Connaissance de la Chasse

Grande première à l’arbalète

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Pilier de la compagnie espagnole Mayo Oldiri, le guide français Hervé Houdebine passe une large partie de son temps en forêt équatorial­e camerounai­se. Et, chaque année, il ne manque pas de nous adresser un bilan de sa saison sous la canopée. Ainsi, il nous informe que la rareté des pluies, durant quatre mois, a compliqué la chasse à loisir. Il s’inquiète par ailleurs de la raréfactio­n des éléphants de forêt. Le reste de la faune semble en revanche bien se porter. Hervé nous raconte ensuite que le point d’orgue de sa campagne fut vécu en compagnie d’une équipe de tournage américaine de la superprodu­ction « Hunt Masters » venue pour filmer la chasse du bongo à l’arbalète, une première à sa connaissan­ce. Il raconte : « Un petit matin, nous prenons la route qui sépare Lokomo de Libongo. Cet axe est très fréquenté par les grumiers qui débutent leur journée très tôt. Je n’ai pas grand espoir de croiser la fameuse antilope par ici. Erreur, un pisteur annonce soudaineme­nt la présence de deux représenta­nts de l’espèce à 500 m devant nous. Malgré le brouillard habituel à cette heure-ci, nous parvenons à identifier un mâle correct. Aussitôt, les deux grosses caméras sont apprêtées, l’arbalète armée, les chiens portés dans les bras afin qu’ils ne se dispersent pas et nous démarrons en file indienne en direction des animaux. Bientôt, les bongos s’engouffren­t sous couvert. Il est à mon avis encore un peu tôt pour entamer la poursuite dans l’obscurité de la forêt. Nous tentons tout de même le coup en libérant la meute. Les limiers sont surexcités et le ferme ne tarde pas. Nous nous engageons à notre tour. C’est un peu la pagaille dans les rangs. Nos bongos sont ensemble, mais la luminosité fait défaut aux cameramen. Sans prévenir, le sujet désigné décide de nous fausser compagnie. Les chiens s’écartent devant le démarrage, les pisteurs grimpent aux arbres, et les chasseurs sont laissés sur place, hébétés. Le second bongo est toujours bloqué par les limiers les plus valeureux mais il ne nous intéresse pas. Soudain, des récris se font entendre au loin. Nous reconnaiss­ons la gorge de Brazza. Nous courons dans sa direction. Toute l’équipe de tournage parvient à suivre et se met en place. D’autres auxiliaire­s canins sont venus en renfort. Le fuyard est à nouveau figé et, par chance, la lumière est meilleure à cet endroit. Le chasseur, Gregg, attend de trouver le bon angle et le passage de son carreau à travers les branches. Le tir intervient. À l’impact, le bongo se contracte, baisse la tête et fonce dans un fracas de bois cassé. Il est touché. La meute le reprend très vite. Nous approchons à notre tour en silence et l’arbalétrie­r place un second carreau qui met fin définitive­ment au combat. Ce fut une chasse passionnan­te. Gregg est officielle­ment à ce jour le premier chasseur à prélever un bongo avec ce type d’arme. Une très belle expérience. »

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