Encore un mot
Voilà un singulier mot de passe, synonyme à la fois d’obligation… et de plaisir. Certains vont effectuer de longs kilomètres après que s’est inscrit sur l’écran de leur téléphone le terme magique. En cette fin de semaine, ils programmeront un réveil particulièrement matinal. Dérangement que maudira leur compagne d’un « La saison de chasse n’est pas fermée ?! » Variante : « Ça ne s’arrête donc jamais ?! » Ils enfileront leur tenue. Non pas de chasse mais de travail. Ils n’oublieront surtout pas l’accessoire qui affiche une bonne volonté : les gants de sécurité. Ou des gants de jardinage pour les moins qualifiés. Ils glisseront des outils dans le coffre de leur auto, et au milieu disposeront religieusement quelques flacons et charcuteries. Surtout ne pas exprimer trop grandement sa joie à l’idée de retrouver le chemin du rendez-vous. Chacun met la main à la pâte, selon son âge, son état de santé, ses compétences. Il y a toujours de quoi faire pour les bonnes volontés. Haies, miradors, cultures, cabane… Et qu’on creuse à tour de bras, qu’on scie, cloue, peint, coupe, taille, plante, sème, etc. Le rendez-vous de chasse prend les allures d’un navire à bord duquel chacun s’active, des cales au pont. Certains se retrouvent ainsi depuis vingt ou trente ans, ou plus, peinant à croire que le temps a passé si vite. Le rythme de la matinée ne cesse que pour la pause cassecroûte, simple répétition avant le déjeuner. Entre deux propos sur les couvées et les naissances, on cause de la qualité de la terrine et de celle du blanc, servi frais. Pendant ce temps, le maître queux s’active derrière le fourneau. Ce midi, il va nous préparer un peu plus qu’un repas : un formidable instant de convivialité et de partage. Puissiez-vous connaître ces instants indispensables à l’aménagement de nos territoires, mais aussi à l’humain. On les appelle les « corvées ». Celles-ci ont une qualité parmi tant d’autres : elles ne nous permettent plus de reporter nos propres travaux. L’esprit de la chasse ne se résume décidément pas à la seule prise. Notre art de vivre est complet, et s’enrichit également de la culture. Celle-ci prend l’aspect – entre autres – du livre, du film et de la musique. Thèmes dont nous traitons chaque mois dans ces colonnes, et que nous tâchons de valoriser chaque année grâce au Prix Connaissance de la Chasse. En 2017, nous fêtons le 10e anniversaire de ce prix. À raison de 3 catégories honorées par session, ce sont 30 lauréats, 30 oeuvres, 30 parcours que nous avons mis à l’honneur. 30 instants de bonheur pour qui les aura lus, vus ou entendus. Selon nous, il est primordial de soutenir ces créateurs car cela consiste à oxygéner notre univers, à le fertiliser davantage encore, à le rendre plus beau et plus intelligent. Osons les grands mots. Nous sommes d’autant plus attachés à ce prix qu’il est souvent décerné à des auteurs qui assument seuls la fabrication et la diffusion de leur travail, prenant ainsi des risques certains. Cette année, a contrario, ce sont des maisons d’édition traditionnelles qui soutiennent les lauréats. Félicitons-les grandement pour leur choix éditorial. Le hasard veut que ces lauréats appartiennent à trois structures qui font la chasse. Quatre même, car si l’une est membre de l’Oncfs, si l’un travaille pour la Fnc, le troisième a oeuvré à l’Onf et fut le président d’une association de chasse spécialisée. Diversité et complémentarité. Le 10e Prix Connaissance de la Chasse sera remis sur le stand de votre magazine lors du Game Fair, le samedi 24 juin prochain [lire page 52]. Le président d’honneur de la cérémonie sera M. Willy Schraen, président de la Fnc. Bonne occasion pour lui d’évoquer les sujets illustrant le prix 2017 : la perdrix grise, le sanglier et le droit de la chasse. Trois thèmes qui l’inspireront à coup sûr. Bonne lecture à toutes et à tous.