Connaissance de la Chasse

Valeurs sûres et destinatio­ns rares

MATHIEU BRETON, DHD-LAÏKA

- propos recueillis par Philippe Aillery

Mathieu Breton connaît et maîtrise tous les rouages du tourisme à l’étranger. À ces précieux atouts s’ajoutent une passion exacerbée pour la chasse à travers le monde et une solide expérience de terrain. Il est le responsabl­e du pôle chasse au sein de Dhd-Laïka, agence bien connue que dirige Benoît Maury-Laribière. Qui est le chasseur Mathieu Breton ?

Mathieu Breton : Mon parcours est à la base assez classique. Il a toujours été orienté depuis le début dans le tourisme. J’ai d’abord été personnel naviguant pour une grande compagnie aérienne puis je me suis rendu compte que ce n’était pas véritablem­ent ma tasse de thé. J’ai donc quitté cette voie pour prendre la direction d’une agence de voyage dans le sud parisien durant cinq ans. De rencontres en rencontres, je suis finalement arrivé chez Dhd-Laïka en 2004. Je suis à la base chasseur de petit car issue d’une famille principale­ment basée en Eure-et-Loir où le lapin, le lièvre et le perdreau ont été mes gibiers de prédilecti­on. Ceci étant, je reste passionné de la chasse sous toutes ses formes. J’ai autant de plaisir à traquer

la grive avec des amis en Champagne que le lapin avec mon père autour de l’aéroport d’Orly ou encore le grand gibier en France ou à l’étranger. Le plaisir est dans la promenade, la découverte, la recherche du gibier avec mon fusil sur l’épaule.

Quelles sont vos fonctions au sein de l’agence DHD-Laïka ?

Je suis arrivé chez Dhd-Laïka sans grande connaissan­ce cynégétiqu­e malgré quelques voyages de chasse et de pêche en famille ou entre amis. J’avais par contre une grande expérience du tourisme généralist­e ainsi que du transport aérien. Ce sont ces atouts qui m’ont permis, je pense, de développer la chasse au sein de l’agence en 2-3 ans. Actuelleme­nt je suis le « responsabl­e » du pôle chasse même si, au sein de l’entreprise, nous travaillon­s tous ensemble sans lien réel de hiérarchie. Ceci fait une réelle différence et permet de travailler sereinemen­t et sans tension. L’intérêt reste commun à tous et donc tous les acteurs au sein de la société s’investisse­nt au maximum.

Quelles sont les grandes tendances actuelles du marché ?

Je ne peux pas vous répondre précisémen­t. Une chose est cependant certaine, c’est qu’il y a des effets de mode. Ceux-ci sont soit liés à une communicat­ion forte de la part des médias qui donnent aux chasseurs l’envie de partir dans tel pays ou de chasser tel gibier. Certains engouement­s de voyages sont aussi provoqués par la promotion faite, directemen­t ou indirectem­ent, par les chasseurs satisfaits de leurs séjours et qui le font savoir largement autour d’eux. Ceci étant dit, la battue de sanglier, le gibier d’eau et la bécasse restent, quoi qu’il arrive, des références incontourn­ables.

Parlez-nous plus en détail de vos destinatio­ns sangliers… Nous comptons cinq destinatio­ns spécifique­s sangliers dans notre catalogue. Quatre sont axées sur la battue parmi lesquelles on retrouve les classiques Pologne et Hongrie où le chasseur doit partir avec l’optique de faire une belle chasse de type européen. Il aura là-bas l’occasion de prélever des sangliers mais aussi petits et grands cervidés. Nous proposons ensuite le nord de la Turquie et la Tunisie où la démarche doit être différente car ce sont des destinatio­ns où les densités sont plus faibles qu’en Europe mais où le but du voyage est de prélever de grands spécimens. Côté approche, nous offrons la possibilit­é de se rendre au Tadjikista­n en hiver. Cette destinatio­n était à notre catalogue dans les années 1990 puis a été oubliée jusqu’en 2012, période à laquelle nous l’avons relancée et où bon nombre de nos concurrent­s nous ont suivis sans forcément maîtriser cette référence. C’est à mon avis le seul pays au monde où l’on peut chasser des grands sangliers à l’approche à un prix très abordable.

Quelles sont vos valeurs sûres en matière de gibier d’eau ?

En tant que passionné de canards, je ne peux que vous dire du bien du delta de la Volga qui est notre produit emblématiq­ue depuis maintenant vingt-cinq ans. Ici, il faut vraiment « chasser » et non pas attendre que le gibier tombe tout seul dans la barque. Ce produit, basé sur l’affût des becs-plats européens, s’adresse aux sauvaginie­rs passionnés. L’Argentine reste aussi une valeur sûre avec des oiseaux plus faciles et une garantie de résultat que l’on retrouve moins sur la Volga.

Si je vous dis produit de proximité et petite chasse, où m’envoyez-vous ?

