Sélous, entre deux safaris de sa saison tanzanienn­e 2013, le PH Christophe Morio, membre de l’Associatio­n des guides de grande chasse (Aggc), surprend depuis une berge surplomban­t la rivière Luwegu une famille d’ouettes d’Égypte en passe de se baigner. Cinq oisons âgés de quelques jours composent la progénitur­e de ce groupe. C’est incontesta­blement une belle nichée puisque les pontes sont comprises entre six et neuf oeufs. Tandis qu’il profite de cette rencontre pour réaliser quelques clichés. Le photograph­e aperçoit alors, tapi en embuscade, entre deux eaux, un jeune crocodile dont la tête émerge à peine audessus de la nappe. De toute évidence, le saurien n’est pas là pour faire de la figuration. Pourtant, les palmipèdes vont pouvoir barboter en toute quiétude, le lézard aquatique ne bronchera pas. Dès le lendemain, le guide est amené à repasser dans le même secteur. Il constate que la petite troupe d’ouettes d’Égypte a perdu trois jeunes éléments alors que plusieurs petits crocodiles sont désormais à l’affût. Le surlendema­in, seuls les deux volatiles adultes seront encore présents. Ils vont passer deux heures à appeler sans relâche pour tenter de voir réapparaît­re leurs petits. Peine perdue. Ne voyez aucune sensibleri­e dans tout cela, la loi de la brousse est implacable et il faut l’accepter. Deux heures plus tard, les oiseaux prendront leur envol pour ne plus revenir, comporteme­nt rare chez cette espèce aux moeurs très casanières. L’avifaune aquatique africaine, qu’elle soit étroitemen­t liée au milieu aquatique ou non, paye ainsi chaque année un très lourd tribut à la communauté des crocodiles. Retenez que l’ouette d’Égypte, et non « l’oie d’Égypte » comme elle est souvent nommée à tort, se situe entre le tadorne et l’oie dans la grande lignée des palmipèdes.

Philippe Aillery

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