Que ferons-nous des canards sauvages ?
Le premier est géographe au Cnrs, spécialiste de la conservation des zones humides et des rapports humains autour de la préservation de l’environnement. Le second est écologue à l’Oncfs, spécialiste des canards et de leur gestion par la chasse. Mon tout est un petit livre… majeur. Cet ouvrage fait le point sur le canard sauvage (120 espèces dans le monde, une quinzaine survole la France, quasi toutes sont chassables). Non technique, ce livre est un travail de réflexion, d’anticipation. Son écriture – de belle qualité – le rend lisible par tous, sauvaginiers ou non, experts ou non, pourvu que l’on ait envie de comprendre ce que l’homme fera de ces fameux canards. Les auteurs partent du principe que les chasseurs sont des acteurs de la conservation, comme tant d’autres. « Il est globalement nécessaire que les chasseurs de canards soient considérés – et se considèrent – comme de véritables acteurs partenaires dans les processus de gestion plutôt que simples utilisateurs-consommateurs, voire simples victimes culpabilisantes. » Ils estiment aussi que la solution aux problèmes passe par la gestion adaptative. Concept signifiant que la conservation des espèces et des espaces demande un regard pragmatique sur les choses, et une mise en oeuvre des solutions partagée. D’où le nécessaire suivi de l’état des populations de canards. D’où les décisions qui s’imposent : limitation ou libéralisation des prélèvements. Et de s’interroger, grâce à des arguments sensés, sur le statut figé d’espèce protégée/chassable, l’agrainage, l’élevage, le plomb, les quotas de tir, les épizooties, etc. Réalistes, les auteurs évoquent un bon état de la plupart des espèces survolant notre pays, se gardent de catastrophime, mais mettent en garde contre le déclin de certaines espèces (siffleur, fuligule milouin), et constatent la perte accélérée de territoires propices aux oiseaux au fil de leurs migrations (notamment au sud et à l’est de la Méditerranée). Le réchauffement climatique n’en est pas la seule cause. À coup sûr, le nombre de pages et le prix ne constitueront pas un frein à l’achat de cet ouvrage simplement essentiel.
96 pages, 10 éditions Quæ, en librairie, quæ.com
Jean Le Blanc, 40 histoires de chasse, Jacques Grancher éditeur, Paris, 1983, In-8.