Connaissance de la Chasse

Remington Seven: courte, légère, simple, bon marché et fonctionne­lle

COURTE, LÉGÈRE, SIMPLE, BON MARCHÉ ET FONCTIONNE­LLE

- par Laurent Bedu (texte) et Bruno Berbessou (photos)

La petite Seven est l’ancêtre des carabines light et ultra light du marché. Fiable, éprouvée, cette carabine est déclinée cette année en une nouvelle version composite, basique et économique.

La petite Seven est l’ancêtre des carabines light et ultra light du marché actuel. Fiable, éprouvée, construite avec la rationalit­é Remington, cette carabine est déclinée cette année en une nouvelle version composite, basique et économique mais qui n’a perdu aucune de ses qualités d’origine.

L’histoire des carabines de chasse se résume parfois à une longue liste de noms et de chiffres traduisant une année de fabricatio­n et un concepteur. Dans l’arbre généalogiq­ue complet de toutes les armes rayées du marché on trouve, au niveau des racines, un ersatz de Mauser 98 qui, au fil du temps, de modificati­ons légères en changement­s notables, a permis d’arriver au modèle qui nous intéresse au sommet des plus fines branches. Toutes les armes rayées du marché, ou presque… Car l’origine de la Seven est différente. Ce n’est pas une arme d’épaule mais une arme de poing qui a donné directemen­t naissance à la Seven en 1983. Un pistolet à un coup et à culasse pivotante conçu néanmoins pour la chasse, puisqu’outre-Atlantique c’est possible et parfaiteme­nt légal. Le XP100, c’est le nom de cette arme, était dérivé des modèles 600 et 660. Deux carabines Remington assez moches, avouons-le, à crosse en bois lamellécol­lé assez rudimentai­re, munies d’un court levier d’armement victime d’arthrose au point de ressembler à une « patte de lapin » – son surnom aux Usa. Vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’avec de tels atouts, la 600 et la 660 n’ont pas rencontré le succès. Aussi avec cet attelage de géniteurs, on se dit que le succès de la Seven n’était pas gagné d’office, comme sa réussite esthétique d’ailleurs. Et pourtant, cette petite carabine a souvent été citée pour l’élégance de ses lignes dans sa version bois classique. D’ailleurs ma première rencontre avec la Seven remonte au début des années 1990. Rivolier, l’importateu­r de la marque en France, avait eu la bonne idée de proposer une version bois et stutzen de cette arme née aux Usa peu avant et qui tardait à s’y faire une place enviable. Ce n’était pas encore la vogue des carabines allégées et chez la firme d’Ilion, le modèle 700, produit depuis sa création en 1962 à plus de 5 millions d’exemplaire­s, focalisait déjà tous

À l’origine de la petite Seven, un pistolet à un coup et à culasse pivotante.

les regards et concentrai­t toutes les capacités de production, ou presque. Avec cette version stutzen, très européenne, la Seven avait réussi son entrée sur le marché français en dépit de calibres alors jugés un peu légers, puisque l’on y trouvait le .243 Winchester ou encore le 7-08 Remington, alors que le .308 Winchester nous était encore interdit et tandis que la chasse à l’approche n’était pas aussi pratiquée qu’aujourd’hui.

À l’origine était le 7-08 Rem

Cette carabine, en 7-08, était devenue l’arme préférée d’une de mes amies qui, en dépit des propos souvent machistes de ses voisins lors du rond central le matin – lesquels jugeaient, du haut de leur expérience, cette carabine trop petite, son calibre anémique et sa lunette, une 1,5-6x42 Schmidt & Bender, au contraire trop forte –, réalisait régulièrem­ent des tirs parfaits qui roulaient comme à la fête foraine les sangliers même les plus gros et les plus rapides. Bref, Remington aurait pu vérifier à ses dépens qu’il est toujours préjudicia­ble d’avoir raison trop tôt mais il n’en fut rien puisque la Seven existe toujours 37 ans après ses dé

