Un ordinateur
Le 1er octobre dernier, la NOJG et le KNJV, deux des plus grandes fédérations de chasseurs et de tireurs en Hollande, ont informé leurs membres que le gouvernement néerlandais avait officiellement mis en oeuvre le processus de filtrage électronique (E-screener) dans le cadre de la possession d’armes à feu pour la chasse et le tir. En clair, il s’agit d’un programme informatique, qui va être utilisé pour déterminer si telle ou telle personne peut encore détenir ses armes ou en acquérir une. Dorénavant et chaque année, les chasseurs néerlandais et les tireurs sportifs ou quiconque est propriétaire d’une arme à feu ou souhaite le devenir aux Pays-Bas, devront répondre à un questionnaire par informatique dans un lieu qui reste à définir mais dans lequel chacun devra se rendre à ses frais et quelle que soit la distance. Ni la nature des questions, ni les algorithmes qui régissent les paramètres qualifiants ou non-qualifiants ne sont préalablement partagés avec la personne interrogée dont il s’agit de dresser un portraitrobot psychologique.
Les réponses seront sauvegardées et partagées avec les autorités néerlandaises. Après avoir passé le test, le candidat sera convoqué par la police afin de vérifier auprès de ces mêmes autorités s’il est habilité à devenir propriétaire ou à conserver une arme à feu. La police néerlandaise n’aura pas à justifier d’un éventuel refus, puisque la réponse émane de l’ordinateur. Dans l’esprit des premiers chasseurs néerlandais interrogés, cela laisse fatalement la place à l’arbitraire et ils regrettent la non-transparence, voire l’opacité totale de ce système et l’absence de raisons justifiant un avis négatif ou positif. Le candidat à l’achat d’une arme devra de plus débourser la somme de
54 euros.
Lorsque la NOJG a demandé pourquoi le processus de filtrage électronique était mis en oeuvre, les autorités néerlandaises ont affirmé que ce test était le résultat naturel de la fusillade de 2011 à Alphen aan de Rijn. Une personne mentalement instable, mais autorisée à posséder des armes à feu, avait alors tué six personnes. L’enquête qui a suivi ce drame a révélé que la police néerlandaise avait été prévenue par la famille du jeune homme et son club de tir de son inaptitude à détenir légalement une arme à feu, mais n’en avait pas tenu compte. Les tribunaux néerlandais ont d’ailleurs par la suite condamné la police néerlandaise pour négligence grave et ont rendu l’État responsable de ses actes. Malgré tout aujourd’hui, dans un pays où la possession légale d’armes à feu faisait déjà l’objet de mesures extrêmement strictes, avec des contrôles effectués chaque année,
54 000 citoyens respectueux de la loi vont être obligés de se conformer à une procédure supplémentaire qui ressemble bien à une atteinte à la vie privée. Une fois encore il nous faudra être vigilants pour éviter qu’au nom de l’uniformisation européenne, on ne cherche pas à imposer aux chasseurs français un tel programme.