Maître héron sur un hippo perché
Nous avons déjà eu l’occasion d’écrire récemment combien la faune sauvage de la zone du lac Mburo (sud-ouest de l’Ouganda), commercialisé en France par l’agence Dannaud Safaris, nous est apparue d’une quiétude déconcertante lors de notre séjour de la fin avril 2015. Au registre des séquences les plus surprenantes La coopération entre animaux a toujours existé. Que ce soit sous l’eau avec en particulier, sous les océans, les gobies et les crevettes nettoyeuses au sein de véritable « stations de lavage », les labéos dans les fleuves africains… Ou à terre avec là encore de nombreux cas de mutualisme entre espèces. Et si l’on parle plus particulièrement du continent africain où a été pris ce cliché – au coeur des marais de l’Okavango –, chacun a connaissance des fameux garde-boeufs et autres pique-boeufs qui accompagnent nombre de bovidés. Véritables sentinelles mais aussi « déparasiteurs » très utiles, ces oiseaux évoluent à proximité d’animaux isolés ou en groupes, chacun y trouvant son compte. Et ce qu’il s’agisse de buffles, de girafes, d’antilopes… Dans le même registre, les pluvians d’Egypte, véritables casse-cous, sont eux tolérés et acceptés avec bienveillance par les redoutables sauriens que sont les crocodiles du Nil et ce afin de leur procurer des soins buccaux ! C’est peu dire ! Mais certains volatiles poussent encore plus loin leurs échanges de collaboration puisqu’ils proposent un véritable partenariat à l’homme, à l’instar des indicateurs qui en échange de miel indiquent aux coureurs de brousse, par leur chant et leur vol, l’emplacement d’une ruche sauvage. À noter qu’à défaut d’homme, un ratel, pourtant redoutable prédateur terrestre, sera lui aussi convié au festin ! Alors, sur cette photo, quelle collaboration peuvent retirer mutuellement nos deux compères ? Pour l’hippo, il n’y a rien à espérer en matière de déparasitage. Ce type de héron n’étant pas de ceux qui qui nous ont été données de vivre, celle présentée ici. Ainsi, alors que nous déambulons un matin à bord d’un véhicule à la recherche de scènes animalières à immortaliser, nous apercevons au loin une bande de phacochères agenouillés et affairés à se repaitre d’herbe. L’occasion est belle. Nous faisons stopper le 4×4 et tentons une le pratiquent. Reste l’avertissement d’un danger que peut lui apporter l’oiseau par un envol subit accompagné de cris d’alerte. Et encore… Car un hippo adulte à l’eau n’a pas grand-chose à craindre, qui plus est lorsque, comme ici, il se trouve dans un endroit suffisamment profond et éloigné de la berge. Alors ? Bonté du cheval du fleuve alors même que l’oiseau serait dans la possibilité d’harponner de nombreux « déparasiteurs » aquatiques utiles au mammifère ? Difficile de le dire. Pour le héron, il en va tout autrement. Cet hippo est en effet une aubaine. Il l’éloigne de la rive et lui permet ainsi de pécher en eau plus profonde tel un véritable ponton flottant. En outre, il le protège, y compris des crocodiles, des prédateurs potentiels qui pourraient sévir dans les hautes herbes de la rive et surtout, il va lui permettre après avoir déféqué et disséminé à l’aide de sa queue ses excréments, d’avoir accès à un véritable garde-manger constitué d’une multitude de poissons fourrages, trop heureux de profiter d’un pareil festin végétal !
Olivier Buttin