4. Un calendrier distinct
Même la saison de chasse varie entre le Nord et le Sud. L’explosion des populations de sangliers dans le Sud impose davantage de sorties. Faisons les comptes…
Un calcul rapide permet de compter les battues effectuées chaque saison : dans le Nord, les chasses ont lieu généralement d’octobre à fin février, une à deux fois par semaine. Et encore, car de nombreux territoires, trop petits, n’effectuent qu’une battue tous les quinze jours, voire même un nombre limité dans la saison. Les chasseurs les plus chanceux du Nord peuvent donc effectuer une quarantaine de sorties par saison sur le même territoire au maximum. Quelques battues ont parfois lieu en septembre pour protéger les maïs. Mais l’affût ou l’approche restent alors privilégiés, les territoires s’y prêtant plutôt bien. Les chiens sont donc moins sollicités dans la moitié nord de la France. Il en va tout autrement dans le Sud avec une période bien plus longue : il y a une trentaine d’années, l’ouverture se faisait début septembre pour le sanglier et la chasse s’achevait à Noël. Peu à peu, la saison s’est allongée suivant la progression des populations de sangliers : de fin août puis mi-août, on est passé au 1er janvier, puis mi-janvier et aujourd’hui à fin février. Pas forcément un bien pour la paix des ménages mais pas non plus évident pour les meutes ! À raison de trois battues par semaine plus les jours fériés, cela fait déjà 90 jours de chasse par an, auxquels il faut ajouter une dizaine de battues supplémentaires pour les endroits touchés par des dégâts dès le mois de juin.
De véritables athlètes
Bref, les chiens du Sud ont tout le loisir de chasser et sont parfois bien trop sollicités. Cette longue période contraint les piqueurs à se relayer pour « assurer » une présence au sein des équipes mais aussi à établir parfois un roulement des meutes pour conserver des chiens en forme. Autant dire qu’il faut des chiens bien alimentés pour « tenir » la saison. Véritables athlètes, les chiens du Sud doivent chasser dans toutes les conditions : aux fortes chaleurs de l’été succède la rigueur de l’hiver avec ses vents violents. Et cela toujours sur des territoires de plus en plus fourrés, qui ressemblent plus à de la paille de fer qu’à un jardin bien entretenu. Les chiens du Nord, eux, évoluent sur des territoires généralement plus petits mais aussi plus faciles à chasser. D’ailleurs, souvent les courants sont plutôt rares ou in- existants dans certaines régions par tradition et/ou pour éviter qu’ils empiètent sur les chasses voisines qu’ils dérangeraient trop rapidement. Alors que dans le Sud, le passage des meutes des voisins est rarement mal vécu, puisqu’il amène un sanglier sur votre territoire.
Une même passion
Et l’homme dans tout ça ? Aujourd’hui, avec neuf mois de chasse, les piqueux du Sud ont largement de quoi chasser, surtout sur des territoires qui sont le plus souvent très vastes. Pour les traqueurs du Nord, la chasse les occupe moins longtemps dans l’année car ils évoluent sur des territoires en général plus petits. Reste la passion, qui elle, est la même : entretenir une meute, préparer les futurs rapprocheurs, débourrer les jeunes, aménager son chenil… du nord au sud, ces préoccupations nous accaparent toute l’année.