Bonnes nouvelles
Souvenez-vous. Il y a quelques saisons, le lièvre brun faisait grise mine. Et puis, miracle, le capucin est revenu. Certes, l’animal a fait et fait un retour variable selon les régions et les territoires. Il n’empêche, ce gibier apporte généralement de bonnes nouvelles. À quelques perdrix grises et rouges naturelles près, le lièvre est « le » gibier sédentaire – et sauvage – de nos plaines. Le lagomorphe illustre également l’un des succès de la gestion des chasseurs, et pourtant il revient de loin. Remembrement et défrichement oblige, la plaine et le bocage lui concèdent toujours moins de couvert. La prédation multiplie les attaques de corneilles, pies, renards, rapaces diurnes, chats et chiens errants. Au bec, à la dent et à la serre, s’ajoute la route, toujours plus fréquentée, toujours plus meurtrière de jour comme de nuit. Et puis, il faut compter avec des pratiques agricoles rudes pour l’espèce : mécanisation des travaux, fauchaison ultrarapide des luzernes, brûlage des chaumes, broyage des pailles, traitements chimiques mortels… La litanie des calamités s’enrichit de nombreuses maladies bactériennes (pseudo-tuberculose, pasteurellose, tularémie – transmissible à l’homme), parasitaires (coccidiose, différentes formes de strongylose) et virales (Ebhs, European brown hare syndrome, apparu au début des années 1990, et la toute nouvelle Rhdv2, Rabbit hemorragic disease virus 2, lire n° 484 d’août de Connaissance de la Chasse, page 32). Ajoutez une météo parfois néfaste (gel, neige persistante, pluies excessives, printemps froids et pluvieux), et vous obtenez un cocktail dévastateur. Mais c’était sans compter sur le chasseur ! Celui-ci développa la gestion de l’espèce. Il mit au point le plan de chasse, créa des Gic, restreignit voire suspendit la chasse du lièvre. Après des décennies d’efforts de la part du monde cynégétique, l’espèce relève les oreilles. Si la saison passée avait annoncé un frémissement en faveur du rouquin, l’ouverture 2016 devrait confirmer le retour du lièvre sur davantage de territoires. Cela malgré de nombreux obstacles comme nous l’avons vu. Alors, savourons la bonne nouvelle. Et apprécions les chasses du lièvre, tant l’espèce se capture de multiples façons : seul devant soi, en ligne, en battue, au chien leveur, au chien d’arrêt, au chien courant, à tir, à courre, à l’arc et même « au bâton » ! Un mode de chasse nouveau, cousin de la vènerie, qui fait la part belle au travail du chien courant, et aux ruses de la lèbre. L’action de chasse plus que le tableau. Ou le retour à l’essentiel [lire page 62].
L’essentiel de la chasse c’est aussi la convivialité, le partage. Dans l’Aude, les Acca ne cessent de s’ouvrir. La battue traditionnelle aux chiens courants accueille désormais à bras ouverts les chasseurs « étrangers ». Ils découvriront, vous découvrirez, que, si chasser le sanglier au poste dans la garrigue des Hautes-Corbières est sportif, cela constitue également un plaisir assuré [lire page 102]. Le chasseur s’adapte. D’ailleurs, iI ne fait que cela depuis des dizaines de milliers d’années. Ce qui a permis à l’homme d’être ce qu’il est aujourd’hui. Belle ouverture à nos amis alsaciens et mosellans (23 août), corses (4 septembre), du Sud (11 septembre) et du Nord (18 septembre). Bonne lecture à toutes et à tous.