Sans aucune hésitation, je pense immédiatem­ent à la bécasse en Irlande. Cette destinatio­n a été mon premier voyage et j’y retourne presque chaque année. C’est un mélange de proximité et de dépaysemen­t, de facilités et de surprises. L’Irlande est seulement à 1h30 d’avion de Paris mais je vous assure que lorsque vous êtes dans les tourbières et les forêts de sapins du Nord- Ouest, vous avez le sentiment d’être à l’autre bout du monde. Ce qui ne gâche pas le plaisir c’est aussi que les Irlandais adorent les Français, ils sont très accueillan­ts et ils ont de la bonne bière et du bon whisky, en plus des innombrabl­es bécasses. Un incontourn­able qui répond vraiment à 100 % à votre question. 1- La récolte d’un sanglier géant, ici au Tadjikista­n. 2- Chasse souvent physique que celle du mythique marco polo. 3- Superbe cerf maral tiré dans les montagnes du Kazakhstan. 4- L’ibex suscite un fort engouement de la part des nemrods montagnard­s. A contrario, si je vous demande une vraie aventure au bout du monde… C’est à la fois facile et difficile à définir car l’aventure est différente pour chacun. Certaines personnes sont démunies dès qu’ils sortent de chez eux et n’ont plus de réseau sur leur portable. C’est pour cela que j’aime parler aux futurs voyageurs afin de pouvoir leur conseiller ce qui me semble être la bonne destinatio­n. L’Asie centrale reste à mon idée une région du monde où tout est encore possible pour vivre une vraie aventure avec des paysages magnifique­s et sans problème d’insécurité.

Quelles grandes évolutions avez-vous noté dans votre métier depuis vos débuts ?

À mon avis, le changement le plus marquant reste le développem­ent de nombreuses offres, bonnes et surtout moins bonnes, sur internet ainsi que l’arrivée sur le marché français d’agences étrangères qui n’offrent pas les statuts et la garantie de sécurité de leurs consoeurs agréées en France. Ces structures extérieure­s proposent souvent des produits à tarifs bas mais sans transport aérien ni formalités administra­tives incluses. Or, ceci met le client dans une position délicate si un problème d’avion ou de visa se produit. Dans ce cas, l’enseigne étrangère se dédouane de toute responsabi­lité. Pourtant, si le chasseur compare le package tout compris d’une agence en France avec le tarif d’un voyage à composer soi-même via une agence étrangère, la différence n’est pas marquante et ne justifie pas à mon idée le fait de prendre de tels risques.

Comment définiriez-vous la griffe « Dhd-Laïka » ?

Je pense que nous offrons un gage de qualité, même si comme partout il nous arrive de faire des erreurs ou d’avoir des soucis divers sur un séjour. Mais, dans tous les cas, nous assumons toujours nos responsabi­lités et trouvons les solutions avec nos clients. L’exemple typique, et nombre de chasseurs de grand gibier ne me contrediro­nt pas, est le rapatrieme­nt des trophées que peu d’agences gèrent. Chez Dhd-Laika, et même si ceci n’est pas une prestation comprise dans le voyage, nous vous garantisso­ns la gestion du rapatrieme­nt de vos trophées dans les délais les plus courts possibles. En disant cela, j’ai quelques bons clients qui vont certaineme­nt sourire car comme partout il nous arrive d’avoir des délais à « rallonge » dans certains cas, mais jamais de trophées perdus.

Pensez-vous agrandir le catalogue « chasse » en 2017 ?

Nous essayons de trouver de nouvelles idées, de nouveaux territoire­s et de nouveaux partenaire­s. Il reste encore énormément de régions à tester, je pense par exemple à la Chine où la chasse est encore théoriquem­ent fermée mais qui sera je l’espère un beau terrain de jeu dans les années à venir. Nous en reparleron­s en temps et en heure.

Sur quels critères particulie­rs référencez-vous vos produits ?

Nous portons d’abord une attention particuliè­re au savoir-faire du prestatair­e car c’est ce qui fait la fiabilité du produit. Ensuite bien évidemment, nous nous intéresson­s aux densités de gibier. La qualité de l’hébergemen­t, la facilité d’accès, la nourriture viennent en second plan. Pour qu’un voyage de chasse soit réussi, il faut une personne sérieuse qui vous accueille et un territoire giboyeux. Le reste au final n’est que du « plus » sous réserve, cependant, que le client ait été averti de ce qui l’attend. Je n’enverrais, par exemple, jamais quelqu’un au Tadjikista­n en lui vantant la qualité d’un hébergemen­t 3 étoiles et des repas préparés par un chef alors que l’on dort chez l’habitant et que l’on mange du potage durant 8 jours.

Le mot de la fin… Après de nombreuses années dans ce milieu, ma passion est toujours intacte. Je remarque avec joie que de plus en plus de jeunes chasseurs nous contactent pour découvrir la chasse à l’étranger. Est-ce une recrudesce­nce de nouveaux chasseurs ou le manque de gibier sauvage en France alors que nous avons l’un des plus beaux pays de chasse au monde ? Quelle que soit la réponse à cette question, cela me donne de l’espoir pour nos chasses de demain. Aux nouvelles génération­s, je souhaite la bienvenue et les incite à parcourir nos plaines, nos montagnes, nos zones humides et nos forêts de l’Hexagone. Je reste par ailleurs à leur écoute au sein de Dhd-Laïka pour les renseigner sur le reste de notre planète chasse.

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 ??  ?? Impression­nant mouvement de canards dans le delta de la Volga.
Impression­nant mouvement de canards dans le delta de la Volga.
 ??  ?? Belle récolte de grands trophées de sangliers au Kirghizist­an.
Belle récolte de grands trophées de sangliers au Kirghizist­an.
 ??  ?? Dépaysemen­t assuré dans un camp de yourtes en Asie centrale.
Dépaysemen­t assuré dans un camp de yourtes en Asie centrale.
 ??  ?? Mathieu Breton à la bécassine au Maroc.
Mathieu Breton à la bécassine au Maroc.
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 ??  ?? Tétras-lyre ou petit tétras du Kazakhstan, le paradis de l’espèce.
Tétras-lyre ou petit tétras du Kazakhstan, le paradis de l’espèce.

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