Si proche Tunisie
Discret et attachant, Julien Durieux propose depuis 25 ans, en partenariat avec une agence locale, des séjours de chasse à la carte aux sangliers et aux grives en Tunisie. Structure à taille humaine, l’enseigne dispose de multiples droits d’entrée sur des
propos recueillis par Philippe Aillery
JULIEN DURIEUX
Parlez-nous de votre découverte de la chasse en Tunisie… Julien Durieux : La Tunisie et moi, c’est une longue histoire d’amour. J’ai découvert ce pays très jeune car j’y passais les vacances d’été avec mes parents. J’ai d’abord été épris de chasse sous-marine dans les eaux poissonneuses de la Méditerranée. Puis, un peu plus âgé, j’ai commencé à accompagner mon père aux battues de sangliers car il avait intégré une équipe de chasseurs locaux.
Et l’idée vous est venue de commercialiser de la chasse…
Vous raccourcissez beaucoup mon parcours, même si c’est un peu cela. En fait, j’ai d’abord passé quelques mois près de Sousse pour me familiariser avec la langue arabe. Puis je me suis mis à prospecter dans les gouvernorats de Kairouan, Siliana et Zaghouan, à la recherche de territoires de chasse aux sangliers. J’ai très vite constaté que certains secteurs étaient suffisamment riches en animaux et receleurs de vieux solitaires très bien armés pour permettre une exploitation commerciale.
Quels sont les grands atouts de la chasse des sangliers tunisiens ?
Le pays en lui-même dispose de grands atouts touristiques. Je pense d’abord à sa proximité avec l’Europe, sa population éduquée et accueillante, sa francophonie, son climat méditerranéen et ses infrastructures hôtelières de qualité. Côté chasse, il me faut citer la beauté et la variété des décors dans lesquels on évolue. Le folklore des battues mérite aussi franchement le détour. C’est très vivant, bruyant, haut en couleurs. Et, au risque de me répéter, les densités d’animaux sont bonnes.
Quid des biotopes de vos territoires ?
Sur nos territoires les plus nordistes, les sangliers se tiennent dans de petites montagnes appelées « djebel » au sol rocailleux et à la végétation plutôt basse. Nous les trouvons aussi dans des zones de collines quelquefois recouvertes de conifères, dans certaines plaines où poussent des buissons épais et dans les zones marécageuses des oueds et des retenues d’eau. Les cultures céréalières ou maraîchères ne sont jamais bien loin de ces endroits. Dans le sud, les animaux passent les journées dans les pailles et les roseaux des zones humides.
À qui appartiennent vos territoires ?
Ils appartiennent pour la plupart à l’État tunisien et, dans une moindre mesure, à des particuliers. Dans les deux cas, ils peuvent faire l’objet de location. Le droit de chasser le sanglier nécessite des autorisations de battues délivrées par le service des Forêts. Ce dernier perçoit une taxe pour chaque animal abattu.
Vous disposez de partenaires sur place ?
Ma structure de chasse touristique travaille en étroite collaboration avec une agence de voyage tunisienne. Cette dernière assure l’assistance de mes clients à leur arrivée à Tunis ou Monastir. Elle gère de surcroît tous les transferts routiers (aéroport/hôtel/aéroport ainsi que les déplacements quotidiens pour la chasse). De mon côté, je m’occupe avec mes collaborateurs de l’obtention des permis de chasser, de l’hébergement, des assurances RC chasse, de l’organisation et du choix des battues et des déjeuners pris chaque jour en plein air.
Comment se déroule un séjour type ?
Les séjours varient de 2 à 6 jours de chasse. Il faut savoir que la durée de validité des permis de chasser touristiques n’excède pas 6 jours. Le déroulement des journées est quasi immuable. Le départ de l’hôtel est programmé pour 6h00, après le petit déjeuner. Juste avant d’embarquer à bord des 4×4, je fais tirer au sort les numéros de postes en utilisant un système de carte identique à celui en usage en Pologne, par exemple. Les transferts vers les lieux de chasse durent, selon les cas, d’une à deux heures. Arrivé sur zone, je rappelle les consignes
de sécurité et un guide place chaque fusil en lui indiquant précisément le sens de la traque et les angles de tir autorisés.
Débute alors la chasse…
En effet, la douzaine de rabatteurs recrutés sur place attaque son travail et se signale par des cris et des pétards. Dès qu’un sanglier est mis debout, la vue est annoncée à grands renforts de coups de piboles. Le même scenario est répété entre cinq et sept fois par jour. La durée de chaque traque excède rarement une heure. À leur issue, les sangliers abattus sont récupérés par un véhicule dédié puis, après le rassemblement et les commentaires des chasseurs, nous nous dirigeons vers la battue suivante. Un repas est organisé à la mi-journée en pleine nature. Je précise qu’il s’agit d’un vrai déjeuner assis autour d’une table. La chasse reprend cependant sans tarder, aussitôt que chacun est repu.
La chasse nécessite-elle une grande condition physique ?
Chasser en Tunisie est physiquement accessible au plus grand nombre. Il existe toujours une solution pour placer les fusils les moins vaillants aux endroits les plus faciles d’accès. Le problème se règle en échangeant parfois les postes. Ceci se passe en bonne intelligence. Mais de façon globale, il n’est pas nécessaire de marcher des heures pour atteindre son poste. Il arrive même que les voitures déposent des chasseurs à quelques mètres seulement de leur affût. Tous les postes que nous désignons ont leur part de chance de voir débarquer des sangliers. Nous connaissons parfaitement toutes nos enceintes et plaçons nos postés en fonction des expériences précédentes.
Qu’en est-il des densités d’animaux ?
En règle générale, trois traques sur cinq sont receleuses de sangliers. Il faut savoir que très souvent, les compagnies sont absentes des enceintes qui renferment un grand solitaire. Ceci ne se vérifie cependant pas au moment du rut,
vers la mi-novembre. Reste que les tableaux quotidiens sont variables en toutes circonstances. En moyenne, chaque groupe de chasseurs réalise un tableau de 20 à 35 animaux en six jours dont plusieurs grands mâles pesant de 100 à 150 kilos et portant des défenses variant de 18 à 26 cm. Les espoirs de tirer l’un de ces grands solitaires sont bien réels, sachez-le.