Danielle Chenavier, présidente de la Fdc de l’Isère
Élue présidente de la Fdc de l’Isère en 2019, Danielle Chenavier est la seconde femme à occuper une telle fonction. Rencontre avec une femme de terrain, bécassière et amatrice d’épagneul breton. RENDEZ-VOUS AVEC DANIELLE CHENAVIER
Comment êtes-vous venue à la chasse ?
Danielle Chenavier : Je ne suis pas venue à la chasse, la chasse est venue vers moi. Aînée d’une famille de cinq, j’ai vécu mon enfance dans une ferme. Mon père n’était pas chasseur, mais toute petite je l’accompagnais lors des travaux aux champs. Je ressentais déjà cet appel de la nature, qui s’est concrétisé lorsque j’ai rencontré ma bellefamille. Tous chasseurs. Des gens simples, sincères, avec une connaissance de la terre dans ce qu’elle a de plus authentique. Impressionnée, j’ai voulu partager avec eux.
Quelle chasseresse êtes-vous ?
Curieuse de toutes les chasses, j’aime rencontrer les gens qui les pratiquent avec passion et
science. Personnellement je chasse la plume avec mon épagneul breton. Ma préférence ? La bécasse, avec qui mes rendez-vous sont toujours un évènement magique. Je pratique aussi la chasse du grand gibier avec l’équipe de mon village ou lors d’invitations. Musicienne, j’adore le concert de nos merveilleux beagles lors de leurs menées.
Que vous ont apporté les pratiques cynégétiques ?
Il y a chasse et pratiques de chasse. La chasse me permet de me ressourcer dans ce qu’il y a de plus fondamental dans mon humanité. Je ne suis pas dans la nature, je suis la nature. Les pratiques, très différentes les unes des autres, m’aident à comprendre qui sont ces femmes et ces hommes
qui chassent car, davantage que le gibier qu’ils poursuivent, ce sont eux qui m’intéressent.
Quel est votre parcours, de l’Acca à la Fdc ?
Je me suis toujours investie dans de nombreux domaines associatifs. Je chasse depuis 46 ans, et suis présidente de mon Acca depuis 1998. Mais j’ai vite compris que si son organisation et sa responsabilité incombaient au président, les débats et décisions se prenaient ailleurs. D’où mon poste d’administrateur de la Fdc de l’Isère en 2010. J’étais alors trésorière et j’avais pris très à coeur la mise en place de la déclinaison iséroise de la réforme financière initiée par la Fnc. Devenir présidente de la Fdc 38 ne m’avait jamais effleuré. Les circonstances ont fait que mes collègues
administrateurs m’ont tous plébiscitée. Je tiens d’ailleurs à remercier mon prédécesseur, Jean-Louis Dufresne, qui m’a initiée à ma nouvelle fonction.
Quels sont les atouts et inconvénients à être une femme dans un monde plutôt masculin ?
Les femmes investissent tous les secteurs de la société, et je m’en réjouis. Il est faux de dire que les chasseurs sont machos. J’ai toujours été très bien accueillie au sein des groupes. La performance est parfois exigée, au départ, pour être reconnue, mais bien vite le lien se crée. Avec intelligence et humour, tout le monde y gagne. Problème souvent résiduel, les différends qui opposent les hommes entre eux. Une chose est sûre, la mixité amène plus de sérénité dans les équipes. Quant à la Fdc38, je crois que les autres administrateurs ont fini par oublier que j’étais une femme, quand il s’agit de traiter les affaires fédérales. J’aime travailler en équipe et je cherche à obtenir le meilleur de chacun au service de la mission qui est la nôtre. Les salariés,
eux aussi, me connaissent de longue date. La confiance s’est instaurée, et je suis admirative de leur motivation et de leurs compétences.
Et face à nos opposants anti-chasse ?
Sur le fond ça ne change rien, car les débats sont souvent verrouillés par des postures idéologiques. Sur la forme, certains clichés qu’on nous oppose habituellement, tel celui de la brute avinée, tombent d’eux-mêmes devant la femme civilisée que je suis. L’occasion alors de développer certains arguments qui passeraient moins bien dans une bouche masculine. Mais ceci reste subjectif et vite dépassé par le contenu du débat.
Demain la chasse… Notre effectif est vieillissant, le nombre de jeunes permis ne compensant pas les pertes. Le lien entre les jeunes et les générations qui chassaient a été rompu. Comment le recréer ? Comment les inciter à quitter leur écran pour goûter une nature qu’ils ne savent plus « lire » ? Les femmes n’auraient-elles pas un rôle à jouer ?