Guide de chasse, sacré métier
Une solide expérience ou une bonne connaissance du terrain sont nécessaires mais ne suffisent pas pour s’autoproclamer guide de chasse.
La forte augmentation des populations de grand gibier en France a suscité l’apparition d’une nouvelle profession : guide de chasse. Depuis plusieurs années, les offres de chasse guidées se multiplient par l’intermédiaire de diverses structures professionnelles et de sites Internet. Pour le brocard à l’approche en été, le cerf au brame, le chamois et l’isard ou le mouflon en montagne, des guides de chasse indépendants et souvent « autoproclamés » proposent leurs services en l’absence de toute réglementation française sur cette nouvelle profession. Certains d’entre eux sont réellement compétents et pratiquent le guidage avec une véritable éthique de la chasse. Il est tout à fait légitime que des chasseurs français ou étrangers en quête de trophées et de découverte de nouveaux territoires veuillent pratiquer la chasse à l’approche en compagnie d’un guide professionnel. De nombreuses activités liées à la nature nécessitent en France une formation complète à laquelle s’ajoute le passage d’un véritable examen de compétences qui valide l’obtention d’un diplôme ou d’une qualification professionnelle. C’est par exemple le cas de la profession de guide de haute montagne, où un guide ne peut légalement exercer son métier de manière autonome qu’après avoir obtenu son brevet d’État. De nombreux pays étrangers exigent une formation préalable complète et la réussite à un examen difficile pour exercer la profession de guide de chasse : c’est le cas par exemple en Afrique du Sud, en Namibie ou au Zimbabwe. En Europe Centrale et de l’Est, plusieurs pays comme l’Autriche ou la Hongrie imposent également une véritable formation à la fois théorique et sur le terrain pour valider les aptitudes du futur guide de chasse. Il est nettement insuffisant de se prévaloir d’une réelle expérience de chasse (invérifiable le plus souvent) pour se proclamer guide de chasse. Certes un brocard n’est pas un buffle et la dangerosité de l’action de chasse n’est pas un facteur déterminant à prendre en compte pour pratiquer la chasse guidée en France. Certaines situations imprévues lors d’une sortie de chasse peuvent pourtant nécessiter une large compétence de la part d’un guide : - Par exemple, le guide de chasse doit posséder l’équipement adéquat et avoir l’aptitude pour réagir rapidement et efficacement afin d’apporter les premiers soins à un chasseur qui se blesse accidentellement ou peut être victime d’un malaise. - Avant de décider du tir d’un grand gibier, pour juger de manière fiable un trophée ou estimer l’âge approximatif d’un animal, le guide doit posséder une longue et solide expérience de l’animal chassé. Une formation préalable acquise sur le terrain sous la tutelle d’un chasseur expérimenté est donc une nécessité incontournable pour bien connaître une espèce de gibier avant de pratiquer le guidage de façon autonome. - Dans le contexte d’un court séjour de chasse de quelques jours en France, l’impératif d’un résultat rapide pour le client est trop souvent synonyme de laisser-aller dans le choix des animaux à prélever en chasse guidée. De nombreux brocards, cerfs, chamois, isards ou mouflons d’avenir, trop jeunes et encore loin de leur maturité, font fréquemment les frais de méthodes de chasse orientées sur le but prioritaire de récolter un animal et cela à l’encontre de toute notion de gestion sur beaucoup de territoires de chasse français. Être guide de chasse professionnel en France ne s’improvise pas, comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui. Une véritable formation et un examen d’aptitude sérieux sont nécessaires pour que cette nouvelle profession reste crédible à moyen et long terme dans notre pays.