Complètement folles
Fin connaisseur des moeurs de la faune sauvage en général, le photographe berrichon Gérald Soligny, collaborateur de Connaissance de la Chasse, admet avoir un faible pour les cervidés, petits et grands. C’est dans un massif ouvert du département du Loir-et-Cher qu’il a surpris cette scène. Il nous raconte : « Lors de cette matinée de brame, l’excitation était à son comble. Le cerf présenté ici avait, dans la demi-heure qui précéda, tenté de saillir une biche, mais sans succès. C’est alors qu’une autre biche a décidé de lui montrer comment s’y prendre (théorie fumeuse qui m’amuse beaucoup et reste mienne). Très souvent, j’ai observé des biches et faons qui grimpaient sur d’autres congénères mais jamais je n’avais vu une biche mimer une saillie complète jusqu’à la chandelle, action caractéristique du cerf à la fin de l’accouplement. Quelques minutes plus tard, le cerf “14” de mon image a finalement obtenu les faveurs de la biche démonstrative. » Encore une scène qu’il fallait savoir saisir au bon instant. Le fait, pour les biches, de simuler l’accouplement témoigne de leur réceptivité du moment face au cerf. C’est au moins le cas de l’animal qui se laisse « monter » et si l’on en croit le photographe, ce l’était aussi pour sa congénère dominante. Rappelons que la biche de type élaphe atteint sa maturité sexuelle entre 18 et 30 mois, voire plus, si elle n’a pas atteint une masse corporelle totale d’environ 60 kilos. La participation à la reproduction dépend des conditions de vie. Selon les cas, de 20 à 80 % de jeunes femelles et 80 à 95 % des biches adultes sont gestantes ou gravides. Simuler une saillie jusqu’à la « chandelle » n’est en effet pas chose commune. Ce mouvement du cerf, au terme de l’accouplement, lui permet notamment de se dégager.
Gérald Soligny et Philippe Aillery