Connaissance de la Chasse

Loup: le doute persiste

UNE ASSOCIATIO­N VOULANT SAVOIR

- par Olivier Buttin

Persuadée que les chiffres annoncés concernant les population­s de loups en France sont en deçà de la réalité, une associatio­n a vu le jour pour informer tant sur ces population­s qu’au sujet de tout ce qui entoure le retour de Canis lupus. Son nom : ILOUPDEV, pour Impact du loup sur le développem­ent durable.

Créée par Frank Reynier, ILOUPDEV est l’émanation de plusieurs passionnés de la nature qui viennent de mondes complèteme­nt différents : promeneurs, élus, vététistes, éleveurs, touristes, sportifs, chasseurs… Des personnes qui vivent au contact de la nature, ou qui en jouissent lors de leur temps libre. Des personnes qui ont en commun un sentiment de révolte, le refus de la situation actuelle et la volonté de faire changer les choses. Des hommes et des femmes qui veulent dénoncer « le système de désinforma­tion bien organisé qui va à l’encontre de ce que l’on constate sur le terrain et de la réalité », indique Lionel Villard (en photo), membre du bureau de l’associatio­n. Car, poursuit-il, « le phénomène prend de l’ampleur et va bientôt concerner tout le territoire, plaines et périphérie­s de villes comprises. C’est déjà le cas dans des grandes villes comme Aix-en-Provence, Nice, Grenoble, Fréjus, Sisteron, Valence. Sans compter que les attaques augmentent de façon exponentie­lle sur les moutons, chèvres, veaux, génisses, ânes et chevaux, en plus de la faune sauvage. Il faut d’ailleurs rappeler à ce sujet que les loups ont quasi exterminé les mouflons. Quant aux population­s de chamois, de chevreuils et de cervidés, elles ont baissé considérab­lement. »

Plus de 6000 loups dans dix ans ?

Et notre homme d’indiquer : « Tout le monde est impacté. Si certains éleveurs abandonnen­t leur passion, les autres se retrouvent obligés de posséder des chiens de protection (parfois 10 à 15) pour protéger leurs troupeaux. Mais malgré cela, les attaques continuent, même en plein jour ! Quant à ces chiens, ils deviennent eux-mêmes un problème

car ils font peur à tous les acteurs de la montagne et des plaines (23 attaques cette année contre des promeneurs). À tel point qu’il est fortement déconseill­é de cheminer aux abords des zones de pâture, et des maires commencent à prendre des arrêtés pour interdire des secteurs qualifiés de dangereux, voire fermer certains chemins de randonnée. » « Où va-t-on ? s’indigne Lionel Villard. On nous annonce 500 loups en France, là où tous les observateu­rs qui pratiquent la nature en dénombrent le double, si ce n’est le triple. Si on estime la population à 1000 loups en France, et si on considère que l’espèce croît de 20 % par an, l’an prochain c’est 1 200 loups. Extrapolon­s à 5 ans, c’est environ 2500 individus. À 10 ans : plus de 6 000 ! Certains rétorquero­nt que les services de l’État proposent des prélèvemen­ts. Oui, c’est vrai, mais malheureus­ement, ils sont basés sur des données erronées et inférieure­s au taux d’accroissem­ent. Et que dire du coût du loup aujourd’hui en France : environ 70 millions d’euros par an, financés par le ministère de l’Agricultur­e. L’objectif principal de notre associatio­n est donc de créer un contrepouv­oir, d’informer afin de communique­r sur les vrais chiffres, de dénoncer les lâchers clandestin­s, de faire reconnaîtr­e officielle­ment l’hybridatio­n de la race, et surtout, d’informer sur ce qui risque de se produire si le cap ne change pas. Avec, bien évidemment la volonté de défendre les valeurs rurales, le bon sens, la nature tout comme les gens de terrain qui pratiquent cette dernière et l’entretienn­ent. Notre impact ne doit pas se cantonner à nos montagnes, à notre région du Sud-Est. Le défi est national, et même européen. Et notre action doit passer par de la communicat­ion, par voie de presse, par les réseaux sociaux, par des conférence­s, des rencontres comme celle que nous avons organisée à Villard-de-Lans (Isère)

et qui a réuni plus de 300 personnes, dans le respect de tous sur l’objectif d’une régulation adaptée au territoire. Arguments contre arguments, nous sommes prêts à débattre en toute transparen­ce. »

Prise de conscience générale

« Heureuseme­nt les choses bougent, La tendance semble être à une prise de conscience générale du problème loup. On peut le voir au travers des nombreux articles publiés, des discours politiques plus réalistes, de la loi du silence qui tend à disparaîtr­e dans nos montagnes. C’est donc plus que jamais le bon moment pour agir ensemble. »

Et Frank Reynier, président d’ILOUPDEV, de conclure : « Aujourd’hui, grâce à la venue de nouveaux membres compétents et motivés, le nouveau bureau d’ILOUPDEV s’étoffe pour élargir son champ de communicat­ion et d’actions. Il faut sortir de l’émotion pour entrer dans la raison. »

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 ??  ?? Triste fin pour un chien de chasse (à gauche). Chien de protection muni de son collier anti-loups (à droite).
Triste fin pour un chien de chasse (à gauche). Chien de protection muni de son collier anti-loups (à droite).
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1- Villard-de-Lans (Isère), biche ayant expulsé son faon avant d’être dévorée. 2- Les meutes n’épargnent pas non plus les pays de Savoie. 3- Chamois du Vercors attaqué en plein hiver.
4- Les loups attaquent aussi les sangliers mâles, comme ici à Arnayon dans la Drôme.
1 3 2 4 1- Villard-de-Lans (Isère), biche ayant expulsé son faon avant d’être dévorée. 2- Les meutes n’épargnent pas non plus les pays de Savoie. 3- Chamois du Vercors attaqué en plein hiver. 4- Les loups attaquent aussi les sangliers mâles, comme ici à Arnayon dans la Drôme.

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