La pie apprend vite…

Prédatrice avérée d’oeufs et d’oisillons, la pie bavarde fait l’objet d’un piégeage spécifique via une cage spécialement dédiée. Circulaire, le plus souvent dotée de quatre entrées à porte coulissante et d’un emplacement central destiné à recevoir un appelant vivant, ce système est, de l’avis de nombreux utilisateurs, très performant. Pour vérifier l’efficacité du stratagème, nous avons, en septembre dernier, installé un discret affût à une quinzaine de mètres d’un piège placé au petit matin sur un secteur très fréquenté par les fameux corvidés. Dès la fin de la matinée, l’adulte présent sur l’image est venu très prudemment rendre visite à l’appelant. La visiteuse a longuement observé l’environnement depuis le sommet d’un piquet tout proche avant de se poser dans l’herbe puis de se percher sur la cage. De ce point haut, elle s’est aperçue que des croquettes pour chien avaient été déposées comme appâts dans les quatre cloisonscages. Attirée par la nourriture, la pie s’est laissée choir au sol et s’est présentée devant l’une des trappes. Sans y pénétrer réellement, elle a alors tendu le cou pour se saisir du bout du bec d’une croquette avant de s’envoler dans le premier rang de la vigne voisine. Fort de sa réussite, le corvidé a réitéré trois fois l’opération. Impossible pour nous d’intervenir pour placer les appâts plus au fond du piège sans nous faire repérer. Le lendemain, à peu près à la même heure, la pie a fait sa réapparition sur son piquet d’observation. De toute évidence, le corvidé a pris confiance et il enchaîne les étapes de la veille à plus grande vitesse sans négliger pour autant le round d’observation depuis le haut de la cage. Au sol, il s’avance devant une première entrée et se rend compte que si la nourriture est bien là, elle est devenue inaccessible. Il passe ainsi en revue toutes les portes et, après un peu plus d’un tour, il commet l’irréparable en s’avançant jusqu’au levier déclencheur. Le piège se referme. Fin de l’histoire... Philippe Aillery