buts et est proposée dans une nouvelle déclinaiso­n à crosse composite noire qui, malheureus­ement, vient tenir compagnie au sein du catalogue du distribute­ur français à l’ultime modèle bois, chambré en .243 Winchester et vendu 1800 euros contre 1132 euros pour celui que nous vous présentons ce mois-ci, ainsi qu’à une version Predator Camo en .243 Win vendue 1020 euros. 37 ans après sa naissance, la Seven est encore une des plus petites carabines du marché. On peut la considérer, sans lui faire injure ou passer trop loin du but, comme une mini modèle 700. Elle emprunte à sa glorieuse devancière son boîtier de culasse quasi cylindriqu­e, facile et économique à fabriquer. Un boîtier qui est en fait une action courte. Voilà pourquoi longtemps la liste de cartouches proposées fut aussi réduite au sens propre comme au sens figuré. La Seven ne pouvait guère prétendre à d’autres registres que le tir des nuisibles, du brocard ou du chamois. Un champ d’applicatio­ns dont le .308 Winchester, le remarquabl­e 6,5 Creedmoor ou encore le .350 Remington magnum repoussent désormais les limites. Trois calibres qui sont d’ailleurs proposés aux Usa mais pas encore en France puisque notre nouveauté n’existe qu’en .243 et .308 Winchester dans le catalogue Rivolier, à quand le 6,5 Creedmoor ? Historique­ment, la Seven possédait un canon de 56 cm, une longueur jugée somme toute réduite à ses débuts. Aujourd’hui, ce nouveau modèle se pare d’un canon 5 cm plus court, puisque dans les deux calibres proposés il culmine à seulement 51 cm. C’est suffisant pour le .308 Win mais à mon avis un peu juste pour le .243. La différence de longueur totale entre la Seven et sa grande soeur la 700 passe ainsi à 11 cm avec une longueur totale de seulement 98 cm pour ce petit modèle. Ce sont les dimensions par exemple d’une Mauser 66 stutzen, une arme qui lors de sa sortie en 1965 était la plus courte du marché. Là s’arrête par contre la comparaiso­n en termes de mesures et de poids, car si la Mauser 66 était courte, elle était aussi massive, alors que l’américaine passe souvent sous la barre des 2,8 kg. Est-ce que notre version à crosse composite sera aussi légère ? Le poids de notre Seven, sans sa grosse lunette Zeiss V4 3-12x56, s’affiche sur la balance : 2,690 kg !

Notre Seven est entièremen­t noire. La crosse composite est assortie au bronzage noir mat de la mécanique et du canon. Une crosse assez basique, réalisée en plastique injecté et sur laquelle un grip granuleux a été surmoulé au niveau des zones de préhension. La poignée dans son ensemble et le devant du fût, dans l’entièreté de sa partie basse, sont ainsi recouverts. Le reste de la crosse est uniforme, lisse et sans aucune découpe, joue ou filet. Le parti pris de Remington a été de faire simple et efficace. La crosse n’est pas non plus revêtue d’un quelconque vernis Softtouch ou Duratouch. De fait elle résonne un peu mais sans exagératio­n. À la différence de ce qui se fait chez de nombreux fabricants américains, le pontet ne fait pas partie intégrante de la crosse et n’est donc pas réalisé en matière plastique. Il est tiré d’un alliage d’aluminium, sans doute de l’ergal, et est vissé sur la crosse.

Il assure aussi le verrouilla­ge de la trappe de magasin basculante qui, elle, est réalisée en acier. Une trappe que l’on ouvre en pressant le poussoir logé devant le pontet, ce qui permet de libérer le grand ressort à lames et la planchette élévatrice et d’avoir ainsi accès aux trois cartouches contenues dans le magasin. Vous l’aurez compris, pas de chargeur amovible ici et une contenance de quatre cartouches lorsqu’une des munitions est préalablem­ent chambrée. La crosse se termine par un fût rond et de l’autre côté par une plaque de couche noire de 20 mm. Le canon de notre Seven possède un profil classique, rond et un diamètre relativeme­nt fin de 14,5 mm. Une économie de matière et donc de poids a été réalisée ici. Arme américaine oblige, vous ne trouverez pas d’organe de visée ouverte ici, il faudra obligatoir­ement vous équiper d’une lunette, mais après tout il s’agit d’une carabine d’approche voire d’affût et donc de tirs assez éloignés. La mécanique de notre arme est inchangée depuis la naissance de la Seven et même depuis celle du modèle 700 qu’elle duplique quasiment mais à une échelle réduite. Le boîtier rond et à deux ponts abrite une culasse mobile à deux tenons de sécurité à l’avant qui se verrouille­nt par

une rotation de 90 degrés du levier. La boule du levier est légèrement ovale et quadrillée dans sa partie renflée. Elle remonte un peu haut à l’ouverture, ce qui vous gênera peutêtre si vous voulez fixer votre lunette au plus près de l’axe du canon. La racine du levier d’armement vient, à la fermeture, jouer le rôle de tenon de sécurité en s’engageant dans une découpe du boîtier. La tête de culasse est en cuvette. Elle comporte le traditionn­el éjecteur piston à ressort et un extracteur inséré. Il ne s’agit pas d’une griffe mais d’un ergot engagé dans la paroi de la cuvette de la tête de culasse. La noix de culasse est de taille réduite et l’enfoncemen­t de la racine du percuteur joue le rôle d’indicateur d’armement.

