De souche pure à 99,99 %, Adn à l’appui
Les difficultés de gestion de la perdrix rouge dans l’Hexagone, sa raréfaction dans de nombreux territoires, certaines légendes urbaines aussi, révoquent en doute le caractère naturel des oiseaux tirés, en grand nombre, dans de telles battues. Ce n’est un secret pour personne : des centaines de milliers d’oiseaux sont envoyés chaque année depuis plusieurs élevages (français) réputés, vers l’Espagne. Juan-José affirme cependant que tous les perdreaux tirés sur ce territoire sont naturels et de souche pure à 99,99 %, études Adn à l’appui. Plusieurs arguments militent en ce sens. En premier lieu, la présence au tableau de nombreuses vieilles perdrix, au croupion barré de noir caractéristique, et d’oiseaux dépassant les 600 grammes, donc au moins dans leur quatrième année. Également, les plumages brillants, l’absence totale de signes de dégénérescence et l’agrainage exclusif au blé. Argument économique : la multiplicité des aménagements, le soin jaloux apporté à la protection des compagnies, à leur assurer le gîte et le couvert, à bannir les pesticides et la plupart des engrais, témoignent d’une volonté de maintenir sur le territoire une excellente capacité d’accueil et de reproduction. Des efforts que ne justifierait pas, à cette échelle, le simple hébergement provisoire d’oiseaux de tir ou de lâcher.
Deux oiseaux à l’hectare en moyenne
Il ne faut pas perdre de vue que dans la Mancha, les conditions climatiques favorisent la multiplication des perdrix. La ponte intervient ici dès le 1er avril, et le nombre de jeunes par poule atteint 10 à 12, avec peu de pertes après éclosion. Le climat sec et le sol drainant limitent encore les épidémies et les maladies parasitaires. Bref, toutes les conditions sont réunies pour conserver une bonne souche vivace et prolifique. Selon Juan-José, seule la facilité et l’exiguïté (relative) de certains territoires leur a fait abandonner la voie de l’effort pour recourir au gibier d’élevage, dans un but très mercantile qu’il réfute. Ici le territoire est immense et aucune portion n’y est chassée en battue plus d’une fois par an. Que conclure quand le doute interpelle, en présence de tableaux disparus (ou même inconnus) dans l’Hexagone depuis bien longtemps ? Des tableaux d’avant le remembrement, d’avant les produits phytosanitaires, et de l’époque où le gibier était considéré en France comme une vraie ressource naturelle. Anachronique, sans doute, mais pas forcément utopique si la volonté s’en mêle ? Les densités ne sont d’ailleurs pas pléthoriques : deux oiseaux à l’hectare en moyenne, ce qui demeure raisonnable et compatible avec une gestion naturelle. Il est vrai que lorsque l’on bat en une seule journée plus de 2 500 hectares, ramasser 600 à 800 oiseaux reste envisageable avec de telles densités. La puissance des perdrix de Villahermosa, la vélocité et la longueur de leur vol, leur méfiance vis-à-vis de l’homme leur valent, en toute hypothèse et sans restriction, la qualification de gibier sauvage. La passion de Juan-José, son enthousiasme et son investissement total pour la rouge de la Mancha emportent finalement notre conviction : chez lui, la perdrix c’est naturel !