Qui l’eût cru ?
Photographe animalier de renom et collaborateur régulier de la revue, notre ami Michael Breuer passe de longues heures en forêt à immortaliser les moeurs de la faune sauvage. Ainsi, nous raconte-il à propos de cette scène : « C’est en février, au plus froid de l’hiver, que j’avais décidé d’organiser un affût en bordure d’une trouée percée dans une sapinière. Ma première journée à cet endroit restait sans récompense. Mais le lendemain matin, des traces toutes fraîches dans la neige m’indiquaient que cette fois tous les espoirs étaient permis. Deux heures plus tard, un craquement faible trahissait l’arrivée d’un animal. Bientôt, je vis débarquer ce sanglier bien armé. Il s’avança rapidement à découvert, s’immobilisa un très court instant, puis reprit sa marche pour bientôt disparaître à nouveau sous couvert. Ma patience valait le coup. » C’est le moins que l’on puisse dire car, à y regarder de plus près, les amateurs de suidés s’apercevront que sous des apparences de mâle doté de bien belles défenses, ce sujet est en réalité une imposante laie. Le poil d’hiver dense ne permet pas de distinguer nettement les allaites, mais il n’empêcherait pas, en revanche, de repérer plus ou moins bien un pinceau pénien qui, de doute évidence, est ici absent. D’autre part, la tête allongée et rectiligne de l’animal conforte le fait que nous sommes en présence d’une femelle. Il y a fort à parier qu’en action de chasse, lors d’une battue notamment, alors que le gibier saute le plus souvent les allées à la course, un tel sujet soit tiré pour un mâle solitaire. Bien difficile, dans ce cas précis, de blâmer le tireur. Philippe Aillery