Groupir !
Prospectant, en décembre 2015, en compagnie de Pierre Baudoux, l’un des copropriétaires du camp de la Bécassine, la zone de chasse de Podor à la recherche de mares receleuses de sarcelles d’été pour de futures volées, nous sommes restés ébahis par l’envol spectaculaire de milliers de combattants variés, ou chevaliers combattants, concentrés sur un plan d’eau perdu en pleine zone semidésertique. Par vagues successives, les limicoles se sont arrachés des vasières de pourtour et ont dessiné à faible altitude dans le ciel des arabesques faisant penser à l’oeuvre d’un peintre fou lançant en tous sens des coups de pinceaux sur une toile gigantesque. Après quelques secondes, les volatiles ont commencé à se calmer et à se reposer quelques dizaines de mètres plus loin. Nous avons alors marché à leur rencontre et nous sommes aperçus que de nombreux autres combattants étaient déjà rassemblés sur la plage. Impossible de dire combien d’individus étaient sur cette remise, mais sans aucun doute plusieurs milliers. Nous n’avons pas osé les déranger davantage et nous sommes retirés discrètement. Migrateurs au long-cours, les combattants variés se reproduisent de la Scandinavie et du Royaume-Uni au détroit de Béring, généralement au nord du 60° Nord, pour l’essentiel en Russie. Ils commencent à quitter les sites de nidification vers la mi-juillet et entament leur migration postnuptiale. L’essentiel des effectifs se retrouve alors en Afrique subsaharienne pour passer l’hiver. Le voyage de retour débute vers la mi-février. Elle concerne d’abord les mâles. Retenez pour conclure que de plus en plus de scientifiques et d’ornithologues estiment que l’espèce devrait être classée dans la famille des bécasseaux plutôt que dans celle des chevaliers. Philippe Aillery