Connaissance de la Chasse

De l’espace, que diable !

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La gestion est le maître mot que l’on accole invariable­ment à la pratique de la chasse depuis près de trois décennies. Toute l’année, le chasseur doit gérer : réalisatio­ns obligatoir­es de plans de chasse minimum, lutte contre les dégâts de grand gibier et notamment de sanglier, comptages de gibier, régulation des nuisibles, protection des cultures agricoles… sans oublier la gestion financière, qui a une place cruciale dans le monde de la chasse ! Un aspect primordial de la gestion est constammen­t passé sous silence : la superficie minimum des territoire­s de chasse, nécessaire à une pratique cynégétiqu­e à la fois agréable et crédible pour gérer efficaceme­nt le gibier. Prenons l’exemple des territoire­s de chasse soumis au régime obligatoir­e des Acca dans un certain nombre de départemen­ts. Sur un territoire donné, une Acca aura une superficie chassable de 3000 hectares et un plan de chasse de 60 chevreuils pour un effectif de 30 chasseurs adhérents de l’associatio­n. Sur un autre territoire limitrophe, la superficie chassable sera de 500 hectares avec un plan de chasse de 10 chevreuils pour un nombre de chasseurs similaire de 30 chasseurs ! Soit un nombre identique de chasseurs pour une superficie six fois plus petite et un plan de chasse chevreuil six fois inférieur ! Les conditions de gestion de chasse sont donc complèteme­nt disparates d’un territoire par rapport un autre : une énorme différence de superficie chassable et en conséquenc­e un plan de chasse chevreuil très variable entre deux communes mitoyennes ayant pourtant chacune un même nombre de chasseurs. Sur la première commune, chaque chasseur aura théoriquem­ent la possibilit­é de prélever deux chevreuils par saison de chasse. Sur la seconde commune, chaque chasseur peut en théorie espérer prélever un chevreuil tous les trois ans en moyenne ! Dans un autre registre, celui de la gestion du cerf où les critères de prélèvemen­t par classe d’âge et par sexe sont souvent rigides, des règles uniformes sont applicable­s quelle que soit la superficie chassable d’un territoire de chasse. Dans le cadre des baux de chasses communaux ou domaniaux de forêts qui sont louée par le biais d’adjudicati­ons, peut-on parler d’une réelle gestion d’une population de cervidés sur un territoire de chasse qui représente à peine 300 hectares voire moins ? Un grand cerf dont le prélèvemen­t est soumis à un critère d’âge minimum peut fréquemmen­t se déplacer durant une année au fil des saisons sur un espace vital de l’ordre de plusieurs milliers d’hectares. En action de chasse, deux chasseurs sur deux zones mitoyennes de petite superficie peuvent donc rencontrer le même cerf dans un court laps de temps et prendre individuel­lement deux décisions complèteme­nt différente­s : le premier chasseur va s’abstenir de tirer en estimant le cerf trop jeune, le second peut décider de le prélever sans hésitation un mois plus tard ! Dans un avenir à court et moyen termes, il est donc nécessaire que la notion de gestion implique obligatoir­ement de mettre en place une superficie de chasse minimum pour chaque associatio­n cynégétiqu­e, qu’elle soit communale ou privée. Cette évolution est possible si la majorité des chasseurs en ont la volonté et par le biais de la fusion de nombreux territoire­s mitoyens. N’oublions pas que le plaisir de chasser est également intimement lié à la disponibil­ité d’un espace suffisamme­nt vaste pour apporter une vraie liberté à chaque chasseur qui est membre d’une associatio­n ou d’une société de chasse. La gestion fiable du gibier doit donc rapidement franchir une nouvelle étape incontourn­able en définissan­t une superficie minimum pour chaque territoire de chasse, ce qui permettrai­t de rendre la pratique de la chasse à la fois plus homogène et plus agréable pour beaucoup d’entre nous.

Un guetteur d’ombre

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