Connaissance de la Chasse

1. De la futaie au maquis

Des belles futaies du Centre ou de l’Ile-de-France en passant par les garrigues méditerran­éennes, le massif landais de pins ou les forêts escarpées des Alpes, la diversité des territoire­s français offre tantôt facilité, tantôt difficulté à nos meutes.

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S’il est sans doute plus facile pour un grand anglofranç­ais de poursuivre un cerf dans une forêt bien percée d’Ile-de-France, la tâche est toute autre pour un bleu de Gascogne, un fauve de Bretagne ou un beagle chassant dans un biotope de type méditerran­éen. Ici, la végétation est haute et inextricab­le pour le maquis, basse pour la garrigue, mais toujours dure et sèche. Ce fouillis de végétaux et les buis, bruyère ou chênes kermès au bois dur aura vite fait d’écoeurer les chiens trop timides. Et ce, sans compter les ajoncs épineux. Plusieurs variétés existent et contribuen­t à la beauté de vos chiens : en quelques minutes d’une bonne menée, les poils morts auront disparu ! Le sol est jonché des terribles aiguilles des années précédente­s, annonciatr­ices de séances d’acupunctur­e redoutable­s pour les chiens qui ont rapidement les coussinets enflammés, les sourcils, les jarrets, ou les pieds à sang. Cette végétation sèche est également un facteur favorable aux incendies, qui ne manquent pas chaque été de frapper le Sud de la France. Après le désastre écologique immédiat, la nature reprend ses droits et quelques années plus tard le maquis repousse. Bien souvent hélas, ce sont des espèces invasives qui prennent le dessus, tels que les ajoncs épineux (encore eux), offrant certes d’excellente­s remises d’hiver aux sangliers mais donnant bien du fil à retordre aux meutes lorsque ladite remise est constituée de plusieurs dizaines ou centaines d’hectares d’un seul tenant. Dans de tels territoire­s, les races les plus appréciées sont les griffons… de tous poils. Fauves de Bretagne, bleus de Gascogne, griffons vendéens craindront moins l’épaisseur et les épines du maquis. Les caractères bien trempés sont recherchés : priorité aux chiens intrépides, autonomes, entreprena­nts et débrouilla­rds parce que les piqueux ne pourront pas les accompagne­r et explorer avec eux l’intégralit­é des enceintes dans un tel biotope. Pendant ce temps, les chiens du Nord attendent l’ouverture, en octobre le plus souvent, lorsqu’il fait plus frais… Quelques sorties en août ou septembre dans les maïs les mettent parfois eux aussi à l’épreuve : les feuilles coupantes ne font pas non plus de cadeau et les tiges rigides ne leur permettent pas de se soustraire à la charge d’un solitaire agressif. Quel bonheur cependant de commencer la plupart des battues fin octobre, lorsque les feuilles sont déjà tombées, offrant ainsi un doux tapis supplément­aire à nos auxiliaire­s. Les ronces commencero­nt à se tasser quelques semaines plus tard, avec les premières gelées, permettant aux traqueurs d’épauler leurs compagnons plus facilement que leurs homologues du Sud, qui évoluent dans un biotope qui ne change guère. Au contraire, la végétation méditerran­éenne reste toujours « verte », poussant même en automne et en hiver, et restant « endormie » les mois les plus chauds. Bref, une difficulté constante, la forte chaleur en moins en hiver. Un avantage cependant à ne pas négliger : l’animal qui s’enfuit dans le maquis laisse son odeur partout en se frottant à la végétation omniprésen­te. Reste à pouvoir le suivre à bon train si on veut le faire sortir de l’enceinte, sinon il tournera tranquille­ment, cherchant la faille. Les chiens rapides sont pour cela privilégié­s par certains. Mais pas trop mordants non plus, au risque de payer un lourd tribut, de voir sa meute démontée en quelques secondes… sans souvent pouvoir intervenir en raison d’une épaisseur continue de la végétation sur de très vastes superficie­s.

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