Avant que la foudre ne s’abatte
« C’est au Québec, en périphérie de Victoriaville (entre les villes de Québec et Montréal), que j’ai eu en octobre dernier l’opportunité de réaliser ce cliché. J’accompagnais pour l’occasion un groupe de chasseurs locaux, venus tout spécialement profiter des prémices de la migration automnale des grandes oies des neiges. Chasseur moimême, mais aussi passionné d’images animalières, je ne me sépare jamais de mon matériel photographique. Aussi ai-je fait le choix, après avoir prélevé quelques palmipèdes, d’essayer d’immortaliser certains d’entre eux. Caché dans un champ de maïs, à l’ordre du guide, je me suis levé en même temps que les tireurs. C’est ainsi que j’ai eu la chance de figer cet immaculé anatidé, juste avant qu’il ne soit foudroyé par la gerbe de grenaille. » Jean-Christophe Taillefer
Cette image est en quelque sorte la suite des clichés parus le mois dernier (Photo chocs, page 12-13), alors que nous évoquions le comportement étonnant de l’oiseau lorsqu’il se sait hors de portée du plomb. Toujours est-il que chaque année, courant octobre, ce sont près de 1 400 000 grandes oies des neiges qui entament une migration les menant des zones de nidification de l’ile de Bylot (archipel arctique canadien), jusqu’en Caroline du Sud. Le long de ces 5 000 km, elles sont en effet la convoitise de nombreux chasseurs canadiens et étasuniens, mais aussi de quelques étrangers désireux de prélever quelques-uns de ces anatidés endémiques au continent nord-américain. En ce qui concerne ce cliché, toutes les conditions étaient réunies pour qu’il soit réussi. Déjà la météo, l’oiseau blanc se détachant parfaitement sur le ciel bleu. D’autre part, l’utilisation de grenaille d’acier (obligatoire au Canada) de fort diamètre qui brille parfaitement sous les rayons du soleil. Et enfin, la technique du photographe, qui a judicieusement utilisé une vitesse d’obturation rapide pour figer l’ensemble. On ne le répétera jamais assez, un bon cliché est certes le fruit d’une maîtrise totale du matériel et des connaissances photographiques, mais aussi d’une part non négligeable de chance. Gérard Hagenet