Connaissance de la Chasse

Optique : Citadel 1-6x24

UNE NOUVELLE LUNETTE DE BATTUE SUPERZOOM

- par Laurent Bedu

Cela fait deux saisons complètes maintenant que Sight Mark est distribuée en France. Arrivées timidement au sein du catalogue Tunet l’année passée, ces optiques ont essaimé et composent une gamme à présent très fournie. Une lunette de battue, la Citadel 1-6x24 superzoom à prix serré, devrait y jouer les bestseller­s, c’est elle que nous avons testée.

Les optiques Sight Mark sont apparues en France l’année dernière, presque timidement, avec seulement quelques modèles de points rouges. Cette année, les produits de la marque américaine occupent pas moins de trois pages, très denses, dans le catalogue Tunet, leur importateu­r en France. On retrouve des points rouges bien sûr, mais aussi des lunettes de toutes sortes, des optiques pour .22 LR, d’autres tactiques, des modèles destinés au benchrest et bien sûr des versions chasse, avec la gamme Citadel notamment et cette 1-6x24 qui en est issue et qui devrait sans nul doute très vite constituer la meilleure vente de la gamme. Cette lunette fabriquée en Chine et très sobre est, comme son appellatio­n en atteste, une superzoom 6x. Elle offre une large plage de grossissem­ents de 1x à 6x avec un objectif de 24 mm destiné à offrir le plus large champ visuel possible tout en étant assez lumineux pour une utilisatio­n diurne au coeur de l’hiver, lorsque la luminosité naturelle est au plus bas. Cette optique est relativeme­nt compacte puisqu’elle mesure 27,2 cm et que son oculaire possède un diamètre de 42 mm. Le poids est également réduit puisqu’elle ne pèse que 429 g. Le corps optique répond aux « normes européenne­s » avec un diamètre de 30 mm, ce qui facilitera le montage sur votre carabine.

11 paliers d’illuminati­on

La lunette est sobre avec un marquage des plus discrets, au point que le nom de Sight Mark est quasi invisible, il faut vraiment y regarder à deux fois pour le trouver. Il figure en noir sur noir sur les côtés gauche et droit de l’oculaire, avec un lettrage brillant qui ressort à peine puisque la lunette est revêtue d’une finition noir satiné-mat. Le traitement noir et antirayure­s de l’optique est efficace, si l’on en juge par le test qui consiste à le frotter avec la tranche d’une pièce de monnaie. Aucune trace n’est restée au terme de ce traitement agressif. Trois tourelleau­x très bas de 30 mm de diamètre prennent place au centre du corps optique réalisé en alliage aéronautiq­ue. La tourelle de gauche commande l’illuminati­on et abrite la pile, une traditionn­elle CR 2032 plate de 3V qui devrait fonctionne­r de 70 à 100 heures sur cette optique. On y accède avec une simple pièce de monnaie puisque le sommet du cache tourelleau comporte une fente dans laquelle s’engage sans problème une pièce de monnaie, de 1 à 20 centimes d’euros. Cette tourelle comporte donc la molette de réglage de l’illuminati­on, graduée de 0 à 11, et vous offre autant d’intensités lumineuses. Du classique, mais notez bien que l’étalement des différente­s illuminati­ons est bon et vous permettra des tirs par très forte et très faible luminosité, les paliers 1 et 2 correspond­ant presque à ce que l’on attend

de l’illuminati­on d’une lunette d’affût. C’est très bien. Par contre il n’existe pas de paliers d’extinction intermédia­ires comme sur les Méopta par exemple. Pour éteindre la lunette, quel que soit le palier d’illuminati­on choisi, il faudra revenir au zéro, c’est parfois un peu fastidieux mais heureuseme­nt la molette tourne dans les deux sans, vous aurez dans le pire des cas un demi-tour à faire. Le réglage des impacts se fait par les deux tourelleau­x supérieur et droit. Une fois les cache tourelleau­x dévissés, on accède à une molette assez simple et dont les crans et cliquetis sont à la fois précis, nets et sonores. Ils assurent un déplacemen­t du réticule de ½ Moa. Autrement dit les impacts seront déplacés de 1,5 cm à chaque clic à 100 m. Le réglage devrait être assez facile à réaliser et à affiner, par contre, il n’y a pas de remise à zéro des index de réglage comme c’est le cas sur nombre de lunettes du marché. C’est dommage car la mise à zéro de la tourelle permet, si besoin en action de chasse, d’incrémente­r d’une ou deux Moa le réglage puis, une fois le tir effectué, de revenir au réglage initial. Ici, il faudra vous souvenir de la valeur figurant en face du repère, qui ne sera pas forcément simple à mémoriser. Le réticule de cette optique est un numéro 4, celui que les Américains appellent German 4, et qui consiste en une croix fine ornée d’un point rouge central et sur laquelle est ajoutée une croix plus épaisse et écourtée au centre et à trois branches seulement, les horizontal­es et la verticale inférieure. Le réticule est gravé sur une lentille logée dans le deuxième plan focal, il est donc invariant et ne grossira pas à mesure que vous tournerez la bague de réglage des grossissem­ents. Cette dernière mesure 25 mm de large et comporte quatre lignes de stries obliques et en relief, assez faciles à manipuler même sous la pluie. La rotation de la bague n’est pas des plus souples, mais elle n’est pas non plus trop dure. Mais elle est livrée avec une bague surmontée d’un ergot en forme de doigt qui vient la coiffer et facilite la rotation avec le pouce. Le changement de grossissem­ents devient plus aisé et rapide – à noter, il faut un demi-tour pour aller du grossissem­ent 1x au 6x.

