Battue : Browning Bar MK3 Reflex
LE TIR DE BATTUE DEVIENT RÉFLEXE
Avec un mini point rouge monté à la place de la hausse et au ras du canon, Browning réinvente presque l’arme de battue et son optique. Promise à un bel avenir, la Bar MK3 Reflex devrait séduire tous ses utilisateurs et leur offrir des pourcentages de tirs réussis revus… à la hausse !
Elle a beau avoir 53 ans, avoir subi plusieurs liftings, elle conserve intacts ses charmes. Mieux même, au fur et à mesure des interventions elle a perdu du poids, elle s’est affinée, embellie et est aujourd’hui sans doute plus attirante qu’il y a vingt ans. Des coups de bistouri intelligents lui ont redonné une ligne et des courbes aguicheuses, ainsi qu’un sex-appeal qu’elle n’avait pas forcément à ses débuts. Elle reste une référence et une valeur sûre à laquelle on mesure le potentiel des petites nouvelles… Elle, ce n’est pas une actrice américaine, mais la Browning Bar, la carabine semi-automatique la plus vendue chaque année depuis cinq décennies et produite au total à plus d’un million d’exemplaires. Pour ses défenseurs et aficionados, la Bar est « la » carabine de battue ultime. La meilleure dans ce rôle spécifique. La plus maniable, la plus vive et celle dont la puissance de feu est à la fois la plus forte et la plus rapide. Elle domine le secteur des armes semi-automatiques rayées depuis toujours. C’est pour toutes raisons que la Bar occupe une place prépondérante au sein de la gamme Browning. Elle est la star incontournable, celle qu’il faut faire évoluer ou doter des améliorations et inventions maison. Cette année, la grande nouveauté chez Browning c’est le système Reflex, un point rouge miniature et surtout très bas que l’on peut fixer sur le canon de l’arme en lieu et place de la hausse. Quelle arme devait-on en doter ? La Bar bien sûr. Certes cette innovation est proposée aussi sur la Maral, mais c’est surtout sur la MK3, l’une des
dernières moutures de la Bar, qu’on la retrouve puisque deux versions droitier et une version gaucher en disposent. Mais surtout, le système Reflex est proposé en kit de conversion ou Rétro Kit, pour toutes les Bar existantes. En clair, si vous disposez déjà d’une Bar, vous pourrez la transformer en modèle Reflex en achetant pour 550 € le point rouge et le système de fixation. Une initiative rare qui récompense les clients fidèles. Le système Reflex repose sur deux éléments : un point rouge Kite, le K1 dévoilé en mars dernier lui aussi, et un montage spécifique, placé ni trop près ni trop loin de l’oeil.
Le K1 est un collimateur fenêtre miniature en aluminium de 36 g. Il est dépourvu de toute parallaxe et dispose de 11 niveaux d’illumination commandés par deux boutons, un plus et un moins, placés sur le côté gauche de l’optique près de la fenêtre. Pour l’allumer on presse un des deux boutons, pour l’éteindre les deux en
même temps durant 3 secondes. Le + est le plus près du tireur, c’est intelligent car si l’on peut toujours tirer avec une illumination trop forte, c’est impossible lorsque le point est à peine visible. D’où l’intérêt d’accéder rapidement au bouton +.
Point rouge mini et pile dans un tiroir
Autre bon point, la pile lithium de type CR 2032 est logée dans un tiroir côté droit et non sous l’appareil, son remplacement sera aisé et ne vous obligera pas à un démontage complet ni à un nouveau réglage. Pour préserver la pile, un rupteur va couper l’illumination après trois heures sans action sur un bouton de commande. Le point rouge mesure 2 Moa, soit 3 cm à 50 m. Enfin, le K1 coûte 429 € avec son embase Weaver. Sur notre Bar, il est positionné à un peu plus de 45 cm de l’oeil, au niveau de l’emplacement habituel d’une hausse de visée. Précisons qu’il n’y a ni hausse ni guidon sur la Bar Reflex. Le montage du point rouge est long, caréné et possède sur sa base une forme légèrement convexe. Logique, elle est littéralement posée sur le canon dont elle épouse la forme, entre le fort diamètre de la chambre et celui de la partie terminale. Si vous m’avez bien suivi, cela signifie que le point rouge est positionné sur un plan plus bas que celui du sommet du boîtier de culasse. Ainsi la visée de votre oeil est placée au centre de la fenêtre du collimateur, tandis que le point rouge ne déborde guère de l’arme, à peine plus qu’une hausse traditionnelle. La preuve c’est que vous pourrez installer une lunette par la suite à l’aide d’un montage fixe ou amovible car il est encore possible de tirer avec le point rouge sans retirer la lunette. Autre avantage de ce dispositif, nul besoin d’opter pour un busc amovible qui, outre son coût, ajoute du poids à l’arme. Enfin, cette faible hauteur et sa parfaite intégration à l’arme rendent le kit Reflex discret et finalement à peine visible. Sur le plan technique, notre MK3 Reflex est avant tout une Bar avec ses qualités et ses choix techniques validés par plus d’un million d’utilisateurs et des centaines de millions de balles tirées. La carcasse en alliage, assez haute, est typique et recouverte d’une finition noire légèrement satinée d’une extrême sobriété. Elle abrite la culasse mobile qui se verrouille par sept tenons en tête et qui est mue par un système à emprunt de gaz. Une culasse inchangée depuis 53 ans, synonyme de fiabilité. Le pontet en alliage abrite la superbe détente Super Feather Trigger Browning, nette et franche, très agréable en battue comme à l’affût même si ce n’est pas sa vocation première. Le canon de notre arme est flûté et mesure 53 cm, la norme chez Browning pour les semi-automatiques désormais. Ce canon court possède des vertus en battue où la maniabilité et la vivacité de l’arme sont des critères essentiels. Par contre ces dimensions réduites ne conviennent pas aux cartouches magnums, notamment, qui ont besoin de plus de longueur pour brûler toute leur poudre. Dommage car notre Bar MK3 Hunter Reflex est chambrée pour deux cartouches, le .30-06 mais aussi le fameux .300 Win Magnum, à qui il manquera au minimum 7 cm. Vous l’aurez compris, je ne saurais trop vous conseiller de privilégier le .30-06, plutôt qu’un .300 Win Mag tronqué. Mais reconnaissons aussi qu’il est dommage que Browning ne nous propose pas le 9,3x62, même si comme nous le verrons, on le trouve sur l’autre Bar Reflex, la MK3 Composite HC.
