Connaissance de la Chasse

La vie des campements, au Sénégal : François Huard, Relais de Kédougou

Passionné de chasse et d’Afrique, François Huard a décidé, en 2011, de sauter le pas et de s’installer à plein-temps au Sénégal oriental. À la tête du Relais de Kédougou, aux confins du Mali et de la Guinée, il fait depuis chasser petit et grand gibier.

- propos recueillis par Philippe Aillery

Quelle est l’actualité du Relais de Kédougou huit ans après votre arrivée à sa tête ?

François Huard : Huit ans déjà, ai-je envie de dire ! Le Relais de Kédougou ne cesse de s’améliorer, notamment au niveau de ses infrastruc­tures internes. Celles-ci étaient très vieillissa­ntes lors mon rachat. Nous poursuivon­s donc notre chemin, et la saison prochaine s’annonce sous les meilleurs auspices tant en termes de réservatio­ns que de densités de gibier. Notez que nous sommes ouverts toute l’année et répondons ainsi à une demande grandissan­te de la clientèle car notre région ne cesse de se développer. Cette présence permanente est un gage d’entretien constant du complexe, à la différence des campements de chasse

qui n’ouvrent que le temps de la saison cynégétiqu­e.

Le statut du Relais de Kédougou est donc un peu particulie­r…

Il l’est à plus d’un titre puisque le Relais de Kédougou est aussi le seul camp du Sénégal à être concession­naire d’une zone de grande chasse en Falémé. Celle-ci s’étend sur 200 000 ha. Nous venons de renouveler notre contrat avec l’État pour une durée de 10 ans. Comme vous le savez peut-être, la Zic de la Falémé est une zone ouverte à tous les camps de chasse et notamment à ceux du secteur de Kédougou. Mais notre concession est exclusive et seuls nos chasseurs peuvent y exercer. Nous luttons à l’année contre

toute intrusion extérieure grâce à nos équipes de pisteurs. Ce travail permanent garantit des densités d’animaux supérieure­s au reste de la Zic. Nous sommes par ailleurs amodiatair­es d’un territoire de petite chasse de 60000 ha aux abords directs de Kédougou. Nos visiteurs disposent ainsi de la plus grosse zone exploitée au Sénégal.

Où êtes-vous situé au Sénégal ?

Nous sommes situés au Sénégal Oriental, dans l’extrême Sud-Est du Sénégal, à la frontière du Mali et de la Guinée, à 650 km environ du nouvel aéroport internatio­nal Blaise Diagne. Ce dernier offre le très gros avantage, par rapport à l’ancien, d’être excentré de la ville de Dakar. C’est une infrastruc­ture moderne digne des grands

aéroports internatio­naux. Il est beaucoup plus fonctionne­l tant au niveau des arrivées, des formalités administra­tives ou des départs des passagers. Ceci raccourcit bien entendu les temps d’attente qui devenaient très difficiles il y a encore un peu plus d’un an.

Comment rejoint-on votre base depuis Dakar ?

Les chasseurs qui arrivent à l’aéroport sont immédiatem­ent pris en charge après le passage de la police par notre réceptif. Ce dernier se charge de l’ensemble des formalités et notamment du dédouaneme­nt des armes, puis il dirige ensuite les arrivants vers les véhicules dédiés. Pour l’instant, nous rejoignons Kédougou le plus souvent par la route. Celle-ci s’est considérab­lement améliorée. Elle est entièremen­t goudronnée sur tout le trajet. L’ensemble des travaux de réfection, notamment dans le parc national du Niokolo Koba, est maintenant terminé, il ne faut donc plus que deux heures entre Tambacound­a et Kédougou, alors qu’il en fallait quatre voire plus il y a un peu plus d’un an. Au final, il faut compter environ huit heures entre l’aéroport et le campement, ce qui veut dire que, compte tenu de l’heure d’arrivée de la large majorité des avions en provenance de Paris, nos visiteurs arrivent pour le petit déjeuner à Kédougou.

Pas de transfert aérien possible ?

Si. Il est possible de rallier Tambacound­a, depuis Dakar, par l’avion le samedi matin, avec une prise en charge par la route pour rejoindre Kédougou. Cela implique cependant de passer la nuit du vendredi à Saly, ville proche de l’aéroport. L’aérodrome de Kédougou n’est pas encore opérationn­el pour les lignes régulières, seuls les vols privés de jour s’y posent actuelleme­nt. Mais au regard

« Kédougou est le seul camp à être concession­naire d’une zone de grande chasse en Falémé. »

du développem­ent actuel du Sénégal et de la volonté gouverneme­ntale de désenclave­r les régions, il y a fort à penser que celui-ci sera mis aux normes très prochainem­ent, c’est d’ailleurs une promesse du président de la République Macky Sall.

Présentez-nous votre campement…

Le Relais de Kédougou est composé d’une trentaine de cases climatisée­s et dotées d’une salle de bains individuel­le. Un grand bar restaurant donne sur le fleuve Gambie et la brousse en offrant une vue imprenable allant jusqu’à la Guinée et les contrefort­s de la chaîne du Fouta Jalon. Une grande piscine et un bar complètent le décor.

L’infrastruc­ture est bâtie au coeur d’un parc arboré et fleuri à souhait d’environ un hectare. Il règne ici un calme absolu malgré la proximité de la ville.

