Les yeux revolver
C’est dans l’Indre, au cours du brame 2016 que notre collaborateur, Gérald Soligny, a su saisir cet échange de regards sans équivoques. « Deux gros cerfs se partageaient la clairière ce matin-là. Une douzaine de biches accompagnées de leurs faons étaient également présentes. J’étais en place depuis 6h00. Les deux dominants étaient aux “taquets” et ne cessaient de se toiser en se lançant de puissants raires, mais chacun restait dans son quartier. Puis, vers 8h00, la tension est montée nettement. Chacun des cerfs s’est mis à effectuer des boucles en se rapprochant progressivement un peu plus à chaque tour. Et soudain, distance de tolérance probablement franchie, ils se sont élancés l’un vers l’autre à vive allure pour se retrouver face à face… tête à tête. Dans mon esprit, je me suis aussitôt imaginé que j’allais assister au choc des titans. Or, à ma grande surprise, il n’en fut rien. Ils ont renoncé
à s’affronter et ont regagné leur coin respectif un peu à la manière de deux boxeurs sur un ring au moment où retentit la cloche. Pas de combat à photographier ce jour donc, mais, comme en témoigne ce cliché, le tour d’oeil lancé par l’un des protagonistes à son vis-à-vis semble dire qu’il ne perd rien pour attendre. » Si les confrontations physiques sont régulières, au moment du brame, entre les cerfs en âge de s’accaparer une harde, celles-ci ne sont pas systématiques. Comme dans le cas présent, raires, démonstration de puissance, simulacres de charges et regards appuyés suffisent parfois à affirmer la primauté des uns et l’infériorité des autres. Mais si l’intimidation n’y suffit pas… Gérald Soligny, avec Philippe Aillery