Bonnes lectures
Émilie Lanez
S’agit-il là d’un conte, d’une fable ? Non. La journaliste Émilie Lanez signe un récit réel rappelant que souvent la chasse croisa l’histoire politique, et qu’elle la croise de nouveau en ce début du XXIe siècle. À quelques jours de son 40e anniversaire, Emmanuel Macron et les siens se rendent à Chambord pour un Noël anticipé. Au programme : dîner dans une salle du château, pièce de théâtre et divertissements, balade en calèche dans le parc (le tout payé sur cagnotte personnelle) et… tableau de chasse. Un jeune président investit le domaine et le château d’un jeune roi ambitieux ; l’image est forcément symbolique, et choisie comme telle. Mais « qu’est donc venu chercher à Chambord, en famille, le jeune président de la République Emmanuel Macron ? », s’interroge l’auteur. Faisant appel à Brantôme, l’auteur établit un parallèle saisissant entre les deux chefs.
En assistant au tableau de la battue du 15 décembre 2017 à Chambord, le président de la République donne son onction à l’activité cynégétique, et renoue ainsi avec la tradition que perpétuèrent rois, empereurs et présidents, jusqu’à Valéry Giscard d’Estaing. De la sorte, Emmanuel Macron s’affranchit du politiquement correct, et indique l’étendue de sa liberté. L’investissement politique ne peut être écarté. C’est Claude Bartolone, ancien président de l’Assemblée nationale, chasseur, ayant la passion du domaine, qui a soufflé l’idée. Deux autres chasseurs partageant le même attrait chambourdin, et macronistes proches, valident : François Patriat, sénateur de la Côte-d’Or, et Thierry Coste, lobbyiste de la Fnc.
Fascinée par cet univers, séduite – de façon trop manifeste ? – par les principaux acteurs de ce récit, Émilie Lanez signe néanmoins une passionnante chronique au sens originel. L’observation toute braconnière, au sein d’un territoire de chasse et de pouvoir inouï, de la vie des grands fauves que sont également Gérard Larcher, François Baroin, Willy Schraen, etc. Entre les arbres, des silhouettes apparaissent. Celles d’Alexandre Benalla, de Nicolas Hulot, des Gilets jaunes. Et celles arborant des gilets orange.