Dormez, braves cerfs…
La fin de l’été se caractérise notamment par le pullulement de moustiques, particulièrement dans les forêts humides du Danemark. Concentré sur le rut, le cerf n’en a cure. Mieux encore, il recherche un peu de cette humidité et de la fraîcheur en allant à la souille, comme le prouvent d’ailleurs les plaques de boue séchée qui maculent le pelage de cet animal. Celui-ci, estimable mâle, se repose – debout – des excès du brame. Les biches fécondables étant saillies, les concurrents étant momentanément éloignés de la clairière, ce maître de place peut s’assoupir un bref instant. Las, un peu amaigri, le grand cerf ne prête aucune attention au passager clandestin qui s’est hissé sur son arrière-train. Animal aussi sombre qu’est clair son cimier. Il s’agit d’un corvidé que nous observons davantage aux abords des clochers des églises, des hauts et anciens bâtiments, mais encore des grands platanes les bordant. Son cri est reconnaissable, sa silhouette ne l’est pas toujours car nous pouvons le confondre avec la corneille ou le corbeau freux. Il s’agit de Corvus monedula, autrement dit le choucas des tours (espèce protégée par ailleurs). Certes, ce cerf est une cathédrale mais que fait donc là cet oiseau noir de jais ? Il picore tout simplement les abondants moustiques voletant ou se posant sur le grand cervidé. Le débarrassant des parasites piqueurs, le volatile rend ainsi un service appréciable à l’ongulé. Dans la brousse africaine, ce type d’association mammifères-oiseau est bien connu notamment chez l’éléphant, le buffle, l’hippopotame. Ne rêvons pas pour autant, la nature n’est pas idyllique. Un autre corvidé, le geai des chênes, saura parfaitement trahir le même cerf ou le sanglier en marche, lançant des cris perçants auxquels le chasseur sera attentif. Non, la nature n’est ni bonne, ni mauvaise, elle est, tout simplement.