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Le président de Tanzanie, John Magufuli, a annoncé le 26 juillet dernier qu’il allait limiter la chasse dans la réserve du Selous. Pour ce faire, il a ordonné que le site soit divisé en deux parties égales, l’une se voyant réservée aux safaris photographiques.
« Des touristes viennent tuer nos lions mais nous ne bénéficions pas beaucoup de ces activités de chasse au trophée », a déclaré le président tanzanien. « Je veux que la réserve du Selous soit divisée en deux. Une plus grande partie de la réserve doit devenir un parc national où la chasse n’est pas autorisée. » Démagogie lorsque tu nous tiens…
Une annonce faite, comme par hasard, pendant l’inauguration des travaux de construction du projet hydroélectrique très controversé de Stiegler Gorge à l’intérieur de la réserve du Selous et vivement critiqué par l’Unesco (le site est inscrit au patrimoine mondial) et par des organisations de défense de la nature comme le WWF.
On parle en effet de 1 500 km2 et de
2,6 millions d’arbres détruits. Mais ce que les autorités tanzaniennes oublient également de dire, c’est qu’elles ont perdu gros lorsqu’en 2018 les deux plus grosses compagnies de safaris qui intervenaient sur place, en l’occurrence Tawisa (Tanganyika Wildlife Safari) et Tgts (Tanganyika Game Trackers Safaris), ont mis la clé sous la porte. Des opérateurs qui ne pouvaient plus faire face aux frais qu’ils engageaient pour préserver la faune et la biodiversité, alors même qu’on interdisait à leurs clients d’importer dans nombres de pays de la communauté européenne – dont la France mais aussi aux Usa – des trophées soumis à faibles quotas et établis par le pays et la Cites (lions et éléphants en l’occurrence). Des quotas infimes mais qui bénéficiaient à toute la faune ! Reste à démontrer que les safaris photos vont générer autant de fonds que les safaris chasse, que la faune et la flore vont s’y retrouver si des cohortes de véhicules naviguent en permanence sur le site, et que la mise en place d’équipes de protection
et de lutte antibraconnage va être aussi efficace qu’elle l’était auparavant !
Enfin, lorsque John Magufuli indique vouloir « rassurer tout le monde, ce projet vise plutôt à promouvoir l’environnement », avec pour principal argument qu’en fournissant de l’électricité aux populations locales, ces dernières n’auront plus besoin de couper du bois dans la forêt pour pouvoir cuisiner, on est en droit de se poser des questions ! Tous ceux en effet qui ont eu la chance d’aller en Tanzanie mais aussi dans les autres pays d’Afrique le savent : les moyens de cuisson électrique sont encore très peu répandus voire quasi inexistants sur le continent… Encore une bien belle leçon de démagogie ! Reste le nom du site. Pourquoi en effet ne pas le changer puisque Frederick Courtney Selous, explorateur-chasseur, fut aussi guide de chasse ? Et pas des moindres puisqu’il fut celui qui guida le président Théodore Roosevelt et son fils Kermit dans leur safari en Afrique de l’Est, au Congo et en Égypte.