L’Île du dernier homme
roman de Bruno de Cessole
des Hébrides dites intérieures, le grand écrivain George Orwell y séjourna en 1946, après le décès de son épouse et la parution de La Ferme des animaux. Et c’est à Jura qu’Orwell, malade, écrit un autre roman. Il songe à l’intituler Le Dernier Homme en Europe. Finalement il sera publié sous le titre de 1984. Le grand écrivain avait aimé ce havre de paix, habité par quelques hommes, et plus encore par les innombrables cerfs, oiseaux de mer et moutons.
La paix, c’est également ce trésor qu’est venu chercher ici Saint-Réal, journaliste français spécialiste du Proche-Orient dans le civil, chasseur dans le privé. Ces derniers temps, il s’intéresse particulièrement à la mouvance islamiste. Le roman débute sur sa quête de l’info, une quête du sens aussi. Saint-Réal de s’interroger, de façon sous-jacente, sur l’évolution du monde occidental.
Les fanatiques islamistes ne se posent pas de questions, et poussent leurs pions de façon plus ou moins spectaculaire, violente. Le roman cède rapidement la place au polar, mais aussi au document, tant le récit est concret, sourcé, crédible. Le cauchemar peut être réalité.
Au large de Jura, la belle Deborah vit sa vie d’agent de renseignement anglais. Un peu désabusée tel Saint-Réal. La piste de l’un le mène en Syrie, puis leurs chemins se croiseront. De façon imperceptible, parfaite et diabolique, une mécanique implacable s’enclenche. Le journaliste, limier par définition, devient gibier. Les prédateurs sont multiples. Alors que notre cerf erre dans les moors, un aigle survole le site. Bruit de roches, cliquetis de munitions. Le cauchemar reprend. Écrivain, journaliste au sein de la rédaction de notre confrère Jours de Chasse, chasseur, voyageur, fin observateur de ses contemporains, Bruno de Cessole dépose ici ou là impressions, réflexions et pressentiments. Terribles brisées. Le ferry n’attend pas, embarquez pour Jura. 426 pages, 21,90 €, Albin Michel, en librairie