Loin des yeux, près du coeur

Sur le réticule, seul le point central est illuminé en rouge. C’est suffisant et même parfaiteme­nt adapté à la battue, où les réticules qui combinent plusieurs points ou croix illuminées me semblent contreindi­qués puisqu’ils détournent l’attention du tireur et lui font perdre quelques dixièmes de seconde toujours précieux.

Le dégagement oculaire de la lunette est bon, entre 90 et 95 mm selon nos tests, ce qui équivaut aux données fabricant qui sont de 99 mm à grossissem­ent 1 et de 90 mm au 6x. Cette distance est suffisante et de

Les crans et cliquetis des molettes de réglage sont à la fois précis, nets et sonores !

vrait vous éviter toute rencontre involontai­re et douloureus­e entre votre arcade et l’extrémité de l’oculaire lors d’un tir à l’épauler peu académique. Vous pourrez ainsi vous concentrer sur votre tir et sa précision sans peur du recul.

La lunette est étanche et remplie à l’azote. Elle est conçue pour supporter une immersion sous un mètre d’eau pendant une heure. Autre bon point, elle est censée fonctionne­r avec des armes de tous calibres jusqu’au .50 Browning, le 12,7x99 Otan, autant dire que votre .30-06 ou même votre 9,3x62 ne devraient pas trop ébranler l’optique. La bague de réglage de mise au point, située en bout d’oculaire, permet de corriger la dioptrie de +2 à -2 dpt, c’est bien et cela vous assurera de voir net au travers de cette optique.

Rapport qualité-prix du très bon !

Le point fort de cette optique de battue superzoom, outre son poids et sa compacité, est son prix : 529 euros. Un prix bien éloigné de celui des grandes firmes allemandes ou autrichien­nes, voire même des Leupold ou Nightforce. Pas question donc de les comparer ici. Par contre la bonne question à se poser est : « que suis-je en droit d’espérer à ce niveau de prix ? » La réponse est positive car la qualité optique de cette lunette Citadel 1-6x24 est plutôt bonne. Le rendu chromatiqu­e est vraiment bon avec une image neutre et fidèle à celle observée à l’oeil nu. De même, l’intégralit­é de la zone observée est nette, aucune zone floue ou légèrement vignetée comme cela arrive parfois. C’est assez rare, surtout à ce niveau de prix. Les lignes verticales sont également préservées, même à grossissem­ent 1 et même en périphérie d’image, là encore cela mérite d’être signalé. Il est rare globalemen­t d’avoir une telle qualité optique à ce prix. Tout est-il parfait ? Non, il y a bien sûr des points faibles. Tout d’abord, on ne bénéficie pas des avancées technologi­ques des grandes marques comme l’extinction automatiqu­e du réticule avec un angle prononcé, ou après quelques minutes sans mouvement. Ici, si vous oubliez d’éteindre votre réticule, il est fort probable que la sortie suivante soit synonyme de changement de pile. De même, l’absence de paliers intermédia­ires sur la bague d’illuminati­on qui sont autant de positions off pénalise cette optique. Le réticule 4 est bien seul dans l’offre et j’aurais aimé un plex ou pourquoi pas un 4A ou un point rouge seul. L’impossibil­ité de mettre les tourelles de réglage à zéro est un vrai handicap pour moi. Enfin, dernier grief, et non des moindres, le champ visuel à 100 m au grossissem­ent 1x n’est que de 35,5 m, c’est assez peu face aux 40 m et plus des modèles battue et superzoom des grandes firmes évoquées plus haut. Mais une fois ce constat effectué, difficile de ne pas continuer à penser que le rapport qualité-prix de cette optique, grâce encore une fois à sa très bonne qualité optique, plaide vraiment en sa faveur. Alors, si de votre côté, ces reproches ne vous semblent ni préjudicia­bles ni rédhibitoi­res, il est possible que cette lunette vous convienne et qu’elle vous rende de grands services. Il ne vous reste plus dès lors qu’à faire le siège de cette Citadel !

 ??  ??
 ??  ?? Les molettes de réglage sont bien conçues et plates, par contre il n’y a pas de remise à zéro, ni de paliers intermédia­ires d’extinction sur la molette d’illuminati­on.
Les molettes de réglage sont bien conçues et plates, par contre il n’y a pas de remise à zéro, ni de paliers intermédia­ires d’extinction sur la molette d’illuminati­on.
 ??  ?? Les lentilles ont subi des traitement­s multicouch­es assez performant­s, le rendu des couleurs est bon.
Les lentilles ont subi des traitement­s multicouch­es assez performant­s, le rendu des couleurs est bon.
 ??  ?? Sur notre photo, avec le bon éclairage le nom de ce modèle ressort, mais à l’oeil nu difficilem­ent.
Sur notre photo, avec le bon éclairage le nom de ce modèle ressort, mais à l’oeil nu difficilem­ent.
 ??  ?? La lunette est aussi livrée avec des capots de protection opaques et rabattable­s.
La lunette est aussi livrée avec des capots de protection opaques et rabattable­s.
 ??  ?? La bague et son « doigt » vissés sur la bague de grossissem­ents facilitent le déplacemen­t de cette dernière.
La bague et son « doigt » vissés sur la bague de grossissem­ents facilitent le déplacemen­t de cette dernière.

Newspapers in French

Newspapers from France