Le tournoi des cimes
Dans le massif du Beaufortain (Savoie), à la limite supérieure de la forêt, entre les mois d’avril et mai, Gérard Vaglio, photographe amateur et lecteur fidèle de Connaissance de la Chasse, ne manque pas une occasion d’aller épier et immortaliser les parades nuptiales des tétras-lyres. Saisir de pareilles scènes n’est pas donné à tout le monde. Le chasseur d’images nous explique : « Pour cette série, j’ai profité de l’annonce de prévisions météorologiques excellentes sur plusieurs jours pour partir, raquettes aux pieds et sac lourdement chargé, en fin d’après-midi, vers un site de ma connaissance. Sur zone, de multiples indices de présence me confirment que les oiseaux étaient là le matin même. J’installe donc mon affût en prenant soin de ne pas empiéter sur le territoire d’expression. Je passe ainsi la nuit, par près de -10°C, emmitouflé dans mon sac de couchage. C’est le calme absolu, bercé simplement par le murmure d’un torrent en contrebas. Alors que les étoiles s’éteignent une à une et qu’un coin de ciel rougeoie, je perçois les premiers trilles d’un merle à plastron, l’heure du rendez-vous approche. Soudain, des battements d’ailes lourds et rapides me parviennent. Les petits tétras sont là, posés. Après un temps d’observation, les vieux coqs ouvrent la parade. Lyre déployée, caroncule rouge vif gonflée ; après quelques chuintements entrecoupés de roucoulements s’ensuivent claquements d’ailes, sauts et vols courts. Puis, c’est tête abaissée au ras du sol, ailes entrouvertes, tournant sur eux-mêmes, qu’ils se déplacent par petites enjambées saccadées pour provoquer un rival et l’évincer par le combat. Les combats entre rivaux sont fréquents et deviennent particulièrement violents en présence des poules. Les coqs les plus âgés se trouvent toujours au centre de l’arène et repoussent systématiquement les plus jeunes en périphérie. »