Le sommet de la carcasse reçoit deux groupes de deux vis qui permettront d’installer un montage optique pour une lunette de tir ou pour fixer le très pratique rail Nomad distribué par Browning qui permet, en achetant une embase pour chacune de ses armes, de disposer d’une seule lunette.
6 cales pour ajuster la crosse
Le chargeur s’engage sous la carcasse. Il pivote vers l’avant et bascule en pressant une détente logée devant du pontet. Il peut être chargé facilement même si charger une carabine semi-automatique n’est pas des plus faciles ou des plus sécuritaires. La planchette élévatrice est rouge, ainsi lorsque le chargeur est vide vous le voyez mais vos proches aussi, c’est pratique entre deux traques. La crosse de la version Hunter est tout bois. Il s’agit d’un noyer turc deux étoiles simple mais rehaussé par une teinte caramel du plus bel effet. Le busc est droit, la poignée pistolet légèrement renflée et le long devant favorisent une bonne prise en main de l’arme. La crosse peut être personnalisée ou ajustée à votre morphologie avec les 6 cales de pentes et avantages livrées qui s’insèrent entre la crosse et la carcasse. De plus trois plaques de couche sont également fournies avec l’arme. Elles mesurent 12, 20 et 25 mm, ce qui permet d’avoir au choix trois longueurs de crosse : 35,2, 36 et 36,5 cm. Avec un intercalaire de 7 mm existant, il est possible d’augmenter encore le nombre de combinaisons et d’avoir une crosse un peu plus longue.
Ces plaques de couche faciles à déposer ont un autre intérêt. En début de saison, lorsque l’épaisseur de vêtement est moindre, votre crosse peut vous sembler un peu courte, aussi en jouant avec les trois longueurs offertes vous pourrez l’allonger légèrement, assez pour viser et tirer dans de bonnes conditions.
Deux Bar, une Maral en mode Reflex
Les trois plaques de couche sont de type Inflex II, une plaque spécialement mise au point par Browning pour réduire le recul tout en limitant le relèvement du canon entre deux tirs. Ceci afin de vous permettre d’enchaîner plus rapidement les tirs en restant en ligne et en contact visuel de votre gibier entre deux cartouches. Une autre façon de bénéficier de l’avantage procuré par le point rouge bas.
Avant de découvrir notre MK3 Hunter sur le terrain, sachez que Browning a doté de ce dispositif trois de ses carabines de battue, deux Bar MK3 – la nôtre en version droitier et gaucher – mais aussi la Composite CF HC à crosse composite à effet carbone tissé anthracite et grip de préhension noir en version droitier seulement. On retrouve la mécanique et la canonnerie de notre arme d’essai mais avec un armeur sur le col de crosse et une offre de calibres différente puisque si le .30-06 est toujours présent il est associé au .308 Win et au 9,3x62. Le prix est le même, 2199 €.
La troisième carabine à bénéficier du système Reflex est une Maral. Là encore, c’est une version Composite CF HC qui a été retenue et en droitier. On retrouve la crosse composite à effet carbone tissé anthracite et grip de préhension noir et l’armeur de sécurité sur le col de crosse déjà mentionnés. Elle est chambrée pour le .30-06 et le .300 Win. Mag., son canon de 51 cm est flûté et fileté (14x1). Elle coûte 2349 €.
Pour jauger de la qualité du système Reflex, nous avons effectué une série de tirs sur sanglier courant ; l’objectif de ce montage étant la rapidité de mise en route et de tirs, nous avons cherché à tirer trois fois sur une traversée de cible mais avec un résultat probant à la clé. Auparavant un tir sur cible a prouvé l’extrême précision de l’ensemble. Il n’y a pas vraiment de suspense, à plusieurs reprises les trois balles ont été tirées sur la cible mobile et presque à chaque fois les impacts furent bien placés. Dès que l’on vise avec la Bar Reflex, on constate que le point rouge est au plus près de l’axe du canon et au plus
bas sur l’arme. La sensation au tir est comparable avec celle d’un tir sans optique, autrement dit avec de simples organes de visée ouverte. Le confort est total et la joue et la pommette sont écrasées sur le busc. La visée est non seulement facile, elle est de plus extrêmement rapide. Le bilan de ce test est très positif. On est immédiatement en phase avec l’arme, la période d’acclimatation étant réduite à la première balle tout au plus. On sent que ce que l’on tient dans les mains est un outil efficace, maniable, performant et surtout rapide et précis. Une carabine éprouvée, fiable, sûre, qui avec ce dispositif très bien conçu rajeunit encore et reste l’une des plus efficaces dans son rôle d’arme de battue. Pas sûr qu’avec de telles innovations la Bar prenne un jour sa retraite, au contraire, la quinquagénaire a tous les atouts pour devenir une fringante centenaire.