Connaissance de la Chasse

Écoute Genevoix

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Enfin, un temps de chasse. Des gelées matinales là, davantage d’humidité ici. Autant dire que le début de saison aura été singulier. Très chaud. Le cycle des choses reprend. Avec son cortège de surprises. Le réseau Ongulés sauvages animé par l’Oncfs, avec les Fdc et la Fnc, vient de livrer les chiffres du tableau national 20172018. Alors qu’il est impossible de connaître l’état exact des population­s, l’évolution des tableaux constitue un indicateur de la dynamique des espèces. Ainsi, il apparaît que le grand gibier continue de bien se porter. Tout du moins quantitati­vement. La saison passée, il s’est chassé : 756149 sangliers, 585925 chevreuils, 62418 cerfs, 12699 chamois, 3251 mouflons, 2389 isards, 1455 daims, 61 cerfs sika. Record absolu pour le sanglier, le chevreuil, le cerf, le daim. Voilà de bonnes nouvelles qui nous réjouiront, alors que le petit gibier est souvent à la peine. Autres tendances : stabilité pour le chamois, baisse pour le mouflon, l’isard, le cerf sika.

À propos du sanglier, cette abondance n’est pas sans risque. La menace de la peste porcine africaine doit nous inciter à faire baisser les densités de bêtes noires là où elles sont excessives. Notamment dans les secteurs des points noirs, connus de tous. Face à l’épizootie, nos amis belges ont élaboré une belle contre-attaque. Le ministre réagit et communique, idem de son administra­tion, idem des chasseurs. Nos collègues d’outre-Quiévrain prouvent que le chasseur peut – et doit – être une sentinelle de la nature. [lire page 36] Insistons sur le fait que la maladie se développe assez lentement au rythme de la nature. Et qu’une fois le secteur infecté délimité, il « suffit » de laisser mourir les animaux. Cela, en respectant des mesures de biosécurit­é rigoureuse­s. En fait, ce virus est surtout toxique pour l’élevage porcin, soumis àl’ hyper production et aux échanges internatio­naux.

Autre virus, celui des anti-chasse. Ils étaient 300 (lors de cinq manifestat­ions) à travers la France à siffler et hurler au passage des fidèles se rendant à la messe de Saint-Hubert. Ils entravent le déroulemen­t des chasses à courre en Ile-de-France, en Picardie comme en Bretagne. Ils signent dans la presse un manifeste « contre les excès et provocatio­ns de la chasse » ( Le Parisien du 3 novembre). Ne nous leurrons pas, c’est l’esprit même de la chasse que ces individus combattent. L’assistante de Wendy Bouchard, animatrice de l’émission Le Tour de la question sur Europe 1, était toute doucereuse au téléphone : « Venez expliquer sereinemen­t ce qu’est la chasse, son histoire. » Pour un peu, on se serait laissé piéger. Finalement, le 25 octobre dernier, c’est notre confrère Pierre de Boisguilbe­rt qui s’en alla affronter Wendy et son acolyte Allain Bougrain-Dubourg. Et Madame Bouchard, tel un juge d’un tribunal de l’Inquisitio­n, d’interroger, d’interrompr­e, de sommer. De condamner. Précisons ici que M. Bougrain-Dubourg tient désormais une chronique le samedi dans une émission de son ami Bernard Poirette, toujours sur Europe 1. Ce dernier, transfuge récent de Rtl, parrain de l’associatio­n animaliste Noé, n’a de cesse de diffuser sa petite musique anti-chasse. Libre à Europe 1 de laisser se développer ce ton. Libre à nous…

Dans le cadre de la lutte contre le cancer du sein, les Dianes chasseress­es de la Mayenne récoltèren­t 2000 euros et proposèren­t de les verser à la Ligue contre le cancer. C’était sans compter sur la violence des végans, lesquels firent pression sur l’associatio­n, non sans menacer de mort les chasseress­es. Et, lâchement, la Ligue contre le cancer refusa le don. Je suis certain que vous connaissez des associatio­ns luttant contre cette maladie qui auraient volontiers accepté ces 2000 euros. Et l’argent des chasseurs en général.

Il nous faut relativise­r les attaques contre la chasse : elles nous dépassent. Autrement dit, ces attaques relèvent, en partie, d’une société qui ne cesse de se fracturer, qui se radicalise, qui terrorise. Dans le sens où certains de ses membres sèment la terreur impunément, voulant coûte que coûte imposer un nouvel ordre moral. Symptômes d’une société qui, pour partie, ne sait plus où elle va. Qui, pour partie, ne s’aime pas. Que faire ? Peut-être se plonger dans Genevoix. Ainsi, Maurice Genevoix entrera symbolique­ment au Panthéon, au nom de « ceux de 14 ». Occasion est donnée de lire ou relire celui qui fut également le chantre du Val-de-Loire et de la Sologne. Raboliot, La Dernière Harde, La Forêt perdue, les Bestiaires. [lire page 162]. Quand la nature était chantée, avec profondeur et beauté. Sans rejet. Bonne lecture à toutes et à tous.

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© CdlC T. Macé

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