Palombes les pins
SOUS LES AIGUILLES, LA TABLE
qu’une bonne semaine plus tard que nous prenons la route des Landes et plus précisément de la charmante petite commune de Losse, située entre Mont-de-Marsan et Marmande, où résident notre hôte et plusieurs de ses amis. Chemin faisant, nous croisons les doigts pour que des palombes y passent. Et sur ce fait, nous sommes immédiatement rassurés à notre arrivée par nos camarades. Mais avant de rejoindre l’installation, le lendemain, il faut manger, faire bombance. Il ne peut pas en être autrement en Aquitaine. L’hospitalité n’est ici pas un vain mot et elle passe immanquablement par la table. Dans la région du gras, de la garbure, des cèpes et des précieux nectars, il vaut mieux avoir un estomac. La nuit qui suit n’est pas trop longue pour digérer.
Appelants à la lampe frontale
C’est dans l’obscurité la plus totale que nous rejoignons, en compagnie de Jean-Luc et de son compère Bernard, la palombière implantée au coeur d’une vaste pinède du secteur de Bourriot-Bergonce. Sur place, nous retrouvons à la lueur de lampes frontales Jean-Michel, Alain et son fils Pierre. Les salutations sont rapides. Nous aurons tout loisir de faire plus ample connaissance dans un moment. Pour l’instant, il importe de sortir les « barres » et de répartir la cinquantaine d’appelants à leur place. Tout est parfaitement rodé, et chacun sait ce qu’il a à faire. Délicatement, Jean-Luc charge sa polaire de paisibles Bleus de Gascogne. Poches et intérieur de blouson gonflent au fur et à mesure de leur enfournage. Aussi vite, les oiseaux sont transportés, fixés aux palettes par leurs « pattières », et hissés entre 25 et 30 m d’altitude parmi les pins maritimes. Ils passeront la journée làhaut. Chacun d’eux est identifié par un numéro ou un nom. Rien n’est fait au hasard. Ces colombidés jouent tous un rôle particulier dans l’attelage. En dernier lieu, une petite dizaine de pigeons ramiers, les fameuses « palombes », sont délicatement mises en scène par les paloumayres. Elles occupent des postes stratégiques et sont l’objet de tous les égards. Ces derniers alliés positionnés, nous intégrons la cabane, le centre névralgique de la chasse. À cet instant, la lune commence à céder doucement sa place aux premiers rayons du soleil. Aussitôt, le jeune Pierre, du haut de ses 15 ans, grimpe les quelques marches qui le séparent de la tour de vigie et s’assoit aux commandes. Tout autour de lui, fixées sur un cadre de bois, des dizaines de poignées de cordelettes noires sont prêtes à être actionnées. Elles sont les ombilics qui le relient à l’orchestre en canopée. L’adolescent va ainsi, trois jours durant, du lever au coucher du soleil, nous épater par son assiduité et sa passion. Jamais il n’abandonnera sa position, même pour déjeuner. JeanLuc, le « chef de cabane », entreprend de son côté de préparer un café. Jean-Michel termine quant à lui de nourrir et d’abreuver les « piocs », ces palombes retenues captives en