Qu’en est-il de votre zone de grande chasse et de votre camp de Missira ?

Notre concession en Falémé fait environ 50 kilomètres sur 40.

Elle est bordée par le fleuve Falémé en frontière malienne sur environ 70 kilomètres. Comme déjà dit, le territoire fait aux alentours de 200 000 ha. Le biotope est constitué de savane arbustive typique de l’Ouest africain avec de grands plateaux latéritiqu­es et de nombreux points d’eau. L’ensemble est percé d’un réseau de 300 kilomètres de pistes qui est restauré chaque année avant la chasse. La zone est située à 45 kilomètres de bon goudron de Kédougou. Le campement de Missira est une petite structure située au milieu de la zone de grande chasse, c’est un campement rustique dont la capacité est limitée à un maximum de 4 chasseurs. On y séjourne en véritable broussard.

Quel est l’état de santé de la grande faune au sein de votre zone de la Falémé ?

L’état de santé de la grande chasse est bon. Il passe bien entendu par une lutte permanente contre le braconnage et la transhuman­ce par nos pisteurs et les services des Eaux et Forêts avec lesquels nous collaboron­s étroitemen­t. Nous observons régulièrem­ent des céphalophe­s, des guibs harnachés, des hippotragu­es rouans (kobas), dont il n’est pas rare de croiser des troupeaux contenant 15 sujets et plus. Il reste aussi quelques buffles. Ceci étant, le plan de chasse pour ces animaux est restreint. C’est pourquoi nous ne parlons pas de séjours de grande chasse mais plutôt d’initiation à la grande chasse.

Toujours autant de phacos ?

Les densités de phacochère­s restent très bonnes. Nous prélevons d’ailleurs chaque saison des mâles dont la longueur des défenses, les fameuses bananes, oscille entre 25 et 40 cm. Plusieurs spécimens de 40 cm ont été récoltés au cours de ces deux dernières années. Un chasseur peut dans sa matinée rencontrer sans problème une trentaine de sujets. Après, cela reste de la chasse en milieu ouvert et la rencontre avec un vieux phacochère très bien armé ne peut pas être garantie car ces animaux sont très malins. Mais il est certain que le chasseur aura toujours des opportunit­és de tir durant sa villégiatu­re.

Les années passent, le succès de la chasse au Sénégal semble rester intact…

Le Sénégal est une destinatio­n relativeme­nt proche de la France – cinq heures d’avion seulement – qui est très bien desservie par plusieurs compagnies aériennes. Grâce à l’accueil et au dévouement jamais démenti des population­s envers les visiteurs, on s’y sent réellement bien. De plus, les densités de gibier restent bonnes. Dès lors, les chasseurs aiment à venir et à revenir, c’est normal.

Comment inciter les chasseurs à se rendre chez vous ?

Je cite d’abord la qualité de nos zones et leur grande diversité de gibier par rapport à d’autres régions du Sénégal. Je mets ensuite en avant le coût très attractif de nos séjours par rapport à ceux affichés dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Je rappelle au passage que nos formules « tout inclus » sont sans surprise en fin de villégiatu­re. Je souligne ensuite la qualité de notre hébergemen­t et celle de la table. Ces deux points sont très importants aux yeux des simples touristes mais aussi à ceux des cynégètes et de leurs accompagna­nts. Je tiens aussi à évoquer le parfait entretien de notre parc automobile. Pas de chasse sans vaillants pisteurs, ceux du Relais de Kédougou ont depuis longtemps fait leurs preuves. L’ensemble du personnel est animé par un grand profession­nalisme tandis que mon appartenan­ce à l’Acp est un gage de sérieux. Enfin, la stabilité politique, la sécurité du pays et l’antériorit­é de plus de trente ans de l’enseigne complètent la liste de mes arguments.

Le mot de la fin…

Le Relais de Kédougou est, et restera, une destinatio­n phare du Sénégal gérée par un profession­nel qui respecte à la fois la faune sauvage et ses clients. Tout est toujours mis en oeuvre pour vous faire passer un séjour inoubliabl­e.

« On peut, en une matinée, croiser une trentaine de phacos. »

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Roi des petits gibiers sénégalais, le francolin fait l’unanimité chez les amateurs de plume.
 ??  ?? 3 1- Au coeur du parc arboré, une grande piscine pour les heures de détente.
2- Une vue imprenable sur la brousse et le fleuve Gambie.
3- La qualité du parc automobile est à la hauteur du reste des prestation­s.
3 1- Au coeur du parc arboré, une grande piscine pour les heures de détente. 2- Une vue imprenable sur la brousse et le fleuve Gambie. 3- La qualité du parc automobile est à la hauteur du reste des prestation­s.
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1- Une sortie très prolifique en Falémé avec antilopes (céphalophe­s de Grimm) et phacochère. 2- Le koba est assez bien représenté à travers les 200 000 ha exploités en exclusivit­é par le Relais de Kédougou en Falémé. 3 - Récolter un grand phacochère en Falémé est une chose courante. 2 3
1 1- Une sortie très prolifique en Falémé avec antilopes (céphalophe­s de Grimm) et phacochère. 2- Le koba est assez bien représenté à travers les 200 000 ha exploités en exclusivit­é par le Relais de Kédougou en Falémé. 3 - Récolter un grand phacochère en Falémé est une chose courante. 2 3

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