Grand gibier
Technicien forestier territorial au sein de l’Onf, Philippe Lequeux gère notamment le plan de chasse sur les
5 000 ha de forêt domaniale de la Coubre. « La conduite des jeunes peuplements et la bonne exploitation de ce massif forestier nous imposent de maîtriser la régulation des populations de grands gibiers de plus en plus confinées. » Le sanglier et le chevreuil sont réapparus avec la forêt. Le cerf, lui, en était absent depuis de nombreux siècles et fut réintroduit dans les années soixante à l’initiative du monde de la chasse. La récolte se faisait bon an mal an jusqu’à l’instauration du plan de chasse, qui contribua à la première phase d’augmentation des effectifs de grands gibiers.
Les tempêtes de 1999 ont eu notamment pour effet de coucher 15 années de récolte de bois en une nuit. Parallèlement, les parcelles sinistrées se sont vite rebouchées avec des recrues de genêts, créant un milieu favorable associé à la généralisation d’un suragrainage. L’abondance de gibiers semblait profiter à tous, aux chasseurs, mais aussi aux comptes d’exploitation de la forêt, qui ne pouvaient espérer des rentrées sylvicoles. Résultat, de 22 grands cervidés prélevés en 1995 dans le massif, on passait à 119 en 2014. La même année, 685 sangliers étaient prélevés contre 105 en 1995. « On a été trop loin », estime Philippe Lequeux, dont les nouvelles orientations entreprises depuis ont réduit les prélèvements. « Les cervidés commettent de gros dégâts sur la régénération. Quant aux sangliers, dont on vante le rôle dans l’écosystème forestier, le constat est le même. Lorsqu’il est en surnombre et dans un milieu confiné comme ici, cet animal fouisseur vous retourne des parcelles entières de régénération dénuée de plantules de chênes comme de pins. Nous sommes montés à 4,5 grands cervidés/100 ha, alors que cette forêt peut accueillir 1,5 à 2 grands cervidés/100 ha. »
Qu’espérer de la trentaine de panneaux disposés au matin par les chasseurs et qui n’invitent qu’à la prudence, sans dissuader réellement la pénétration dans les enceintes de chasse ? Autant demander à des marathoniens de courir au milieu des voitures. Sur de tels territoires soumis à un tourisme effréné, l’on peut se poser la question : combien de temps la chasse y sera-t-elle possible ?