Pour le plaisir des yeux

Février 2016, le photographe Jean-Claude Meslé se rend, en compagnie de deux amis bécassiers, dans les landes de Lanvaux, situées dans le nord du golfe du Morbihan, dans le typique pays dit de l’Argoat. Le chasseur d’images veut tenter d’immortaliser quelques mordorées. Au coeur de cette terre réputée pour la remise des longs-becs, l’environnement se partage entre bois, chemins creux, étendues de genêts et de bruyères ainsi que petites prairies humides. Aussitôt apprêtés, nemrods et setters pénètrent le sous-bois tandis que le chasseur d’images emprunte un chemin de bordure. Très vite, les campanes se taisent. S’ensuit un court instant de silence puis une envolée. Le doigt sur le déclencheur, Jean-Claude est prêt. Malheureusement, la fuyarde file à un mètre du sol dans les ajoncs. Il est impossible de la cadrer. « Situation classique, nous sommes en février et l’oiseau est aguerri », nous explique-t-il en fin connaisseur. « Je reste cependant en place et observe. Les chiens s’agitent autour de la place chaude quand soudain une seconde bécasse prend son essor. Aussi rasante que la première, elle passe devant moi et s’élève enfin quelque peu pour franchir un chemin. Je la place rapidement dans l’objectif et déclenche une rafale. La difficulté majeure pour le photographe devant un tel sujet est liée au vol erratique et imprévisible dans un environnement boisé. Ce jour-là, en l’espace de cinq minutes, mes espoirs furent comblés. Cela compense les nombreuses sorties où je rentre trempé, harassé et bredouille. Être au bon moment au bon endroit tient un peu de la chance. De leur côté, mes amis n’ont pas tiré. Mais là n’était pas leur intention. D’ailleurs, leurs fusils n’étaient pas chargés. Leur but était de me mettre en situation. Ils y sont parvenus. La vision de la dizaine de clichés de l’oiseau sur l’écran de mon appareil les a comblés. Je profite de ces quelques lignes pour les remercier encore. » Jean-Claude Meslé, avec Philippe Aillery