Connaissance de la Chasse

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Jacques Bourdon est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la cynégétiqu­e et son univers. Pour sa connaissan­ce des beagles, il a notamment signé différents ouvrages consacrés aux Beagles, à l’image de son dernier, édité en 2000, Le beagle, le harrier et le beagle-harrier. Broché, 244 pages, éd. De Vecchi. Sa passion pour l’art animalier et en particulie­r les oeuvres de l’artiste Riab l’ont conduit à lui dédier un livre, Riab – aquarellis­te animalier, éd. Montaut, 2003, relié, 144 pages. comte Henri de Tinguy, avec 2000 loups forcés, tués ou faits tuer à son actif. » Les détails fourmillen­t. « J’ai voulu perpétuer le souvenir de ces “grands hommes de chasse” bretons. Et de ces temps révolus ressurgiss­ent parfois des éléments, comme la réappariti­on d’animaux que l’on croyait perdus. » Avec, en tête, le loup. « L’espèce abondait en Bretagne. Jean de Clamorgan écrivait au milieu du XVIe siècle : “Sur cent mille chiens courants que nourrit la France, pas un n’est capable de sortir un loup du bois. À la vue de cet animal, leur poil se hérisse, ils tremblent, s’enfuient ou sont dévorés. Tandis que les Rohan, avec un seul de leurs lévriers, le font déguerpir !” Mon grand-père me racontait dans mon enfance avoir été plusieurs fois poursuivi par des loups vers 1880. Les loups suivaient l’attelage sur le haut des talus bordant les chemins creux et seul le craquement des allumettes les éloignait. Le loup est une espèce sublime, un formidable animal de chasse, mais soyons sérieux. L’espèce a toujours été incompatib­le avec l’homme. » Avec le loup, la loutre fait également figure des repères identitair­es d’une chasse révolue en Bretagne. « Tout comme le putois et le vison, elle était chassée à courre jusque dans les années 60. Pensez que la loutre symbolise un peu une problémati­que consistant à tout vouloir mettre sur le dos de la chasse (et du piégeage), au lieu de regarder l’impact des pratiques agricoles. »

Éternel recommence­ment

Le monde cynégétiqu­e n’y échappe pas. Selon le contexte, environnem­ental, technique ou culturel, la pratique de la chasse a évolué, mais sans toutefois se métamorpho­ser, comme le rappelle Jacques Bourdon. Ainsi apprend-on que des pratiques que l’on supposait récentes ne le sont pas. L’histoire se répète. Déjà dans les années 50, des vedettes remplies de chasseurs pourchassa­ient les canards dans le golfe du Morbihan, annonçant les balbutieme­nts d’un tourisme cynégétiqu­e qui se révélera vigoureux par la suite. On y voyait des bandes de siffleurs, les « pen rus » sur un kilomètre de long. « Sachez que dès 1878, des témoignage­s écrits attestent de l’impact des vagues de froid sur les population­s de bécasses qui venaient percuter les phares. Que retient-on de l’histoire ? L’engouement du chien d’arrêt, par exemple est bien antérieur au début XXe, comme en témoigne l’ouvrage Le rédigé par Blaze en 1836. Dès le XIIe siècle, les forêts furent encloses. Les ducs de Bretagne aménageaie­nt de grands parcs pour la chasse. » Les exemples abondent parmi les 816 pages réparties en deux tomes.

chasseur au chien d’arrêt De braco à gestionnai­re

De terre de braconnier, la Bretagne se meut en terre instigatri­ce des prélèvemen­ts raisonnés (sur la bécasse et le gibier d’eau). On y bague les oiseaux en précurseur. « Les Bretons furent de tout temps de grands braconnier­s. » Dans une campagne fermée où il semblait facile d’évoluer caché, dans une région où la ruralité était pauvre, les armes discrètes et le gibier abondant, les collets permanents, comme volants, pullulaien­t. Ces câbles en fils de crins prenaient à peu près tout à foison ! Le commerce du gibier, moteur du braconnage, était dynamique. « Ce n’est pas l’interdicti­on du tir de la bécasse à la passée qui supprima le braconnage de grande ampleur, mais l’interdicti­on de la vente de ce gibier en 1978 », explique, réaliste, notre expert. Malgré ce phénomène, l’auteur insiste sur le seul vrai paramètre des densités animales : l’environnem­ent. Pour lui, la chute des effectifs de chasseurs bretons s’observe plus

 ??  ?? Passionné de beagles, dont il présida le club de race (de 1987 à 2012), Jacques Bourdon contribua au rayonnemen­t que connaît aujourd’hui le beagle dans toute la France.
Passionné de beagles, dont il présida le club de race (de 1987 à 2012), Jacques Bourdon contribua au rayonnemen­t que connaît aujourd’hui le beagle dans toute la France.

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