Remington Seven: courte, légère, simple, bon marché et fonctionnelle
COURTE, LÉGÈRE, SIMPLE, BON MARCHÉ ET FONCTIONNELLE
La petite Seven est l’ancêtre des carabines light et ultra light du marché. Fiable, éprouvée, cette carabine est déclinée cette année en une nouvelle version composite, basique et économique.
La petite Seven est l’ancêtre des carabines light et ultra light du marché actuel. Fiable, éprouvée, construite avec la rationalité Remington, cette carabine est déclinée cette année en une nouvelle version composite, basique et économique mais qui n’a perdu aucune de ses qualités d’origine.
L’histoire des carabines de chasse se résume parfois à une longue liste de noms et de chiffres traduisant une année de fabrication et un concepteur. Dans l’arbre généalogique complet de toutes les armes rayées du marché on trouve, au niveau des racines, un ersatz de Mauser 98 qui, au fil du temps, de modifications légères en changements notables, a permis d’arriver au modèle qui nous intéresse au sommet des plus fines branches. Toutes les armes rayées du marché, ou presque… Car l’origine de la Seven est différente. Ce n’est pas une arme d’épaule mais une arme de poing qui a donné directement naissance à la Seven en 1983. Un pistolet à un coup et à culasse pivotante conçu néanmoins pour la chasse, puisqu’outre-Atlantique c’est possible et parfaitement légal. Le XP100, c’est le nom de cette arme, était dérivé des modèles 600 et 660. Deux carabines Remington assez moches, avouons-le, à crosse en bois lamellécollé assez rudimentaire, munies d’un court levier d’armement victime d’arthrose au point de ressembler à une « patte de lapin » – son surnom aux Usa. Vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’avec de tels atouts, la 600 et la 660 n’ont pas rencontré le succès. Aussi avec cet attelage de géniteurs, on se dit que le succès de la Seven n’était pas gagné d’office, comme sa réussite esthétique d’ailleurs. Et pourtant, cette petite carabine a souvent été citée pour l’élégance de ses lignes dans sa version bois classique. D’ailleurs ma première rencontre avec la Seven remonte au début des années 1990. Rivolier, l’importateur de la marque en France, avait eu la bonne idée de proposer une version bois et stutzen de cette arme née aux Usa peu avant et qui tardait à s’y faire une place enviable. Ce n’était pas encore la vogue des carabines allégées et chez la firme d’Ilion, le modèle 700, produit depuis sa création en 1962 à plus de 5 millions d’exemplaires, focalisait déjà tous
À l’origine de la petite Seven, un pistolet à un coup et à culasse pivotante.
les regards et concentrait toutes les capacités de production, ou presque. Avec cette version stutzen, très européenne, la Seven avait réussi son entrée sur le marché français en dépit de calibres alors jugés un peu légers, puisque l’on y trouvait le .243 Winchester ou encore le 7-08 Remington, alors que le .308 Winchester nous était encore interdit et tandis que la chasse à l’approche n’était pas aussi pratiquée qu’aujourd’hui.
À l’origine était le 7-08 Rem
Cette carabine, en 7-08, était devenue l’arme préférée d’une de mes amies qui, en dépit des propos souvent machistes de ses voisins lors du rond central le matin – lesquels jugeaient, du haut de leur expérience, cette carabine trop petite, son calibre anémique et sa lunette, une 1,5-6x42 Schmidt & Bender, au contraire trop forte –, réalisait régulièrement des tirs parfaits qui roulaient comme à la fête foraine les sangliers même les plus gros et les plus rapides. Bref, Remington aurait pu vérifier à ses dépens qu’il est toujours préjudiciable d’avoir raison trop tôt mais il n’en fut rien puisque la Seven existe toujours 37 ans après ses dé
buts et est proposée dans une nouvelle déclinaison à crosse composite noire qui, malheureusement, vient tenir compagnie au sein du catalogue du distributeur français à l’ultime modèle bois, chambré en .243 Winchester et vendu 1800 euros contre 1132 euros pour celui que nous vous présentons ce mois-ci, ainsi qu’à une version Predator Camo en .243 Win vendue 1020 euros. 37 ans après sa naissance, la Seven est encore une des plus petites carabines du marché. On peut la considérer, sans lui faire injure ou passer trop loin du but, comme une mini modèle 700. Elle emprunte à sa glorieuse devancière son boîtier de culasse quasi cylindrique, facile et économique à fabriquer. Un boîtier qui est en fait une action courte. Voilà pourquoi longtemps la liste de cartouches proposées fut aussi réduite au sens propre comme au sens figuré. La Seven ne pouvait guère prétendre à d’autres registres que le tir des nuisibles, du brocard ou du chamois. Un champ d’applications dont le .308 Winchester, le remarquable 6,5 Creedmoor ou encore le .350 Remington magnum repoussent désormais les limites. Trois calibres qui sont d’ailleurs proposés aux Usa mais pas encore en France puisque notre nouveauté n’existe qu’en .243 et .308 Winchester dans le catalogue Rivolier, à quand le 6,5 Creedmoor ? Historiquement, la Seven possédait un canon de 56 cm, une longueur jugée somme toute réduite à ses débuts. Aujourd’hui, ce nouveau modèle se pare d’un canon 5 cm plus court, puisque dans les deux calibres proposés il culmine à seulement 51 cm. C’est suffisant pour le .308 Win mais à mon avis un peu juste pour le .243. La différence de longueur totale entre la Seven et sa grande soeur la 700 passe ainsi à 11 cm avec une longueur totale de seulement 98 cm pour ce petit modèle. Ce sont les dimensions par exemple d’une Mauser 66 stutzen, une arme qui lors de sa sortie en 1965 était la plus courte du marché. Là s’arrête par contre la comparaison en termes de mesures et de poids, car si la Mauser 66 était courte, elle était aussi massive, alors que l’américaine passe souvent sous la barre des 2,8 kg. Est-ce que notre version à crosse composite sera aussi légère ? Le poids de notre Seven, sans sa grosse lunette Zeiss V4 3-12x56, s’affiche sur la balance : 2,690 kg !
