« À la houx ! »
Grand amateur de vènerie et photographe averti, François Gervaux ne rate pas une occasion de se rendre sur le terrain. Son sens aigu de la chasse lui permet régulièrement d’anticiper les déplacements des animaux et des hommes et d’être, souvent, bien placé pour immortaliser les scènes insolites. Cette fois-ci, il nous entraîne dans le département de la Sarthe, en forêt de Sillé-le-Guillaume. « En ce 29 février, le piqueux de l’équipage du Saut du Cerf foulait le massif avec ses chiens dans une enceinte où il avait connaissance d’un cerf. J’étais pour mon compte en observation à hauteur d’une petite allée quand je vis ce brocard s’éclipser discrètement en quelques bonds majestueux. Il portait dans ses bois une parure de houx digne d’une décoration de Noël. J’ai réussi à saisir le moment où il était suspendu en l’air avant qu’il ne disparaisse très vite de ma vue, quel plaisir furtif pour le photographe. » À la houx ! « Jeu de mots », aurait, en son temps, déclaré Maître Capello. Il faut savoir que la très ancienne expression « À la houe », parfois encore en usage, est lâchée pour annoncer la vue et le lancer du sanglier (et autrefois du loup). Reste à tenter de comprendre pourquoi ce brocard s’est ainsi coiffé. A-t-il, dans sa fuite, cassé une branche de houx qui est restée coincée dans sa ramure ? La chose est plausible. Autre hypothèse : en regardant le cliché de plus près, on s’aperçoit que les bois sont dépourvus de velours mais qu’ils sont encore rougeoyants. Ce brocard a par conséquent refait sa tête très récemment. À la fin février cela arrive chez les sujets les plus âgés. Peutêtre même n’en a-t-il pas terminé avec cette opération. La branche de houx pourrait donc aussi très bien avoir été arrachée quelques minutes plus tôt alors que l’animal était occupé à frayer. François Gervaux, avec Philippe Aillery