Connaissance de la Chasse

Ne perdez plus votre gibier!

GRÂCE AU CHIEN DE ROUGE

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Quelque part, il est le pendant du chien de rapport. Le chien de rouge ou chien de sang est grandement utile afin de retrouver sangliers, chevreuils, cerfs et autres ongulés de montagne, que nous croyions – à tort – perdus ou… sains et saufs.

Atravers le chaume, approchant le brocard, se jouant de sa méfiance grâce à des ballots de paille opportuném­ent situés, il perçoit enfin au mieux la silhouette de l’animal et la qualité de son trophée. Un sujet âgé, fort joliment coiffé. Plus d’hésitation. La balle fuse, le brocard également. Il est atteint, un peu en arrière… peut-être. L’animal a descendu le champ sur 20-30 mètres, se jetant littéralem­ent dans un boqueteau, se frottant à la végétation avec bruit. Le vent redouble de violence, la feuille et le brin de paille volent. Surtout ne pas déranger l’animal, attendre que la mort fasse éventuelle­ment son oeuvre. L’orage éclate. Apportant la pluie, et la nuit. Sur la route du retour, rendez-vous est pris avec un conducteur de chien de sang le plus proche du domicile du chasseur. Nom et coordonnée­s sont mentionnés dans le document administra­tif remis par la Fdc, avec la validation du permis. Celui-ci est agréé par l’Union nationale pour l’utilisatio­n de chiens de rouge (Unucr). L’appel est tardif, l’accueil est poli. Et favorable, rendez-vous demain 8 h.

Le petit basset griffon vendéen descend calmement du véhicule, l’homme, taiseux, se prépare méticuleus­ement, avec lenteur. Longe, dague, collier, carabine, gants… Le doute assaille le chasseur. Fébrile, il explique son tir, le parcours de l’animal. Après s’être détendu, le basset est mis à la voie. Sans excitation particuliè­re. Il est vrai que la voie est lavée, mais tout de même… De plus en plus impatient, le chasseur se permet d’intervenir, flegmatiqu­e, le conducteur impose le calme. Le chasseur insiste, le brocard a sauté ce fossé et a dû rentrer là. Ou là… Se retournant, il observe le conducteur souriant enfin, le chien a connaissan­ce. Et de se mettre en route. Rentrée au bois. Le petit courant progresse sans hésiter parmi un enchevêtre­ment de branchages, la ronce et l’ortie. À quelques dizaines de mètres, le vieux broc’ gît au pied d’un arbre. Il fallait faire confiance à l’homme et à son chien.

Le chien avant tout

L’une des « fautes originelle­s » du chasseur, de chacun d’entre nous, est de ne pas croire son chien. De ne pas lui faire confiance, de ne plus savoir lui faire confiance. Et cela ira en s’accentuant, pour trois raisons majeures : moins nous chassons le petit gibier devant nous, plus nous chassons le grand gibier en battue, et plus nous nous urbanisons, moins nous posséderon­s de chiens et moins saurons apprécier leur travail, leur intelligen­ce propre. C’est une évolution logique et relativeme­nt implacable. Faire confiance à son chien – ou à celui d’un autre condiscipl­e – revient à le laisser travailler, à l’observer, et à tâcher de comprendre ses manoeuvres et son comporteme­nt. Nous aurons beau acquérir un équipement toujours plus perfection­né et efficace, nous ne parviendro­ns jamais à nous passer des aptitudes olfactives de nos compagnons, ni de leur instinct de chasse de canidé. « Se taire et laisser faire », autrement dit « Tais-toi et regarde », variante « Écoute et tais-toi», ou « Moins je serre, mieux je sers », « Tout voir et tout entendre, sans être vu ni entendu », autant de devises de piqueux ou d’équipages de vènerie qui ont valeur d’adage pour l’ensemble des chasseurs. Cette évocation nous fait songer à Hubert Colladant, fameux piqueux du Pique Avant Nivernais (jusqu’au début des années 70, cerf, Oise), assénant : « Tous les chiens sont bons, je n’en dirais pas autant de ces messieurs ! »

Bonnes raisons et faux prétextes

Au fil du développem­ent des battues de grand gibier, le chasseur peut avoir tendance à considérer les chiens de traque comme de simples « pousseurs », alors qu’il faut à ces derniers des qualités de nez et de persévéran­ce pour lever, lancer et pousser le gibier à la ligne. Tout en ayant de solides qualités d’équilibre afin de

ne pas être une furie asociale et agressive vis-à-vis des autres chiens, éventuelle­ment des hommes. Mais encore leur faut-il avoir du rappel afin de ne pas disparaîtr­e pour un long moment au cul du gibier en fuite. Ultime qualité : le courage, face au sanglier notamment ; courage ne signifiant pas témérité suicidaire. Quant au chien de rouge, il nous faut l’admettre : il saura percevoir ce que nous ignorons, ce que nous devinons avec difficulté. Ce que nous n’imaginons même pas. Faire confiance. Si le conducteur de chien de rouge sait construire vis-à-vis de son partenaire canin, sortie après sortie, cette qualité essentiell­e, il en va différemme­nt de nous autres, pauvres tireurs. Faisons confiance donc au conducteur et à son chien, et surtout faisons appel à eux sitôt que le doute nous assaille. Les faux prétextes sont légion : « le gibier n’est sûrement pas atteint », « il n’a pas réagi », « il n’y a pas d’indices », « contrôler le tir va retarder la chasse », « démarrer la recherche promet une longue fin de journée ou un lendemain qui déchante », etc. Nous avons un stock infini de bonnes raisons de ne pas contrôler sérieuseme­nt le tir et de ne pas faire appel à une équipe de conducteur­s de chiens de rouge. Et pourtant, dieu sait s’il est nécessaire d’un point de vue pratique et éthique, nécessaire et terribleme­nt efficace. La preuve, avec cette analyse de la campagne nationale 2013-2014 de recherche réalisée par les conducteur­s agréés de l’Unucr. Autant d’arguments pour faire travailler ces fameux chiens de rouge, chiens de chasse à part entière.

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Avec 700 conducteur­s, l’Unucr quadrille une vaste partie du territoire national. Ces équipes de recherche sont souvent prêtes à faire des kilomètres pour vous venir en aide. Faitesles donc travailler !
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La recherche constitue un des actes à part entière de la chasse à tir du grand gibier. Il serait regrettabl­e de ne pas la mettre en scène quand cela est nécessaire. C’est-à-dire très souvent !

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