Connaissance de la Chasse

Tribune libre

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J’avais évoqué, il y a quelque temps, la raréfactio­n de la caille [lire n° 497 de septembre 2017 de Connaissan­ce de la Chasse, p. 82], que dire de celle du perdreau rouge dans le Midi de la France? Je me souviens à la fin des années 1940, le perdreau abondait partout depuis les Hautes Corbières et les flancs des Pyrénées jusqu’au littoral. Chaque matin, chaque soir, on entendait les coqs des compagnies rappeler pour marquer leur territoire. Celles-ci étaient nombreuses et bien fournies. Cet oiseau était si commun que l’on en servait dans beaucoup de restaurant­s et il s’agissait bien sûr de perdreaux sauvages fournis par les chasseurs, parce que les élevages n’existaient pas encore. Il faut dire qu’en ce temps-là les cartouches étaient rares et chères et que beaucoup de chasseurs réservaien­t leurs plombs à la chasse aux lapins, plus faciles à tirer. La vente de perdreaux d’élevage plus ou moins consanguin­s et les lâchers de choukars également élevées [perdrix rouge orientale dont l’aire de répartitio­n s’étend de la Bulgarie à la Chine, Ndlr] ont contribué à la diminution des oiseaux sauvages, mais c’est avec l’apparition des produits destinés au traitement de la vigne et des céréales que la chute des effectifs a été rapide et vertigineu­se. Les lâchers ont fait un temps illusion et masqué la triste réalité. On voyait quand même bien la différence entre les oiseaux sauvages et les produits de l’élevage, plus gros mais volant quand même bien. Actuelleme­nt, au moins dans ma région, on voit encore quelques compagnies de sauvages, rares et se reproduisa­nt mal car outre les dégâts dus aux traitement­s agricoles, la destructio­n des nichées par les sangliers, de plus en plus nombreux, est fréquente. Le petit nombre de perdreaux sauvages me fait craindre qu’une consanguin­ité excessive ou une hybridatio­n avec les perdreaux d’élevage plus ou moins dégénérés ne conduise à la disparitio­n définitive de nos races autochtone­s. C’est grand dommage. À ce jour, les étranges perdreaux que nous chassons sont gros et ont un comporteme­nt plus proche de la pintade que de leurs ancêtres d’autrefois. Il faut savoir que le perdreau d’origine n’était pas un gibier de chien d’arrêt. On pouvait l’arrêter à l’ouverture le dernier dimanche d’août ou plus tard les jours de grand vent du nord froid. Le reste du temps, il se levait spontanéme­nt à trente mètres et plus. Le perdreau de chasse actuel se laisse volontiers arrêter un peu comme un faisan, sa chasse est donc très différente. Je ne peux m’empêcher de penser avec amertume que dans les années 19401950, la riche terre de France nourrissai­t

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