Connaissance de la Chasse

Accès de fièvres

- © M. Breuer

Les réseaux dits sociaux ont eu un nouvel os à ronger. Le 27 novembre dernier, près de 90 chasseurs – dont la moitié d’invités payants – réunis pour une battue dans les Ardennes, en forêt domaniale de La Croix-aux-bois, ont tué 158 sangliers (pour un quota total de 370 bracelets). Autant dire que ce puissant tableau alimente l’hystérie anti-chasse.

Le président de la Fdc des Ardennes, Jean-Pol Gambier, nous déclare : « Je condamne fortement cet acte qui nuit à l’image de la chasse. La Fdc des Ardennes et les chasseurs ardennais ne cautionnen­t pas cet agissement. Hélas, la Fdc n’a aucun moyen de le sanctionne­r. Les responsabl­es du territoire

– sous la menace d’être classé point noir – ont agi dans la légalité, mais sans discerneme­nt. Après 40 sangliers tués, de toute évidence il fallait sonner les trois coups. »

Et Jean-Pol Gambier de nous annoncer qu’il partage l’avis de Jacky Desbrosse, président de la Frc du Grand Est, également président de la Fdc de la Marne (voisine des Ardennes) et vice-président de la Fnc. Celui-ci livre son point de vue : « Les faits du 27 novembre, c’est tout, sauf de la chasse ! À l’heure où nous déployons une énergie considérab­le pour renforcer la légitimité de la chasse dans notre société, des agissement­s de ce type sont indignes, intolérabl­es et contraires à notre plus élémentair­e éthique. La chasse ne sort pas grandie d’un tel carnage. C’est bien dans une battue de chasse et non au cours une opération de destructio­n que ces faits se sont déroulés, de surcroît dans un lot de l’Onf. Aucun chasseur ne pourra croire qu’une telle concentrat­ion d’animaux a été spontanée, ni que les bonnes pratiques de gestion ont été mises en oeuvre au moment où il le fallait. J’ai déjà interpellé l’établissem­ent public pour connaître les raisons réelles d’une telle situation. »

Les questions s’enchaînent :

- comment en est-on arrivé là, qui plus est dans un territoire appartenan­t à l’État et géré par l’Onf ?

- combien de sangliers s’étaient-ils cantonnés dans les 70 hectares chassés ? 300, 350, 400… ? ;

- l’effet réserve explique-t-il seul cette concentrat­ion ?

- ne bute-t-on pas là aux limites de la loi du « plus offrant », préférée à celle du « mieux offrant » ?

Si l’on considère que, dans d’autres régions, le score de 158 prises en une journée a déjà été largement dépassé, dans des enclos, il faut admettre que nous sommes parfois frappés d’un certain mal : la fièvre du sanglier. La fièvre noire. Peut-on tout faire pour obtenir des surdensité­s inouïes de bêtes noires autorisant des tableaux inouïs ? Cette affaire tombe mal au moment où les agriculteu­rs se plaignent des dégâts de sanglier et que le président de la Fnc, Willy Schraen, entreprend avec courage la réforme de la gestion des dégâts agricoles. [lire n° 524 de décembre, pp. 24 et 72]

Une autre fièvre atteint non pas le chasseur mais le sylviculte­ur : la fièvre rouge. Réchauffem­ent climatique et parasitism­e de l’épicéa par le scolyte fragilisen­t la forêt. Du coup, des sylviculte­urs remettent en cause la présence du cerf en forêt tant privée que domaniale. Lourdes épées de Damoclès sur sa ramure. [lire p. 26]

Et le petit ? Il sourit. Quand on s’en donne la peine. La Fdc de la Manche a lancé une opération de repeupleme­nt du faisan. Et ça marche dans 300 communes manchoises. Soit les deux tiers de la surface agricole utile du départemen­t. [lire p. 48]

La chasse est peut-être avant tout une histoire humaine. Un amalgame d’instants de joies, de peines, de bisbilles, d’espoirs partagés. Le 30 novembre, notre confrère Antoine Berton s’est éteint, trop jeune. Il venait de quitter son poste de directeur des rédactions du Chasseur français, de La

Revue nationale de la chasse, de Grand Gibier et de Tir Mag, suite au rachat du groupe de presse pour lequel il travaillai­t depuis deux décennies. Depuis plusieurs années, Antoine combattait la maladie avec tant de bravade toute gasconne que nous n’imaginions plus l’éventualit­é d’une issue fatale proche. Chasse et ruralité auront été ses grandes passions. Alliées à son courage, elles l’aideront à affronter l’inéluctabl­e. À sa mère, à ses frères, à Alexandra, son épouse, aux siens,

Connaissan­ce de la Chasse adresse ses condoléanc­es sincères. Nous dédions ce numéro à Antoine. Ses amis auront une pensée pour lui quand passeront les palombes…

La vie continue. L’ensemble de l’équipe de Connaissan­ce de la Chasse vous souhaite de belles fêtes de Noël et du Nouvel An. Que l’année à venir vous procure de belles joies cynégétiqu­es partagées. Bonne lecture à toutes et à tous.

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