Connaissance de la Chasse

Cyné’tir: 8 bons conseils

Laurent Riffaut, armurier normand dont la réputation n’est plus à faire et propriétai­re du Cyné’tir présenté dans le reportage précédent, a bien voulu se prêter au jeu des questions-réponses. Il nous dévoile ainsi quelques conseils pour mieux tirer, que c

- par Gérard Hagenet (texte et photos)

Quel type d’arme préconiser­iez-vous pour le Cyné’tir ?

Laurent Riffaut : Force est de constater que la plupart des amateurs de Cyné’tir viennent entre amis, en petits groupes. Se dégage souvent une certaine émulation, pour ne pas dire un esprit de compétitio­n. D’aucuns

pourraient alors avoir l’idée de mettre un canon de .243 pour pouvoir enchaîner les tirs sans effort. C’est surtout l’erreur à ne pas commettre. Je ne saurai trop leur conseiller de venir avec leur arme habituelle de battue, faute de quoi ils risquent quelques loupés à la sortie suivante. Pour un résultat optimal, l’arme doit évidemment avoir été mise à conformité par un profession­nel.

Quid des organes de visée ?

À chacun sa guise, visée ouverte, point rouge ou lunette. Là encore, le tireur Cyné’tir se doit de rester dans les même conditions que celles de terrain. Inutile de dire que point rouge et lunette devront être parfaiteme­nt réglés. Concernant la lunette, outre le réglage, il est nécessaire d’adapter la distance focale en fonction de la morphologi­e et de la façon d’épauler du tireur. Trop de chasseurs ont peur de prendre la lunette dans l’arcade sourcilièr­e, ce que j’appelle le syndrome du troisième oeil… Cette crainte cause inévitable­ment des ratés, et doit par conséquent être effacée de l’esprit du chasseur. D’où l’importance d’un réglage sur mesure de la distance focale.

Parlez-nous de la position de tir… Idéalement, l’angle épaule/axe du canon doit être peu ouvert. La meilleure position des pieds est à 2 heures avec, pour un droitier, le pied gauche dans l’axe de l’éventuel second tir. Une telle position facilite la rotation nécessaire des épaules par rapport au bassin.

Existe-t-il de la même façon, une manière idéale de bien épauler ?

L’arme doit se loger parfaiteme­nt au creux de l’épaule, d’où la nécessité de la jeter un peu en avant et de la ramener. Sans excès évidemment. Lors de l’épaulé, l’organe de visée doit tomber directemen­t à l’oeil, même si avec un point rouge il existe une petite marge de manoeuvre. Pour bien épauler, le tireur ne doit évidemment pas être engoncé dans ses vêtements. Pas de Bibendum sur la ligne de tir ! Fort heureuseme­nt, depuis quelques années, les avancées technologi­ques sur les membranes et les matières permettent de proposer des vêtements à la fois chauds et près du corps qui facilitent l’aisance.

Vous avez évoqué la position des pieds. Qu’en est-il de celle des mains ?

Nombre de chasseurs ont la fâcheuse tendance à placer la main postérieur­e trop en arrière sur la poignée, comme le font d’ailleurs certains amateurs de tennis avec leur raquette. Cette main doit être bien avancée quasiment au contact du pontet, avec le pouce bien sur le dessus, et non dans l’axe du canon comme on le voit trop souvent. Cela évite un déséquilib­re lors du recul qui serait néfaste à l’enchaîneme­nt d’un second tir. Quant à la main avant, trop l’avancer défavorise à la fois la rotation et l’équilibre. Idéalement le bras avant doit être assez court,

et la main située au centre de gravité de l’arme. Cela évite ce que j’appelle le coup vers le haut.

Quid de la visée ? Intercepti­on ou suivi ?

Les deux écoles existent, en effet. Tout dépend en fait du calibre. Mais étant donné les munitions actuelles, dont les vitesses dépassent quasiment toutes les 750 m/s, la méthode qui me semble la plus simple est celle qui consiste à remonter la cible. Voire : la dépasser plus ou moins en fonction de la distance ainsi que de la vitesse et de l’angle de déplacemen­t du gibier. Il ne faut aucunement hésiter à pousser en avant sur les bras. Un raté devant – ce qui est plutôt rare – ou encore une balle de groin sont toujours préférable­s à une balle de cul !

Un dernier conseil… C’est en forgeant que l’on devient forgeron… Les quelques balles tirées chaque année à l’occasion de battues ne suffisent que rarement à faire progresser le chasseur. Le tir, que ce soit au stand ou la chasse, est une discipline qui, comme tant d’autres, nécessite une pratique régulière. En un mot, profitez de l’intersaiso­n pour vous entraîner régulièrem­ent.

 ??  ?? Point rouge ou bien lunette, à chacun sa guise.
Point rouge ou bien lunette, à chacun sa guise.
 ??  ?? Une telle distance nécessite de devancer quelque peu la cible en mouvement.
Une telle distance nécessite de devancer quelque peu la cible en mouvement.
 ??  ?? À 2h, les pieds sont parfaiteme­nt placés pour enchaîner la rotation des épaules.
À 2h, les pieds sont parfaiteme­nt placés pour enchaîner la rotation des épaules.

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