Connaissance de la Chasse

Art animalier : Étienne Van den Driessche, un drôle d’artnimal

En septembre dernier, Étienne Van den Driessche fêtait ses 40 ans d’art animalier dans son atelier versaillai­s. Nous sommes allés lui rendre visite.

- par Sébastien Foy

Ceux qui imaginaien­t l’atelier d’Étienne Van den Driessche près de la nature en seront pour leurs frais : on le trouve en ville, au fond d’une petite impasse, à Versailles. « C’est vrai, je ne vois pas la nature par la fenêtre de mon atelier, mais je l’ai tellement observée qu’elle est dans ma tête », dit-il en m’accueillan­t.

De l’observatio­n, il va me falloir en faire preuve dans l’atelier d’Étienne tant les oeuvres foisonnent. L’endroit n’est pas grand, mais chaleureux. À droite, surtout des tableaux. Colverts, sangliers, bécasses, autant de sujets « usuels » qu’on retrouve dans nos forêts et qu’Étienne croque sur le vif dans la sienne – tout de même pas si lointaine. À côté, cerfs et chevreuils côtoient paisibleme­nt lions, zèbres et autres éléphants. Voire, l’antilope côtoie le lion dans le même tableau, mais lui échappe parce qu’« invisible » : « Mes animaux ont parfois l’air incomplets, ont comme des vides. Mais les parties manquantes dessinent un autre animal en creux.

C’est un jeu de double sens, que l’observateu­r doit combler. » Plus loin, sur le rebord de l’unique fenêtre, au centre de l’atelier, trône une pile de livres. Tous ceux auxquels Étienne a contribué en assurant les illustrati­ons… ou les textes. Ses préférés sont ceux sur l’Afrique. Il s’en saisit, puis le regard semble se perdre dans le lointain, là-bas, en Centrafriq­ue où il a passé deux ans en tant que guide animalier au milieu des années quatre-vingt. Il assure que l’Afrique l’a changé : « Il y a l’Étienne d’avant l’Afrique, et l’Étienne d’après. » Le continent noir lui aura fait faire l’ascenseur émotionnel. De mauvais souvenirs

– « J’ai vu là-bas des éléphants en feu, victimes du braconnage » –, mais aussi de très bons, dans le cadre de ses «Palette Safari», lors desquelles il approchera au plus près la faune et la nature, mais aussi les hommes et les peuples qui y vivent – « Je me suis retrouvé à dessiner à la lueur du crépuscule, entouré de touaregs dont certains avaient fait 150 kilomètres à dos de chameau juste pour me voir ! » Sur le mur gauche de l’atelier, plus de peintures mais ses « Animalisme­s », motvalise contractio­n des mots « animal » et « minimalism­e ». Car Étienne est un touche-à-tout qui ne s’interdit aucune technique et ne se « contente » pas du crayon et du pinceau, mais s’est également aventuré dans la troisième dimension. Le principe: le dessin, ramené à un trait, une ligne, surgit de la feuille pour prendre une forme tangible. Évidemment, le sujet n’est pas fouillé mais simplifié. « Faire simple, mais pas simpliste, c’est très compliqué. » Une esquisse, presque une ébauche, et une perdrix s’envole. Mais toujours, la sculpture naît du dessin : « Et avant de donner le moindre coup de crayon, je dessine le sujet, ses contours, dans ma tête. Ma tête, c’est un petit atelier ! » L’observatio­n, le maître mot d’Étienne, on en revient toujours là. En fin de compte, l’atelier d’Étienne Van den Driessche lui ressemble : des tableaux, des sculptures, certains récents, d’autres moins, mais au milieu, l’Afrique. Celle qui partage « l’Étienne d’avant et l’Étienne d’aujourd’hui ». « Parfois, on me demande pourquoi je ne refais pas du Van den Driessche comme il y a trente ou trente-cinq ans. Je le pourrais, mais je ne crois pas que je le voudrais, je ne suis plus le même homme qu’il y a quarante ans. » Certes, en quarante ans d’« artnimalie­r », l’homme a changé, et les envies ne sont plus les mêmes. Pourtant, il y a bien une chose qu’il referait volontiers : « Si j’en avais l’occasion, je referais des livres… » L’invitation est lancée !

« Faire simple, mais pas simpliste, c’est très compliqué. »

 ??  ?? « L’oreille des bois », un Animalisme en métal, devant « Le Maître de place », acrylique sur toile (100x100 cm). Avez-vous retrouvé tous les cerfs ?
« L’oreille des bois », un Animalisme en métal, devant « Le Maître de place », acrylique sur toile (100x100 cm). Avez-vous retrouvé tous les cerfs ?
 ??  ?? Une partie des Animalisme­s d’Étienne. Les accoudoirs du fauteuil (à g.) en sont inspirés, un projet en cours.
Une partie des Animalisme­s d’Étienne. Les accoudoirs du fauteuil (à g.) en sont inspirés, un projet en cours.
 ??  ?? Peintures, sculptures, trophées même ! L’atelier d’Étienne est une vraie caverne d’Ali Baba.
Peintures, sculptures, trophées même ! L’atelier d’Étienne est une vraie caverne d’Ali Baba.

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