Gard : 40 000 sangliers = 800 000 €
On en parle, avec Marc Valat, directeur de la Fdc 30
LE GARD DÉRAILLE
Le prélèvement de sangliers devrait atteindre cette année dans le Gard un record de 40 000 animaux. Et pourtant, la Fdc table sur une facture des dégâts avoisinant 800 000 €, soit plus du double de celui de l’année dernière. Le directeur de la Fdc, Marc Valat, nous résume la situation : « Les effectifs actuels supposés de sangliers nous laissent penser qu’à ce niveau-là nous avons franchi un seuil et dépassé une cote d’alerte. Parallèlement, nous observons un désengagement de l’action préventive des dégâts et une forme de lassitude à vouloir protéger les récoltes ! Cette forme de déresponsabilisation vis-à-vis des dégâts coûte cher à la fédération et par là même à l’ensemble des chasseurs gardois, qui voient ainsi le prix du timbre grand gibier augmenter – de 33 € à 80 € – pour pouvoir assurer l’indemnisation des dégâts de grand gibier. Nous constatons également une évolution des pratiques agricoles et une modification des
assolements qui gonflent davantage encore la facture des dégâts. » La récente apparition, depuis moins de dix ans, de cultures comme le pois chiche, très appétente pour le sanglier, est un exemple parmi d’autres de cette évolution.
La météo comme facteur aggravant
Dans le Gard, la culture de la chasse du sanglier se tourne très majoritairement vers la battue. Aussi, la Fdc a cherché à mieux suivre cette pratique. Depuis près de dix ans, elle a mis au point un système de carnets (616 carnets ont été délivrés en 2016) lui permettant d’obtenir quantité d’informations. Ainsi, on apprend que malgré l’augmentation substantielle des populations que laisse présager celle du prélèvement de sangliers (34 833 pour la saison 2015-2016), l’effort de chasse ne faiblit pas, loin s’en faut. 24 963 battues ont été organisées l’année dernière, soit une augmentation de 6,42 %. Par ailleurs, la Fdc du Gard observe que les chasseurs de petit gibier prélèvent de plus en plus de sangliers dans le cadre de leur sortie à la billebaude. Ce chiffre se situe en augmentation de près d’un quart par rapport à l’année précédente (8900 animaux prélevés). « Plaine agricole, vigne, marais… le sanglier est en train de coloniser des territoires jusque-là dédiés au petit gibier », poursuit le directeur. Avec près de 400 000 € de dégâts indemnisés, le Gard connaissait déjà l’année dernière un montant très élevé. Les grandes cultures avaient été fortement impactées. Mais les conditions climatiques et les assolements recréent chaque année une situation nouvelle. « Cette saison, la situation a sensiblement évolué puisque nous constatons que les dégâts se portent principalement sur les vignes. Les compagnies broient les sarments verts, pour en tirer la sève. Les abroutissements rendent alors ce type de dégâts très important. La forte sécheresse que nous avons connue durant l’été 2016 a provoqué également une augmentation des dégâts sur les raisins et ce dès le stade de la véraison. Ce contexte climatique génère des mouvements erratiques des compagnies de sangliers depuis les zones boisées vers les plaines agricoles. On peut rajouter également le constat que dès l’automne, il y eut une faible production de glands dans les massifs de chênes verts, ce qui ne permit pas aux animaux de rester en garrigue pour trouver le potentiel de nourriture habituel », explique Marc Valat. C’est dans ce contexte que Ségolène Royal a signé l’arrêté du 27 mars