Notre Seven est entièrement noire. La crosse composite est assortie au bronzage noir mat de la mécanique et du canon. Une crosse assez basique, réalisée en plastique injecté et sur laquelle un grip granuleux a été surmoulé au niveau des zones de préhension. La poignée dans son ensemble et le devant du fût, dans l’entièreté de sa partie basse, sont ainsi recouverts. Le reste de la crosse est uniforme, lisse et sans aucune découpe, joue ou filet. Le parti pris de Remington a été de faire simple et efficace. La crosse n’est pas non plus revêtue d’un quelconque vernis Softtouch ou Duratouch. De fait elle résonne un peu mais sans exagération. À la différence de ce qui se fait chez de nombreux fabricants américains, le pontet ne fait pas partie intégrante de la crosse et n’est donc pas réalisé en matière plastique. Il est tiré d’un alliage d’aluminium, sans doute de l’ergal, et est vissé sur la crosse.
Il assure aussi le verrouillage de la trappe de magasin basculante qui, elle, est réalisée en acier. Une trappe que l’on ouvre en pressant le poussoir logé devant le pontet, ce qui permet de libérer le grand ressort à lames et la planchette élévatrice et d’avoir ainsi accès aux trois cartouches contenues dans le magasin. Vous l’aurez compris, pas de chargeur amovible ici et une contenance de quatre cartouches lorsqu’une des munitions est préalablement chambrée. La crosse se termine par un fût rond et de l’autre côté par une plaque de couche noire de 20 mm. Le canon de notre Seven possède un profil classique, rond et un diamètre relativement fin de 14,5 mm. Une économie de matière et donc de poids a été réalisée ici. Arme américaine oblige, vous ne trouverez pas d’organe de visée ouverte ici, il faudra obligatoirement vous équiper d’une lunette, mais après tout il s’agit d’une carabine d’approche voire d’affût et donc de tirs assez éloignés. La mécanique de notre arme est inchangée depuis la naissance de la Seven et même depuis celle du modèle 700 qu’elle duplique quasiment mais à une échelle réduite. Le boîtier rond et à deux ponts abrite une culasse mobile à deux tenons de sécurité à l’avant qui se verrouillent par
une rotation de 90 degrés du levier. La boule du levier est légèrement ovale et quadrillée dans sa partie renflée. Elle remonte un peu haut à l’ouverture, ce qui vous gênera peutêtre si vous voulez fixer votre lunette au plus près de l’axe du canon. La racine du levier d’armement vient, à la fermeture, jouer le rôle de tenon de sécurité en s’engageant dans une découpe du boîtier. La tête de culasse est en cuvette. Elle comporte le traditionnel éjecteur piston à ressort et un extracteur inséré. Il ne s’agit pas d’une griffe mais d’un ergot engagé dans la paroi de la cuvette de la tête de culasse. La noix de culasse est de taille réduite et l’enfoncement de la racine du percuteur joue le rôle d’indicateur d’armement.
Une détente de grande qualité
À sa droite, derrière le levier d’armement, se trouve la sécurité à deux positions. Comme sur le modèle 700 la mécanique est rendue solidaire de la crosse par deux vis et une entretoise de recul. Cette dernière n’est pas taillée dans la masse du boîtier, c’est en fait une plaque d’acier de 4 mm d’épaisseur trouée pour laisser passer le canon, et coincée entre ce dernier et le boîtier lors de l’assemblage de l’arme. La partie inférieure de l’entretoise forme un bloc carré qui vient s’ancrer dans une découpe interne de la crosse, l’anneau de métal que l’on trouve entre le boîtier et le canon est la partie supérieure de cette entretoise. Il est temps à présent de tester notre Seven. Pour cet essai nous disposions de balles Core-Lokt de 150 gr. Une première cartouche est chambrée tandis que les trois suivantes sont glissées dans le magasin. À noter, la fenêtre d’éjection a été considérablement ouverte afin de gagner du poids, ce qui facilite grandement les opérations de chargement. La première balle est tirée dans la butte de terre pour flamber le canon, les suivantes seront tirées dans la cible sur appui. Les départs sont incroyablement bons. La détente directe X-Mark Pro qui équipe notre arme est typique de ce qui se fait aux Usa. Elle est de plus réglable au moyen d’une clé allen puisqu’une vis orne la courbure de la détente. Mais telle qu’elle est de série, cette détente est remarquable, je n’y toucherai pas. Le fonctionnement de la carabine est exempt de tout reproche. Certes la Seven est une carabine à l’ancienne, à deux tenons de verrouillage avant et massifs, il faut donc « lui rentrer dedans » lorsqu’on réarme, mais cela se fait sans forcer exagérément et avec beaucoup de facilité car il n’y a pas de jeu à la fermeture grâce à la faible longueur de la culasse. Le groupement obtenu avec les balles suivantes est moyen il aurait fallu essayer avec d’autres cartouches que je n’avais pas. Finalement cette carabine, économique, fiable et éprouvée, se moque des années et se comporte toujours aussi bien. Bien sûr elle n’est pas linéaire ou tactique mais elle s’avère maniable, légère et fiable. C’est un peu la preuve par 7 des qualités de cette Seven.