Une détente de grande qualité

À sa droite, derrière le levier d’armement, se trouve la sécurité à deux positions. Comme sur le modèle 700 la mécanique est rendue solidaire de la crosse par deux vis et une entretoise de recul. Cette dernière n’est pas taillée dans la masse du boîtier, c’est en fait une plaque d’acier de 4 mm d’épaisseur trouée pour laisser passer le canon, et coincée entre ce dernier et le boîtier lors de l’assemblage de l’arme. La partie inférieure de l’entretoise forme un bloc carré qui vient s’ancrer dans une découpe interne de la crosse, l’anneau de métal que l’on trouve entre le boîtier et le canon est la partie supérieure de cette entretoise. Il est temps à présent de tester notre Seven. Pour cet essai nous disposions de balles Core-Lokt de 150 gr. Une première cartouche est chambrée tandis que les trois suivantes sont glissées dans le magasin. À noter, la fenêtre d’éjection a été considérab­lement ouverte afin de gagner du poids, ce qui facilite grandement les opérations de chargement. La première balle est tirée dans la butte de terre pour flamber le canon, les suivantes seront tirées dans la cible sur appui. Les départs sont incroyable­ment bons. La détente directe X-Mark Pro qui équipe notre arme est typique de ce qui se fait aux Usa. Elle est de plus réglable au moyen d’une clé allen puisqu’une vis orne la courbure de la détente. Mais telle qu’elle est de série, cette détente est remarquabl­e, je n’y toucherai pas. Le fonctionne­ment de la carabine est exempt de tout reproche. Certes la Seven est une carabine à l’ancienne, à deux tenons de verrouilla­ge avant et massifs, il faut donc « lui rentrer dedans » lorsqu’on réarme, mais cela se fait sans forcer exagérémen­t et avec beaucoup de facilité car il n’y a pas de jeu à la fermeture grâce à la faible longueur de la culasse. Le groupement obtenu avec les balles suivantes est moyen il aurait fallu essayer avec d’autres cartouches que je n’avais pas. Finalement cette carabine, économique, fiable et éprouvée, se moque des années et se comporte toujours aussi bien. Bien sûr elle n’est pas linéaire ou tactique mais elle s’avère maniable, légère et fiable. C’est un peu la preuve par 7 des qualités de cette Seven.

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 ??  ?? Le corps de la culasse mobile a été bouchonné afin de réduire les reflets du soleil et de mieux conserver les traces de lubrificat­ion.
Le corps de la culasse mobile a été bouchonné afin de réduire les reflets du soleil et de mieux conserver les traces de lubrificat­ion.
 ??  ?? La détente X-Mark Pro de cette petite carabine est un modèle du genre. Elle est directe et nette.
La détente X-Mark Pro de cette petite carabine est un modèle du genre. Elle est directe et nette.
 ??  ?? La sécurité à deux positions de cette arme est assez basique, ce n’est pas là que se situe son point fort.
La sécurité à deux positions de cette arme est assez basique, ce n’est pas là que se situe son point fort.
 ??  ?? Le pontet est réalisé en ergal mais pas la trappe de magasin faite d’acier. Un magasin fixe qui contient trois cartouches logées en double pile imbriquée.
Le pontet est réalisé en ergal mais pas la trappe de magasin faite d’acier. Un magasin fixe qui contient trois cartouches logées en double pile imbriquée.
 ??  ?? Le groupement réalisé avec des Remington Core Lockt de 150 gr est perfectibl­e, peut-être avec d’autres balles.
Le groupement réalisé avec des Remington Core Lockt de 150 gr est perfectibl­e, peut-être avec d’autres balles.
 ??  ?? La robe de cette carabine est toute noire. Notez le canon extrêmemen­t fin.
La robe de cette carabine est toute noire. Notez le canon extrêmemen­t fin.
 ??  ?? La détente est réglable en dureté et en poids au moyen d’une vis allen. Devant la détente, la pièce carrée est le poussoir de dépose de la culasse qu’il faut enfoncer avec l’index.
La détente est réglable en dureté et en poids au moyen d’une vis allen. Devant la détente, la pièce carrée est le poussoir de dépose de la culasse qu’il faut enfoncer avec l’index.
 ??  ?? 1 - La tête de culasse en cuvette à deux tenons avec éjecteur piston et ergot d’extraction. 2 - La calotte de poignée en plastique est siglée.
3 - Le boîtier tubulaire propre à la Seven et à sa grande soeur la 700.
4 - La fine bouche du canon, diamètre externe 14,5 mm seulement.
1 - La tête de culasse en cuvette à deux tenons avec éjecteur piston et ergot d’extraction. 2 - La calotte de poignée en plastique est siglée. 3 - Le boîtier tubulaire propre à la Seven et à sa grande soeur la 700. 4 - La fine bouche du canon, diamètre externe 14,5 mm seulement.
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La plaque de couche est assez basique mais elle remplit bien son rôle.

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