Bat-l’eau rhénan

Fidèle parmi les fidèles de notre rubrique « Photos choc », le photographe et naturaliste germanique Michael Breuer a le don de se trouver régulièrement au bon moment et au bon endroit pour saisir des scènes animalières le plus souvent peu ordinaires. C’est ainsi qu’il nous livre ici un cliché réalisé au cours de l’été 2013 dans la réserve européenne de KühkopfKnoblochsaue, au sud du Land de Hesse, dans le centre-ouest de l’Allemagne. Le photographe raconte : « Le secteur où je me trouvais, à proximité du Rhin, était totalement en crue et les niveaux d’eau étaient particulièrement hauts. En témoigne le mirador qui figure sur mon cliché et devant lequel venait de passer quelques instants plutôt le brocard que l’on peut voir sur la droite. Déambulant sur la terre ferme, j’ai vu ce jour beaucoup de sangliers et plusieurs chevreuils qui nageaient en direction d’un barrage de protection des inondations situé relativement loin de là pour tenter de se sauver d’une noyade certaine. Le petit cervidé en présence est parvenu, au terme de très longs efforts, à retrouver la terre ferme. Il m’est apparu épuisé. Mais j’ai aussi croisé, lors de la même sortie, un certain nombre de cadavres de jeunes animaux qui, de toute évidence, n’ont pas eu la force d’atteindre l’autre rive. Je n’explique pas pourquoi toute cette faune s’est mise à l’eau. » Vision étrange et surréaliste que nous propose ici le photographe. De toute évidence, plusieurs mètres d’eau recouvrent la plaine et ceci, selon notre témoin, sur une immensité. Or, si les sangliers, et dans une moindre mesure les chevreuils, sont de bons nageurs, leur résistance dans l’élément liquide a ses limites. Dès lors, marcassins et chevrillards n’ont que peu de chance de s’en sortir s’ils doivent parcourir une longue distance. Michael Breuer, avec Philippe Aillery